Roger Caillois
(1913-1978)
Dossier
Bibliographie
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La pr茅sente bibliographie, en cours d'茅laboration, est organis茅e par genre (essais, correspondances et entretiens) et par ordre chronologique de publication 脿 l'int茅rieur de cette premi猫re classification. L'oeuvre de Caillois, ce dernier 茅tant davantage reconnu pour son r么le de critique litt茅raire que pour sa pratique de romancier (il est l'auteur d'un seul roman,聽Ponce Pilate, paru chez Gallimard en 1961), est prolifique, 茅parse et embrasse le domaine des sciences humaines au sens large. Nous n'avons retenu ici que les textes qui traitent, ponctuellement ou enti猫rement, de la question du roman d'un point de vue esth茅tique, moral ou sociologique. |
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Essais : Puissance du roman, Buenos Aires, Trident, 1945. [Puissance du roman, Marseille, Sagittaire, 1942. Cases d'un 茅chiquier, Paris, Gallimard, 1970. Approches de l'imaginaire, Paris, Gallimard (Biblioth猫que des sciences humaines), 1974. Babel, pr茅c茅d茅 de聽Vocabulaire esth茅tique, Paris, Gallimard (Id茅es), 1978. Correspondances : Correspondance Jean Paulhan - Roger Caillois (1934 - 1967), 茅dition 茅tablie et annot茅e par Odile Felgine et Claude-Pierre Perez avec le concours de Jacqueline Paulhan, pr茅face de Laurent Jenny, Paris, Gallimard (Cahiers Jean Paulhan), 1991. Saint-John Perse. Correspondance avec Roger Caillois (1942-1975), textes r茅unis et pr茅sent茅s par Jo毛lle Gardes-Tamine, Paris, Gallimard (Cahiers Saint-John Perse), 1996. Correspondance Roger Caillois - Victoria Ocampo (1939 - 1978), lettres rassembl茅es et pr茅sent茅es par Odile Felgine avec la collaboration de Laura Ayerza de Castilho, Paris, Stock, 1997. Entretiens : Worms, Jeannine,聽Entretiens avec Roger Caillois, Paris, La Diff茅rence (Mobile mati猫re), 1991. |
Citations
| Puissance du roman, Buenos Aires, Trident, 1945. [Puissance du roman, Marseille, Sagittaire, 1942.] |
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| [Extrait de l'芦 Avertissement 禄]: 芦 Cet ouvrage est et n'est rien d'autre qu'une 茅tude sociologique. Il est donc clair que sa nature m锚me le condamne 脿 n'envisager la r茅alit茅 que pas ensembles : c'est pourquoi la chronologie n'est jamais respect茅e, mais seulement par tranches. De la m锚me fa莽on l'oeuvre d'un auteur se trouve plac茅e moins volontiers au moment pr茅cis de sa publication qu'脿 celui de sa grande influence. Semblablement, les rapports 茅tablis entre les diff茅rentes classes sociales et les divers niveaux de la litt茅rature ne valent que statistiquement et souffrent, il va sans dire, toutes les exceptions particuli猫res. Il est plus important de souligner que cette 茅tude, se bornant 脿 examiner le r么le du roman dans la soci茅t茅, devait 茅carter toute consid茅ration esth茅tique et morale. Qu'on ne s'茅tonne donc pas de voir le feuilleton et le chef-d'oeuvre mis sur un m锚me plan et 茅galement utilis茅s pour la d茅monstration : chacun, dans son domaine, est important. Reconna卯tre ce fait ne suppose aucune appr茅ciation litt茅raire de la valeur de l'un ou de l'autre. D'autre part, l'adjectif 芦 romanesque 禄 se r茅f猫re seulement au contenu d'un roman quel qu'il soit : il n'entra卯ne aucune autre qualification et en particulier ne doit aucunement 茅voquer cette aur茅ole de sentimentalit茅 un peu na茂ve ou de r锚verie un peu vaine que le langage courant lui accorde, quand il fait dire par exemple d'une jeune fille qu'elle est romanesque. Dans cet ouvrage, il est purement et simplement l'adjectif d茅riv茅 de roman. De la m锚me mani猫re, les termes de 芦 dissolution 禄 ou de 芦 coh茅sion 禄, de 芦 rel芒chement 禄 ou de 芦 r茅g茅n茅ration 禄 et ceux qui leur ressemblent, n'impliquent aucun jugement moral. Leur sens est exclusivement sociologique et ne fait allusion qu'脿 la forme de la soci茅t茅, c'est-脿-dire 脿 la plus ou moins grande emprise qu'elle maintient sur l'individu, au plus ou moins grand accord qui se laisse constater entre la conscience individuelle et la conscience collective. C'est un fait que cet accord varie : ce travail essaie seulement de d茅terminer les rapports qu'il semble possible d'茅tablir entre ces variations d'une part, la naissance, le d茅veloppement, la possible disparition du roman de l'autre. Enfin, l'ouvrage ne traite d'une fa莽on pr茅cise que de la situation et du r么le de la litt茅rature romanesque dans le monde occidental moderne. (C'est notamment ce qui explique le sort fait au roman policier qui s'y trouve si r茅pandu et qui en para卯t si caract茅ristique). Les conclusions de cet essai ne sauraient donc valoir sans une minutieuse adaptation pr茅alable pour les autres cycles de civilisation, m锚me si, dans leurs grandes lignes, elles paraissent pouvoir s'appliquer 脿 tous. 禄 (p. 7-9) 芦 Il semble qu'脿 toutes les 茅poques, un genre litt茅raire bien d茅fini poss猫de sur les autres une supr茅matie manifeste. C'est 脿 croire que chacun d'eux convient sp茅cialement 脿 une phase particuli猫re du d茅veloppement des soci茅t茅s. Leur succession m锚me semble se r茅p茅ter sans trop de variantes et la litt茅rature, dans le monde antique comme dans les temps modernes, para卯t na卯tre chaque fois avec l'茅pop茅e, franchir les m锚mes 茅tapes dans un m锚me ordre et aboutir enfin au roman. Celui-ci, dans ces conditions, inqui猫te et promet tout ensemble. On est tent茅 de reconna卯tre en lui un sympt么me d'agonie, mais aussi une annonce de transformation et de renaissance. 禄 (p. 13) 芦 Qu'est-ce que le roman ? Comment et en quel sens agit-il ? [鈥 Depuis plus de deux si猫cles, la place du roman dans la litt茅rature ne cesse de s'茅tendre d'une mani猫re quasi mena莽ante. [鈥 D猫s l'abord (et l'examen confirme l'impression premi猫re), dans une litt茅rature qui se cherche aveugl茅ment toute sorte d'alibis, d'excuses et de stratag猫mes, dans une litt茅rature tr猫s peu s没re de ses m茅rites et toute pr锚te 脿 recourir au tour de force, il para卯t le seul genre triomphant et dou茅 de vie, en pleine efflorescence. Des 茅coles litt茅raires se succ猫dent rapidement, les unes s'茅puisant d'un coup, les autres n茅es lasses et prolongeant trop longtemps une existence qui fut toujours moribonde. Depuis le symbolisme les autres genres s'essaient aux plus vaines aventures, tentent les plus p茅rilleuses explorations et prennent bient么t le go没t de l'exploration pour elle-m锚me. [鈥 Aucune oeuvre n'茅merge de cette turbulence de principe. Le contraste avec le roman est saisissant, car lui, sans grand souci th茅orique, se permet toutes les licences, essaie toutes les audaces, accro卯t toujours davantage son domaine et ses ambitions. On dirait qu'il s'enrichit naturellement de tout ce que les autres arts perdent ou d茅daignent, abandonnent ou g芒chent. Presque sans conscience, na茂vement, mais avec s茅curit茅, il annexe peu 脿 peu les genres qui autrefois se partageaient les lettres : 茅pop茅e, satyre ou pamphlet. Il h茅rite de leur mani猫re, de leur nature, de leur esprit. La litt茅rature, semble-t-il, ne lui suffit plus : il s'empare des sciences. Il m茅prise de s'en tenir 脿 la fiction, il entreprend la description du r茅el, et bient么t son explication, ou plut么t son d茅veloppement. Je veux dire qu'il s'efforce de le repr茅senter sous tous ses aspects, en mettant en lumi猫re son architecture, ses connexions, ses ressorts. 脌 cette fin, il mobilise les diff茅rents apports des diverses disciplines. Il ne recule pas devant les grossissements n茅cessaires, les analyses indispensables, les dissections appropri茅es, les synth猫ses utiles, les hypoth猫ses convenables et tous les proc茅d茅s enfin de l'amphith茅芒tre ou du laboratoire. Et comme certains romans semblent des po猫mes, d'autres paraissent des manuels. 禄 (p. 14-16) 芦 Le romancier entreprend v茅ritablement de faire de l'histoire, de la psychologie, de la sociologie et la plupart des sciences de l'homme lui doivent beaucoup, car ses efforts souvent furent fructueux. [鈥 De fait, ces ouvrages ne sont nullement des documents. Ce sont bel et bien des oeuvres d'imagination compos茅es non pour plaire ou pour divertir, mais pour enseigner, pour faire comprendre ou faire sentir, plus largement pour instruire la conscience de mille ph茅nom猫nes qui lui 茅chappent pour n'锚tre pas 脿 l'茅chelle de sa vision normale, trop petits pour qu'elle les discerne, trop 茅tendus pour qu'elle les embrasse. 禄 (p. 16) 芦 Mais le roman ne pr茅tend pas seulement ramasser dans une oeuvre de longue haleine l'esprit d'un temps ou les traits remarquables de l'av猫nement ou de la d茅cadence d'une civilisation. Comme il se juge capable de pr茅senter ces visions exhaustives d'un 茅tat ou d'un devenir qui constituent l'ambition supr锚me de la recherche historique et qui couronnent son effort, de m锚me il entend fournir 脿 celle-ci comme 脿 la psychologie la mati猫re premi猫re, le t茅moignage dont elle a besoin, le document sur lequel elle s'appuie au d茅part. L'茅crivain se borne alors 脿 rapporter ce qu'il 茅prouve ou v茅cut. Il ne met en sc猫ne d'autres personnage que lui-m锚me et s'attache 脿 ne pas se flatter ni d茅former. Il n'analyse que ses passions, ne raconte que ses exp茅riences, ne fait part que de ses souvenirs. Voyageur, il narre ses voyages ; amant, ses amours ; journaliste, ses enqu锚tes ; surr茅aliste, ses r锚ves et ses d茅boires ; et s'il ne sait ni agir, ni sentir, il expose le vide m锚me de sa vie et de son 芒me. Qui plus est, romancier, il fait au besoin l'histoire de la composition de ses romans qui sont 脿 leur tour l'histoire de sa vie. La curiosit茅 constitue l'app芒t principal de cette litt茅rature qui va du grand reportage, du r茅cit historique, de la chose vue, de la relation de faits-divers, o霉 l'objectivit茅 la plus s茅v猫re est requise, aux confessions, aux correspondances, aux m茅moires, aux journaux intimes o霉 on attend davantage la peinture des r茅actions personnelles et, de plus en plus, la confidence de l'inavouable. On d茅bute dans la litt茅rature par une autobiographie et les romans qui viennent ensuite n'en sont que les mises 脿 jour successives. 禄 (p. 18-19) 芦 Le roman n'a pas de r猫gles. Tout lui est permis. Aucun art po茅tique ne le mentionne ni ne lui dicte de lois. Il cro卯t comme une herbe folle dans un terrain vague. Aussi, quand tous les genres litt茅raires voient leur vari茅t茅 restreinte par leur nature m锚me, de telle fa莽on qu'ils ne peuvent trop se modifier sans perdre jusqu'脿 leur apparence et leur nom, la nature du roman l'incite au contraire 脿 s'engager dans des voies toujours neuves, 脿 se transformer sans cesse, se dilatant ou se resserrant, docile en toute chose au caprice de l'茅crivain. Celui-ci, pourvu qu'il raconte, peut varier 脿 l'infini la fa莽on de raconter et essayer des plus 茅tranges artifices. 禄 (p. 27) 芦 C'est qu'il participe 脿 un autre ordre de r茅alit茅 [qu'on peut rapprocher du] [鈥 cin茅ma. Comme le roman, le cin茅ma poss猫de toutes les libert茅s et en use ; et comme lui s'adresse 脿 un public qui, dans son ensemble, n'est gu猫re friand d'茅motions esth茅tiques et qui, dans le meilleur des cas, ne les go没te que par surcro卯t, quand on les lui offre : il faut qu'autre chose les fasse passer. 禄 (p. 29) 芦 Mais cette foule 茅tendue qui n'aspire 脿 la contemplation d'aucune forme durable et pure, qu'attend-elle donc des histoires imprim茅es ou projet茅es dont elle se montre avide au point parfois de ne pouvoir en rester priv茅e, comme il arrive avec les drogues ? La r茅ponse ne se fait pas attendre. Cette multitude composite, de tout 芒ge, de toute profession, de toute classe, veut avoir acc猫s, f没t-ce illusoirement, 脿 une autre vie que la sienne. Elle veut participer 脿 la passion et 脿 l'aventure. La soci茅t茅 lui demande de gagner sa vie ou de l'occuper sans trop 茅veiller l'attention et sans franchir les limites que les convenances et les lois imposent 脿 l'ambition et au plaisir. 禄 (p. 29) 芦 Il n'y a qu'un seul sujet de roman : l'existence de l'homme dans la cit茅 et la conscience qu'il prend des servitudes entra卯n茅es par le caract猫re social de cette existence. La nature et la port茅e d'un roman d茅pendent alors des rapports qu'il institue entre l'auteur, les personnages et le public. 禄 (p. 33) 芦 Il est clair qu'un d茅faut fondamental rend insuffisantes les classifications en usage. C'est qu'elles ne tiennent pas compte de la nature m锚me du roman. Elles paraissent ignorer qu'il est par essence ondoyant et divers, qu'aucune r猫gle ne gouverne son extraordinaire plasticit茅, qu'aucune limite n'arr锚te ses ambitions, lesquelles se d茅couvrent en se r茅alisant des raisons de grandir. Dans ces conditions, il est aussi malais茅 de cloisonner que de borner ce refuge extensible de l'anarchie et de la licence, ce terrain d'essai o霉 toute tentative est la bienvenue. Pour serrer une r茅alit茅 si fuyante, rien ne sert d'ouvrir des rubriques fixes, de construire des compartiments 茅tanches. 禄 (p. 42-43) 芦 Roman qu'il lit, chacun exige qu'il soit 芦 vivant 禄 ; l'un pense au r茅cit et entend que l'action ne languisse pas ; l'autre, aux personnages et les veut aussi complexes et in茅puisables que des 锚tres r茅els. Il d茅sire que leur conduite semble 脿 la fois impr茅visible et n茅cessaire. Il importe, selon lui, qu'elle paraisse d茅termin茅e par leur nature propre, issue du fond d'eux-m锚mes comme par l'effet d'une pouss茅e organique et non d茅cid茅e de l'ext茅rieur par la volont茅 de l'茅crivain. On se saurait, dirait-on, bl芒mer davantage un romancier qu'en l'accusant d'avoir mis en sc猫ne des marionnettes et des abstractions. On r茅clame que ses cr茅atures jouissent d'une existence ind茅pendante de son caprice et capable de r茅sister 脿 ses erreurs de jugement ou 脿 ses pr茅jug茅s moraux et intellectuels [鈥. 禄 (p. 107) 芦 L'un [le monde romanesque] reste un spectacle o霉 l'on n'est compromis que par personne interpos茅e et l'autre demeure le domaine de l'irr茅vocable o霉 chaque acte entra卯ne des cons茅quences, o霉 le corps doit manger et dormir, o霉 les 锚tres s'opposent, o霉 la soci茅t茅 est pressante, o霉 il faut attendre que le sucre fonde (car il n'est rien qui n'ait ses propres lois), o霉 le temps s'茅coule v茅ritablement et o霉 il faudra mourir. Le roman est ce qui permet de transformer en spectacle ce dont chacun a l'exp茅rience comme engagement. 禄 (p. 119-120) 芦 Les romanciers paraissent donc impuissants 脿 ne pas insister sur l'茅l茅ment virulent et dangereux qui couve dans la soci茅t茅 m锚me qu'ils entendent prot茅ger. Le temps vient d'ailleurs o霉 ils n'auront plus de tels soucis ; d茅j脿 s'annonce la doctrine de l'art pour l'art et retentissent les impr茅cations contre les philistins qui s'attardent 脿 m锚ler le beau et l'utile. Chaque conteur ne se fera pas prier pour approuver Tchekhov disant que, quand il d茅crit les voleurs de chevaux, il ne croit pas n茅cessaire d'ajouter qu'il est mal de voler les chevaux, dans la conviction que c'est l脿 l'affaire des tribunaux et non la sienne. 禄 (p. 132) 芦 Il n'existe plus de place pour le roman : nul vide, nul interstice, nulle solitude o霉 cro卯trait le d茅sir d'une autre vie. L'individu ne songe qu'脿 l'histoire. [鈥 aucun ne ressent le besoin de se retirer 脿 l'茅cart pour s'identifier 脿 un h茅ros priv茅 invent茅 par la fantaisie arbitraire de quelque inutile. Le romanesque ne peut 茅clore dans ces conditions. Il faut attendre que la dislocation de la soci茅t茅 tourne l'homme 脿 nouveau vers sa vie int茅rieure, l'invite 脿 analyser et 脿 s'y complaire. Chacun peut se former alors au pays de l'aventure un personnage fraternel qui accomplisse les prouesses dont il se sent incapable, ou qui passe par les 茅preuves qu'il r茅cuse. Il lui faut mener l脿-bas l'existence passionnante et emplie que la r茅alit茅 ne lui accorde pas, parce qu'il ne sait pas la lui ravir. C'est le temps o霉 l'individu se reprend 脿 s'茅tudier dans ce miroir qui l'engage toujours plus 脿 s'occuper de lui-m锚me : le roman qui favorise sans cesse les m茅tamorphoses, quelles qu'elles soient, et qui, tout ensemble vigie, guide et ferment, dissout la soci茅t茅 en se d茅veloppant et, l'invitant ensuite 脿 se recomposer, se destine 脿 dispara卯tre. 禄 (p. 151-152) |
| Correspondance Roger Caillois - Victoria Ocampo (1939 - 1978), lettres rassembl茅es et pr茅sent茅es par Odile Felgine avec la collaboration de Laura Ayerza de Castilho, Paris, Stock, 1997. |
| 芦 24 avril 1941.聽Je recopie (c'est-脿-dire r茅茅cris) mon article sur le roman. J'ai tr猫s envie de te le raconter. Je crois qu'il int茅ressera plus que les autres, car il touche aux rapports avec la morale, 茅tudie surtout l'influence du roman sur la morale. 禄 (p. 128) 芦 30 avril 1941.聽D'autre part, je peux publier l'ensemble des articles sur le roman sous le titre聽Le Cycle du roman:聽脡tude sur les formes et le destin du romanesque dans le monde moderne. 聽1 鈥� Nature du roman (naissance, fonction, classification) 2 鈥� Le roman policier (茅volution, jeu, drame) 3 鈥� Sociologie du roman (d茅finition du romanesque, la corruption par le roman, la mort du roman). 聽Cela doit faire environ deux cent pages. L'id茅e centrale de l'ouvrage est la suivante : le roman na卯t d'un certain vide dans la soci茅t茅. Il pousse toujours davantage l'individu 脿 se s茅parer de la soci茅t茅 et 脿 se tourner sur lui-m锚me. Mais il affaiblit la soci茅t茅, accro卯t le 芦 vide 禄. Bient么t, il n'y a plus que le vide : plus de morale, plus d'茅nergie, plus rien : alors le roman, pour 锚tre fid猫le 脿 lui-m锚me, doit proposer des h茅ros qui veulent reconstituer la soci茅t茅 : cela arrive et le roman dispara卯t, supplant茅 脿 nouveau par l'architecture (qui contient [?], au contraire du roman, l'art collectif 鈥� au lieu que le roman est l'art individualisant). Il ne rena卯tra que quand le 芦 vide 禄 se sera de nouveau introduit dans la soci茅t茅. 禄 (p. 132-133) |
