Claude Simon

(1913-2005)

Dossier

Le roman selon Claude Simon

Le roman selon Claude Simon, par Katerine Gosselin, 18 novembre 2010
Claude Simon n'a jamais publi茅 de textes sur le roman ; il a cependant accord茅 de nombreux entretiens tout au long de sa carri猫re, et prononc茅 plusieurs discours dans le cadre de colloques et s茅minaires, de m锚me qu'脿 l'occasion de diff茅rentes remises de prix. Il ressort de ces discours et entretiens une conception du roman qui s'inscrit globalement dans la pol茅mique suscit茅e par le Nouveau roman 脿 partir de la fin des ann茅es cinquante. Contrairement 脿 Nathalie Sarraute, Alain Robbe-Grillet et Michel Butor, Claude Simon n'a fait para卯tre, au tournant des ann茅es soixante, aucun article qui revendique officiellement un renouvellement de la forme et de la conception du roman. Simon, cependant, n'est pas rest茅 en dehors de la pol茅mique n茅o-romanesque : d猫s les premi猫res entrevues qu'il accorde, il d茅finit son entreprise par opposition au roman 芦 traditionnel 禄, la situant dans un certain combat contre la tradition. Ce faisant, il inscrit d'embl茅e son discours dans l'opposition binaire constitutive du Nouveau roman. Simon prendra la m锚me position dans l'ensemble de ses interventions officielles, notamment dans son聽Discours de Stockholm, qu'il prononcera 脿 l'occasion de la remise du prix Nobel en 1985. L'histoire du roman occupe une place importante dans le discours de Simon, qui la reconstruit 脿 partir de la place accord茅e 脿 la聽description, 芦 traditionnellement 禄 subordonn茅e 脿 l'action, cette hi茅rarchie 茅tant invers茅e dans le roman 芦 nouveau 禄. Simon d茅finit le roman 芦 traditionnel 禄 comme un genre didactique, issu de la tradition de la fable et du conte philosophique : le roman 芦 traditionnel 禄 fait se mouvoir des personnages afin d'illustrer une th猫se ou une morale 茅difiante. Aux fins de cette illustration, sa composition est gouvern茅e par une logique chronologique et causale purement mim茅tique, qui reproduit la fa莽on dont se succ猫dent les 茅v茅nements dans le 芦 temps des horloges 禄. Cette succession conf猫re son caract猫re arbitraire et hasardeux au roman qui la reproduit. Simon fait du roman r茅aliste, en m锚me temps que le sommet de cette tradition, le coeur de son renversement. Balzac est le premier romancier qui, tout en exacerbant le didactisme romanesque, a pressenti son caract猫re arbitraire. Conduit par ce pressentiment 脿 donner une 芦茅paisseur mat茅rielle 禄脿 ses fictions, il a accord茅脿 la description une place de plus en plus grande ; au fil du XIXe si猫cle, la description a pris une place pr茅pond茅rante dans le roman, jusqu'脿 devenir, chez Proust, Joyce et Faulkner, sa mati猫re m锚me. De la sorte, le roman est pass茅 de l'expression (plus ou moins 芦 cr茅dible 禄) d'un sens 脿 la production de sens pluriels. Simon construit cette histoire du roman par comparaison avec la peinture : 芦 S'il s'est produit une cassure, un changement radical dans l'histoire de l'art, c'est lorsque des peintres, bient么t suivis par des 茅crivains, ont cess茅 de pr茅tendre re辫谤茅蝉别苍迟别谤 le monde visible mais seulement les impressions qu'ils en recevaient. 禄 (Discours de Stockholm, Paris, Minuit, p. 26) La comparaison entre le roman et la peinture est omnipr茅sente dans le discours de Simon, qui affirme lui-m锚me : 芦 Je pense beaucoup mieux en termes d'art qu'en termes de 濒颈迟迟茅谤补迟耻谤别禄 (芦 Techniciens du roman 禄, entretien avec Andr茅 Bourin, dans聽Les Nouvelles litt茅raires, d茅cembre 1960, p. 4). Simon renvoie 脿 la peinture pour revendiquer ce qu'il appelle une 芦 cr茅dibilit茅禄 sp茅cifiquement romanesque, qui d茅pende de l'agencement de ses 茅l茅ments propres, c'est-脿-dire les mots, une cr茅dibilit茅 semblable 脿 celle acquise par la peinture avec la r茅volution impressionniste. Le discours simonien sur le roman repose sur une conception m茅taphorique de la langue : 芦 Les mots [鈥 ne sont pas seulement 鈥� signes 鈥� mais noeuds de signification ou encore [鈥 carrefours de sens, de sorte que d茅j脿 par son seul vocabulaire la langue offre la possibilit茅 de 鈥� combinaisons 鈥� en 鈥� nombre incalculables 鈥� 禄 (Discours de Stockholm, p. 28). Selon Simon, ces combinaisons constituent le mat茅riau sp茅cifique du romancier. Le roman est d茅fini fondamentalement dans le discours simonien par son聽茅肠谤颈迟耻谤别, en regard de laquelle la fiction n'appara卯t que comme 芦 pr茅texte 禄 : 芦 En fait, de m锚me que la peinture lorsqu'elle prenait pour pr茅texte telle sc猫ne biblique, mythologique ou historique (qui peut s茅rieusement croire 脿 la 鈥� r茅alit茅鈥� de telle Crucifixion, de telle Suzanne au bain ou de tel Enl猫vement des Sabines ?), ce que l'茅肠谤颈迟耻谤别 nous raconte, m锚me chez le plus naturaliste des romanciers, c'est sa propre aventure et ses propres sortil猫ges. Si cette aventure est nulle, si ces sortil猫ges ne jouent pas, alors un roman, quelles que puissent 锚tre par ailleurs ses pr茅tentions didactiques ou morales, est nul lui aussi. 禄 (ibid., p. 29) Cette affirmation permet de remettre en perspective la d茅finition simonienne du roman 芦 traditionnel 禄. La tradition romanesque, chez Simon, jouit bel et bien d'une 芦 cr茅dibilit茅禄, qu'elle doit 脿 son聽茅肠谤颈迟耻谤别聽; en vertu de celle-ci et des rapports qui y sont 茅tablis, de mani猫re plus ou moins concert茅e, le roman 芦 traditionnel 禄 a toujours produit quelque chose 芦 en plus 禄 de la th猫se dont il devait constituer la d茅monstration. C'est 脿 cette production qu'il doit sa cr茅dibilit茅 : 芦 Le roman r茅aliste a souvent permis 脿 d'authentiques g茅nies 脿 commencer par Balzac lui-m锚me de produire des chefs-d'oeuvre, ceci 脿 chaque fois que le romancier a c茅d茅 ou s'est laiss茅 all茅脿 ce que Barthes appelle l'emportement de l'茅肠谤颈迟耻谤别. 禄 (entretien avec Monique Jonguet, diffus茅 sur France Culture le 14 avril 1976) Comme Simon l'affirme lui-m锚me, ce qu'il convient d'appeler le 芦 roman traditionnel 禄 consiste en une聽conception聽du roman, qui a pu 锚tre celle de certains romanciers, mais qui ne co茂ncide pas avec leur production romanesque. Le tort, d猫s lors, revient 脿芦 une certaine critique 禄 qui impose cette conception comme r猫gle du genre.

Le roman selon Claude Simon, par Katerine Gosselin, 18 novembre 2010

Claude Simon n'a jamais publi茅 de textes sur le roman ; il a cependant accord茅 de nombreux entretiens tout au long de sa carri猫re, et prononc茅 plusieurs discours dans le cadre de colloques et s茅minaires, de m锚me qu'脿 l'occasion de diff茅rentes remises de prix. Il ressort de ces discours et entretiens une conception du roman qui s'inscrit globalement dans la pol茅mique suscit茅e par le Nouveau roman 脿 partir de la fin des ann茅es cinquante. Contrairement 脿 Nathalie Sarraute, Alain Robbe-Grillet et Michel Butor, Claude Simon n'a fait para卯tre, au tournant des ann茅es soixante, aucun article qui revendique officiellement un renouvellement de la forme et de la conception du roman. Simon, cependant, n'est pas rest茅 en dehors de la pol茅mique n茅o-romanesque : d猫s les premi猫res entrevues qu'il accorde, il d茅finit son entreprise par opposition au roman 芦 traditionnel 禄, la situant dans un certain combat contre la tradition. Ce faisant, il inscrit d'embl茅e son discours dans l'opposition binaire constitutive du Nouveau roman. Simon prendra la m锚me position dans l'ensemble de ses interventions officielles, notamment dans son聽Discours de Stockholm, qu'il prononcera 脿 l'occasion de la remise du prix Nobel en 1985.

L'histoire du roman occupe une place importante dans le discours de Simon, qui la reconstruit 脿 partir de la place accord茅e 脿 la聽description, 芦 traditionnellement 禄 subordonn茅e 脿 l'action, cette hi茅rarchie 茅tant invers茅e dans le roman 芦 nouveau 禄. Simon d茅finit le roman 芦 traditionnel 禄 comme un genre didactique, issu de la tradition de la fable et du conte philosophique : le roman 芦 traditionnel 禄 fait se mouvoir des personnages afin d'illustrer une th猫se ou une morale 茅difiante. Aux fins de cette illustration, sa composition est gouvern茅e par une logique chronologique et causale purement mim茅tique, qui reproduit la fa莽on dont se succ猫dent les 茅v茅nements dans le 芦 temps des horloges 禄. Cette succession conf猫re son caract猫re arbitraire et hasardeux au roman qui la reproduit. Simon fait du roman r茅aliste, en m锚me temps que le sommet de cette tradition, le coeur de son renversement. Balzac est le premier romancier qui, tout en exacerbant le didactisme romanesque, a pressenti son caract猫re arbitraire. Conduit par ce pressentiment 脿 donner une 芦茅paisseur mat茅rielle 禄脿 ses fictions, il a accord茅脿 la description une place de plus en plus grande ; au fil du XIXe si猫cle, la description a pris une place pr茅pond茅rante dans le roman, jusqu'脿 devenir, chez Proust, Joyce et Faulkner, sa mati猫re m锚me. De la sorte, le roman est pass茅 de l'expression (plus ou moins 芦 cr茅dible 禄) d'un sens 脿 la production de sens pluriels.

Simon construit cette histoire du roman par comparaison avec la peinture : 芦 S'il s'est produit une cassure, un changement radical dans l'histoire de l'art, c'est lorsque des peintres, bient么t suivis par des 茅crivains, ont cess茅 de pr茅tendre re辫谤茅蝉别苍迟别谤 le monde visible mais seulement les impressions qu'ils en recevaient. 禄 (Discours de Stockholm, Paris, Minuit, p. 26) La comparaison entre le roman et la peinture est omnipr茅sente dans le discours de Simon, qui affirme lui-m锚me : 芦 Je pense beaucoup mieux en termes d'art qu'en termes de 濒颈迟迟茅谤补迟耻谤别禄 (芦 Techniciens du roman 禄, entretien avec Andr茅 Bourin, dans聽Les Nouvelles litt茅raires, d茅cembre 1960, p. 4). Simon renvoie 脿 la peinture pour revendiquer ce qu'il appelle une 芦 cr茅dibilit茅禄 sp茅cifiquement romanesque, qui d茅pende de l'agencement de ses 茅l茅ments propres, c'est-脿-dire les mots, une cr茅dibilit茅 semblable 脿 celle acquise par la peinture avec la r茅volution impressionniste.

Le discours simonien sur le roman repose sur une conception m茅taphorique de la langue : 芦 Les mots [鈥 ne sont pas seulement 鈥� signes 鈥� mais noeuds de signification ou encore [鈥 carrefours de sens, de sorte que d茅j脿 par son seul vocabulaire la langue offre la possibilit茅 de 鈥� combinaisons 鈥� en 鈥� nombre incalculables 鈥� 禄 (Discours de Stockholm, p. 28). Selon Simon, ces combinaisons constituent le mat茅riau sp茅cifique du romancier. Le roman est d茅fini fondamentalement dans le discours simonien par son聽茅肠谤颈迟耻谤别, en regard de laquelle la fiction n'appara卯t que comme 芦 pr茅texte 禄 : 芦 En fait, de m锚me que la peinture lorsqu'elle prenait pour pr茅texte telle sc猫ne biblique, mythologique ou historique (qui peut s茅rieusement croire 脿 la 鈥� r茅alit茅鈥� de telle Crucifixion, de telle Suzanne au bain ou de tel Enl猫vement des Sabines ?), ce que l'茅肠谤颈迟耻谤别 nous raconte, m锚me chez le plus naturaliste des romanciers, c'est sa propre aventure et ses propres sortil猫ges. Si cette aventure est nulle, si ces sortil猫ges ne jouent pas, alors un roman, quelles que puissent 锚tre par ailleurs ses pr茅tentions didactiques ou morales, est nul lui aussi. 禄 (ibid., p. 29)

Cette affirmation permet de remettre en perspective la d茅finition simonienne du roman 芦 traditionnel 禄. La tradition romanesque, chez Simon, jouit bel et bien d'une 芦 cr茅dibilit茅禄, qu'elle doit 脿 son聽茅肠谤颈迟耻谤别聽; en vertu de celle-ci et des rapports qui y sont 茅tablis, de mani猫re plus ou moins concert茅e, le roman 芦 traditionnel 禄 a toujours produit quelque chose 芦 en plus 禄 de la th猫se dont il devait constituer la d茅monstration. C'est 脿 cette production qu'il doit sa cr茅dibilit茅 : 芦 Le roman r茅aliste a souvent permis 脿 d'authentiques g茅nies 脿 commencer par Balzac lui-m锚me de produire des chefs-d'oeuvre, ceci 脿 chaque fois que le romancier a c茅d茅 ou s'est laiss茅 all茅脿 ce que Barthes appelle l'emportement de l'茅肠谤颈迟耻谤别. 禄 (entretien avec Monique Jonguet, diffus茅 sur France Culture le 14 avril 1976) Comme Simon l'affirme lui-m锚me, ce qu'il convient d'appeler le 芦 roman traditionnel 禄 consiste en une聽conception聽du roman, qui a pu 锚tre celle de certains romanciers, mais qui ne co茂ncide pas avec leur production romanesque. Le tort, d猫s lors, revient 脿芦 une certaine critique 禄 qui impose cette conception comme r猫gle du genre.

Bibliographie

Ouvrages cit茅s
Cette bibliographie recense l'ensemble du discours non-romanesque de Claude Simon. L'essentiel de ce discours est contenu dans des conf茅rences, notamment dans le聽Discours de Stockholm, prononc茅 par Claude Simon 脿 l'occasion de la r茅ception du prix Nobel en 1985, mais 茅galement dans de nombreux entretiens, accord茅s par l'auteur tant 脿 la critique journalistique qu'脿 la critique universitaire. Les diff茅rentes interventions de Claude Simon sont class茅es par 芦 genre 禄 (discours, entretiens, etc.) ; dans chaque genre, elles sont pr茅sent茅es suivant l'ordre chronologique de leur production. Les citations qui compl猫tent cette bibliographie exposent les propos tenus par Claude Simon sur le genre romanesque sous ses multiples facettes : sa d茅finition, sa sp茅cificit茅 g茅n茅rique, son histoire, son avenir, ses modes particuliers de composition, ses composantes formelles, etc. Les interventions recens茅es ont toutes 茅t茅 d茅pouill茅es ; lorsqu'elles ne sont compl茅t茅es par aucune citation, c'est qu'elles ne contiennent pas de propos sur la question du roman en particulier.
Discours et conf茅rences : 芦 1947-1957. Dixi猫me anniversaire de 鈥� l'engagement 鈥� ou Monsieur de Norpois et la 鈥� 濒颈迟迟茅谤补迟耻谤别-banane 鈥� 禄, texte in茅dit paru dans聽Cahiers Claude Simon, dir. Jean-Yves Laurichesse, no 3, 2007 [texte r茅dig茅 en 1957], p. 131-134. 芦 Signification, roman et chronologie 禄, conf茅rence prononc茅e par Claude Simon en janvier 1961, r茅sum茅e sous le titre 芦脌 la Sorbonne. Claude Simon part en guerre contre la 鈥� signification 鈥� 禄, dans聽Les Lettres fran莽aises, 19-25 janvier 1961, p. 5. 芦 Le romancier et la politique : 鈥� Et si les 茅crivains jouaient le r么le de la presse du coeur ? 鈥� demande Claude Simon 禄, intervention de Claude Simon dans le cadre du s茅minaire international 芦 Le romancier et la politique 禄, dans聽L'Express, 25 juillet 1963, p. 25-26. 芦 Tradition et r茅volution 禄, intervention de Claude Simon au colloque 芦 Litt茅rature : tradition et r茅volution 禄 tenu 脿 Vienne en avril 1967, dans聽La Quinzaine litt茅raire, no 27, 1er-15 mai 1967, p. 12-13. 芦 Claude Simon 脿 Lausanne 禄, compte rendu d'une conf茅rence de Claude Simon par Pierre-Andr茅 Rieben,听脡tudes de lettres, troisi猫me s茅rie, vol. 4, no 1, janvier-mars 1971 p. 57-58. 芦 La fiction mot 脿 mot 禄, intervention de Claude Simon au colloque sur le Nouveau roman tenu 脿 Cerisy en 1971, dans聽Nouveau roman : hier, aujourd'hui, dir. Jean Ricardou et Fran莽oise van Rossum Guyon, Paris, UGE, coll. 芦 10/18 禄, 1972, t. 2 :聽Pratiques, p. 73-97. 芦 Roman, description et action 禄, conf茅rence prononc茅e 脿 l'occasion du 45e Symposium des Prix Nobel tenu en 1978, dans聽Studi di letteratura francesce, vol 8, 1982, p. 12-27. 芦 Claude Simon 禄, intervention de Claude Simon au colloque sur le Nouveau roman tenu 脿 l'Universit茅 de New York en 1982, dans聽Three Decades of fhe French New Novel, dir. Lois Oppenheim, trad. Lois Oppenheim et Evelyne Costa de Beauregard, Urbana et Chicago, University of Illinois Press, 1986, p. 71-86. Discours de Stockholm, Paris, Minuit, 1986. 芦 Probl猫mes que posent le roman et l'茅肠谤颈迟耻谤别禄, discours prononc茅 par Claude Simon lors de la r茅ception d'un doctorat聽honoris causa聽d茅cern茅 par l'Universit茅 de Bologne en 1989, dans聽Francofonia, vol. 10, no 18, printemps 1990, p. 3-10. 芦 Roman et m茅moire 禄, extrait d'une conf茅rence in茅dite, dans聽Revue des Sciences Humaines, no 220 :聽Claude Simon, dir. Guy Neumann, octobre-d茅cembre 1990, p. 191-192. Pr茅face : 芦 Pr茅face 禄脿聽Orion aveugle, Gen猫ve, Skira, coll. 芦 Les sentiers de la cr茅ation 禄, 1970, p. 6-15. Entretiens : 芦 Instantan茅. Claude Simon 禄, entretien avec G茅rard d'Aubar猫de, dans聽Les Nouvelles litt茅raires, 7 novembre 1957, p. 7. 芦 Les secrets d'un romancier 禄, entretien avec Hubert Juin, dans聽Les Lettres fran莽aises, 6-12 octobre 1960, p. 5. 芦 Avec聽La Route des Flandres, Claude Simon affirme sa mani猫re 禄, entretien avec Claude Sarraute, dans聽Le Monde, 8 octobre 1960, p. 9. 芦 Entretien avec Claude Simon 禄, entretien avec Madeleine Chapsal, dans聽L'Express, 10 novembre 1960, p. 30-31. 芦 Claude Simon, Prix de la Nouvelle Vague : 鈥� Je ne suis pas un homme orchestre 鈥� 禄, entretien avec Guy Le Clec'h, dans聽T茅moignage chr茅tien, 16 d茅cembre 1960, p. 19-20. 芦 Techniciens du roman. Claude Simon 禄, entretien avec Andr茅 Bourin, dans聽Les Nouvelles litt茅raires,聽29 d茅cembre 1960, p. 4. 芦 Claude Simon 禄, entretien avec Denise Bourdet, dans Denise Bourdet,听Br猫ves rencontres, Paris, Grasset, 1963 [reprise d'un entretien paru dans la聽Revue de Paris聽en 1961], p. 215-224. 芦 Claude Simon parle 禄, entretien avec Madeleine Chapsal, dans聽L'Express, 5 avril 1962, p. 32-33 芦 Claude Simon, franc-tireur de la r茅volution romanesque 禄, entretien avec Th茅r猫se de Saint Phalle, dans聽Le Figaro litt茅raire, 6 avril 1967, p. 7. 芦 Le roman se fait, je le fais et il me fait 禄, entretien avec Josane Duranteau, dans聽Les Lettres fran莽aises, 13-19 avril 1967, p. 3-4. 芦鈥� Rendre la perception confuse, multiple et simultan茅e du monde 鈥� 禄, entretien avec Jacqueline Piatier, dans聽Le Monde, 26 avril 1967,听Le Monde des livres, p. V. 芦 Claude Simon. Un 茅crivain qui ne veut 锚tre qu'un 茅crivain 禄, entretien avec Celia Bertin, dans聽Arts et Loisirs, 19-25 avril 1967, p. 14-16. 芦 Claude Simon a d茅couvert 脿 cinquante-quatre ans le plaisir d'茅crire 禄, entretien avec Guy Le Clec'h, dans聽Le Figaro litt茅raire, 4-10 d茅cembre 1967, p. 22-23. 芦 Claude Simon : 鈥� Il n'y a pas d'art r茅aliste 鈥� 禄, entretien avec Madeleine Chapsal, dans聽La Quinzaine litt茅raire, 15-31 d茅cembre 1967, p. 4-5. 芦 Interview avec Claude Simon 禄, entretien avec Bettina L. Knapp, dans聽Kentucky Romance Quarterly, vol. 16, no 2, 1969, p. 179-190. 芦 Pas de crise du roman fran莽ais 禄, entretien avec Richard Garzarolli, dans聽La Tribune de Lausanne, 7 juin 1970, p. 25, 27. 芦 Claude Simon : le jeu de la chose et du mot 禄, entretien avec Guy Le Clec'h, dans聽Les Nouvelles litt茅raires, 8 avril 1971, p. 6. Entretiens radiophoniques avec Francine Mallet, diffus茅s sur France Culture les 14, 15, 17 et 18 mai 1971. 芦 R茅ponses de Claude Simon 脿 quelques questions 茅crites de Ludovic Janvier 禄, dans聽Entretiens, no 31 :聽Claude Simon, dir. Marcel S茅guier, Rodez, Subervie, 1972, p. 15-29. 芦 Interview with Claude Simon 禄, entretien avec Claud DuVerlie, trad. J. et I. Rodgers, dans聽Sub-stance, no 8, hiver 1974, p. 3-20. 芦 Claude Simon, 脿 la question 禄, r茅ponses de Claude Simon aux questions des participants au colloque tenu 脿 Cerisy en 1974, dans聽Claude Simon : analyse, th茅orie, dir. Jean Ricardou, Paris, UGE, coll. 芦 10/18 禄, 1975, p. 403-431. 芦 Un entretien avec Claude Simon 禄, entretien avec Nicole Casanova, dans聽Le Quotidien de Paris, 30 septembre 1975, p. 13. 芦 Claude Simon 禄, entretien avec Raymond O. 脡laho, dans聽Entretiens avec le Nouveau Roman, dir. Raymond O. 脡laho, Sherbrooke, Naaman, 1985 [entretien r茅alis茅 au milieu des ann茅es soixante-dix], p. 53-63. Entretiens radiophoniques avec Monique Jonguet, diffus茅s sur France Culture du 12 au 16 avril 1976, transcrits dans聽L'en-je lacanien, vol. 1, no 8, 2007, p. 165-196. 芦 Claude Simon : The Crossing of the Image 禄, entretien avec Claud DuVerlie, trad. James Rodgers, dans聽Diacritics, vol. 7, no 4, hiver 1977, p. 47-58. 芦 Un homme travers茅 par le travail 禄, entretien avec Alain Poirson et Jean-Paul Goux, dans聽La Nouvelle critique, no 105 (nouvelle s茅rie), juin-juillet 1977, p. 32-44. 芦 Simon on Simon : An Interview with the Artist 禄, entretien avec Randi Birn et Karen Gould, trad. Jane Carson, dans聽Orion blinded. Essays on Claude Simon, dir. Randi Birn et Karen Gould, Londres et Toronto, Associated University Press, 1981 [entretien r茅alis茅 en 1977], p. 285-288. 芦 De Claude Simon 禄, entretien avec Jo van Apeldoorn et Charles Grivel, dans聽脡肠谤颈迟耻谤别 de la religion. 脡肠谤颈迟耻谤别 du roman, dir. Charles Grivel, Groningue, Centre culturel fran莽ais de Groningue, et Lille, Presses Universitaires de Lille, 1979, p. 87-107. 芦鈥� Je travaille comme un peintre 鈥� 禄, entretien avec Jean-Maurice de Montremy, dans聽La Croix, 19 octobre 1985 [entretien r茅alis茅 en 1979], p. 20. 芦 Fragment de Claude Simon 禄, entretien avec Didier Eribon, dans聽尝颈产茅谤补迟颈辞苍, 29 ao没t 1981, p. 20-22. 芦 Claude Simon ouvre聽Les 骋茅辞谤驳颈辩耻别蝉聽禄, entretien avec Jacqueline Piatier, dans聽Le Monde, 4 septembre 1981, p. 11, 13. 芦 Les sentiers de la cr茅ation 禄, entretien t茅l茅vis茅 avec Bernard Pivot, dans l'茅mission聽Apostrophes, 22 septembre 1981. 芦聽Claude Simon. Romancier 禄, entretien avec Charles Haroche, dans聽尝'贬耻尘补苍颈迟茅, 26 octobre 1981, p. 15. 芦 Interview with Claude Simon 禄, entretien avec Alastair B. Duncan, dans聽Claude Simon : New directions, dir. Alastair B. Duncan, Edimburgh, Scottish Academic Press, 1985 [s茅rie d'entretiens r茅alis茅s en 1983 et 1984], p. 12-18. 芦 Claude Simon : 鈥� J'ai essay茅 la peinture, la r茅volution, puis l'茅肠谤颈迟耻谤别禄, entretien avec Claire Paulhan, dans聽Les Nouvelles litt茅raires, 15-21 mars 1984, p. 42-45. 芦 Interview with Claude Simon : Autobiography, the Novel, Politics 禄, entretien avec Anthony Cheal Pugh, dans聽The Review of Contemporary Fiction, vol. 5, no 1, printemps 1985, p. 4-13. 芦 Claude Simon sur la route de Stockholm 禄, entretien avec Didier Eribon, dans聽Le Nouvel observateur, 6-12 d茅cembre 1985, p. 72-73. 芦 La route du Nobel 禄, entretien avec Marianne Alphant, dans聽尝颈产茅谤补迟颈辞苍, 10 d茅cembre 1985, p. 27-28. 芦 Claude Simon. 鈥� L'autre jour, j'ai pass茅 tout un apr猫s-midi sur six lignes 鈥� 禄, entretien avec Andr茅 Rollin, dans聽Ils 茅crivent. O霉? quand? comment ?, dir. Andr茅 Rollin, Paris, Mazarine, 1986, p. 323-328. 芦 The Novel as Textual Wandering : an Interview with Claude Simon 禄, entretien avec Claud DuVerlie, trad. James Rodgers, dans聽Contemporary Literature, vol. 28, no 1, printemps 1987, p. 1-13. 芦 Attaques et stimuli 禄, entretien avec Lucien D盲llenbach, dans Lucien D盲llenbach,听Claude Simon, Paris, Seuil, coll. 芦 Les Contemporains 禄, 1988 [s茅rie d'entretiens r茅alis茅s en 1987], p. 170-181. 芦鈥� J'ai deux souvenirs d'intense fatigue : la guerre et le Nobel 鈥� 禄, entretien avec Marianne Alphant, dans聽尝颈产茅谤补迟颈辞苍, 6 janvier 1988, p. 28-29. Claude Simon, entretien film茅 avec Marianne Alphant, r茅alisation Roland Allard, dans le cadre de la s茅rie聽Oc茅aniques : Les hommes-livres, La Sept/INA, 1988. 芦鈥� Et 脿 quoi bon inventer ? 鈥� 禄, entretien avec Marianne Alphant, dans聽尝颈产茅谤补迟颈辞苍, 31 ao没t 1989, p. 24-25. 芦 Claude Simon : 鈥� La guerre est toujours l脿鈥� 禄, entretien avec Andr茅 Clavel, dans聽L'脡v茅nement du jeudi, 31 ao没t-6 septembre 1989, p. 86-87. 芦 Le pass茅 recompos茅禄, entretien avec Aliette Armel, dans聽Le Magazine Litt茅raire, no 275, mars 1990, p. 96-103. 芦鈥euvent et doivent parfois s'arr锚ter d'茅crire鈥� 禄, entretien avec Bernard-Henri L茅vy, dans Bernard-Henri L茅vy,听Les Aventures de la libert茅. Une histoire subjective des intellectuels, Paris, Grasset, 1991, p. 12-21. 芦 L'inlassable r茅 a/encrage du v茅cu 禄, entretien avec Mireille Calle, dans聽Claude Simon: Chemins de la m茅moire, dir. Mireille Calle, Sainte Foy, Le Griffon d'Argile, et Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble, 1993, p. 3-25. 芦 Rencontre avec Claude Simon. 鈥� La v茅ritable 濒颈迟迟茅谤补迟耻谤别 ne sert 脿 rien 鈥� 禄, entretien avec Jean-Christophe Aeschlimann, dans聽脡肠谤颈迟耻谤别, no 48, automne 1996, Lausanne, p. 214-222. 芦鈥� Je me suis trouv茅 dans l'oeil du cyclone 鈥� 禄, entretien avec Antoine de Gaudemar, dans聽尝颈产茅谤补迟颈辞苍, 18 septembre 1997, dossier 芦 Les m茅moires de Simon 禄, p. III. 芦鈥� La sensation, c'est primordial 鈥� 禄, entretien avec Philippe Sollers, dans聽Le Monde, 19 septembre 1997, cahier聽Le Monde des livres, p. I-II. 芦鈥� Dans l'arc du livre il y a toute la corde 鈥� 禄, entretien avec Mireille Calle-Gruber, dans聽Nuit blanche, no 74, mars 1999 [entretien r茅alis茅 en 1997], p. 55-58. 芦 Claude Simon : parvenir peu 脿 peu 脿 d茅crire difficilement 禄, entretien avec Jean-Claude Lebrun, dans聽尝'贬耻尘补苍颈迟茅, 13 mars 1998, p. 18-19. 芦 Entretien avec Claude Simon 禄, entretien avec Christian Michel et Richard Robert, dans聽Scherzo, no 3, avril-juin 1998, p. 5-11. 芦 Le pr茅sent de l'茅肠谤颈迟耻谤别禄, entretien avec Jacques Neefs et Almuth Gr茅sillon, dans聽Genesis, no 13, 1999, p. 115-121. 芦 L'emphase entache trop souvent le style de Flaubert 禄, entretien avec Aliette Armel, dans聽Le Magazine Litt茅raire, no 401, septembre 2001, p. 57. 芦 R茅ponses de Claude Simon 脿 quelques questions 茅crites de Roger-Michel Allemand (2001-2003) 禄, dans聽Revue des lettres modernes, s茅rie聽Le 芦 Nouveau Roman 禄 en questions, dir. Roger-Michel Allemand, Paris, Lettres modernes Minard, no 5 :聽Une 芦 Nouvelle autobiographie 禄 ?, dir. Roger-Michel Allemand et Christian Milat, 2004, p. 235-239. R茅ponses 脿 des enqu锚tes : 芦 Qu'est-ce que l'avant-garde en 1958 ? 禄, r茅ponse de Claude Simon 脿 une enqu锚te, dans聽Les Lettres fran莽aises, 24-30 avril 1958, p. 1, 5. 芦鈥� Un bloc indivisible 鈥� 禄, r茅ponse de Claude Simon 脿 la question 芦 Pourquoi des romans ? 禄, dans聽Les Lettres fran莽aises, 4-10 d茅cembre 1958, p. 5. 芦 Claude Simon 禄, r茅ponse de Claude Simon 脿 une enqu锚te sur la critique, dans聽Tel Quel, no 14, 茅t茅 1963, p. 68-91, p. 84. 芦 Claude Simon 禄, r茅ponse de Claude Simon 脿 un questionnaire sur les probl猫mes du r茅cit, dans聽Cahiers du Cin茅ma, no 185 :聽Film et roman : probl猫mes du r茅cit, d茅cembre 1966, p. 103-104. 芦 Claude Simon 禄, r茅ponse de Claude Simon 脿 une enqu锚te sur la femme en tant qu'茅crivain, dans聽La Quinzaine litt茅raire, 1er-31 ao没t 1974, p. 29-30. 芦 La voie royale du roman 禄, intervention de Claude Simon dans le dossier 芦 Joyce le h茅ros 禄, 脿 l'occasion du centenaire de la naissance de Joyce, dans聽Le Nouvel observateur, 6-12 f茅vrier 1982, p. 74. 芦 Hugo et moi. Claude Simon 禄, r茅ponse de Claude Simon 脿 trois questions sur l'oeuvre de Victor Hugo, dans聽La Quinzaine litt茅raire, 1-15 octobre 1985, p. 7. 芦 Claude Simon : 鈥� Il me faudrait commencer 脿 r茅diger 鈥� 禄, r茅ponse de Claude Simon 脿 la question 芦 Tenez-vous un journal intime ? 禄, dans聽Le Monde, 20 ao没t 1982, p. 12.

Ouvrages cit茅s

Cette bibliographie recense l'ensemble du discours non-romanesque de Claude Simon. L'essentiel de ce discours est contenu dans des conf茅rences, notamment dans le聽Discours de Stockholm, prononc茅 par Claude Simon 脿 l'occasion de la r茅ception du prix Nobel en 1985, mais 茅galement dans de nombreux entretiens, accord茅s par l'auteur tant 脿 la critique journalistique qu'脿 la critique universitaire. Les diff茅rentes interventions de Claude Simon sont class茅es par 芦 genre 禄 (discours, entretiens, etc.) ; dans chaque genre, elles sont pr茅sent茅es suivant l'ordre chronologique de leur production. Les citations qui compl猫tent cette bibliographie exposent les propos tenus par Claude Simon sur le genre romanesque sous ses multiples facettes : sa d茅finition, sa sp茅cificit茅 g茅n茅rique, son histoire, son avenir, ses modes particuliers de composition, ses composantes formelles, etc. Les interventions recens茅es ont toutes 茅t茅 d茅pouill茅es ; lorsqu'elles ne sont compl茅t茅es par aucune citation, c'est qu'elles ne contiennent pas de propos sur la question du roman en particulier.

Discours et conf茅rences :

芦 1947-1957. Dixi猫me anniversaire de 鈥� l'engagement 鈥� ou Monsieur de Norpois et la 鈥� 濒颈迟迟茅谤补迟耻谤别-banane 鈥� 禄, texte in茅dit paru dans聽Cahiers Claude Simon, dir. Jean-Yves Laurichesse, no 3, 2007 [texte r茅dig茅 en 1957], p. 131-134.

芦 Signification, roman et chronologie 禄, conf茅rence prononc茅e par Claude Simon en janvier 1961, r茅sum茅e sous le titre 芦脌 la Sorbonne. Claude Simon part en guerre contre la 鈥� signification 鈥� 禄, dans聽Les Lettres fran莽aises, 19-25 janvier 1961, p. 5.

芦 Le romancier et la politique : 鈥� Et si les 茅crivains jouaient le r么le de la presse du coeur ? 鈥� demande Claude Simon 禄, intervention de Claude Simon dans le cadre du s茅minaire international 芦 Le romancier et la politique 禄, dans聽L'Express, 25 juillet 1963, p. 25-26.

芦 Tradition et r茅volution 禄, intervention de Claude Simon au colloque 芦 Litt茅rature : tradition et r茅volution 禄 tenu 脿 Vienne en avril 1967, dans聽La Quinzaine litt茅raire, no 27, 1er-15 mai 1967, p. 12-13.

芦 Claude Simon 脿 Lausanne 禄, compte rendu d'une conf茅rence de Claude Simon par Pierre-Andr茅 Rieben,听脡tudes de lettres, troisi猫me s茅rie, vol. 4, no 1, janvier-mars 1971 p. 57-58.

芦 La fiction mot 脿 mot 禄, intervention de Claude Simon au colloque sur le Nouveau roman tenu 脿 Cerisy en 1971, dans聽Nouveau roman : hier, aujourd'hui, dir. Jean Ricardou et Fran莽oise van Rossum Guyon, Paris, UGE, coll. 芦 10/18 禄, 1972, t. 2 :聽Pratiques, p. 73-97.

芦 Roman, description et action 禄, conf茅rence prononc茅e 脿 l'occasion du 45e Symposium des Prix Nobel tenu en 1978, dans聽Studi di letteratura francesce, vol 8, 1982, p. 12-27.

芦 Claude Simon 禄, intervention de Claude Simon au colloque sur le Nouveau roman tenu 脿 l'Universit茅 de New York en 1982, dans聽Three Decades of fhe French New Novel, dir. Lois Oppenheim, trad. Lois Oppenheim et Evelyne Costa de Beauregard, Urbana et Chicago, University of Illinois Press, 1986, p. 71-86.

Discours de Stockholm, Paris, Minuit, 1986.

芦 Probl猫mes que posent le roman et l'茅肠谤颈迟耻谤别禄, discours prononc茅 par Claude Simon lors de la r茅ception d'un doctorat聽honoris causa聽d茅cern茅 par l'Universit茅 de Bologne en 1989, dans聽Francofonia, vol. 10, no 18, printemps 1990, p. 3-10.

芦 Roman et m茅moire 禄, extrait d'une conf茅rence in茅dite, dans聽Revue des Sciences Humaines, no 220 :聽Claude Simon, dir. Guy Neumann, octobre-d茅cembre 1990, p. 191-192.

Pr茅face :

芦 Pr茅face 禄脿聽Orion aveugle, Gen猫ve, Skira, coll. 芦 Les sentiers de la cr茅ation 禄, 1970, p. 6-15.

Entretiens :

芦 Instantan茅. Claude Simon 禄, entretien avec G茅rard d'Aubar猫de, dans聽Les Nouvelles litt茅raires, 7 novembre 1957, p. 7.

芦 Les secrets d'un romancier 禄, entretien avec Hubert Juin, dans聽Les Lettres fran莽aises, 6-12 octobre 1960, p. 5.

芦 Avec聽La Route des Flandres, Claude Simon affirme sa mani猫re 禄, entretien avec Claude Sarraute, dans聽Le Monde, 8 octobre 1960, p. 9.

芦 Entretien avec Claude Simon 禄, entretien avec Madeleine Chapsal, dans聽L'Express, 10 novembre 1960, p. 30-31.

芦 Claude Simon, Prix de la Nouvelle Vague : 鈥� Je ne suis pas un homme orchestre 鈥� 禄, entretien avec Guy Le Clec'h, dans聽T茅moignage chr茅tien, 16 d茅cembre 1960, p. 19-20.

芦 Techniciens du roman. Claude Simon 禄, entretien avec Andr茅 Bourin, dans聽Les Nouvelles litt茅raires,聽29 d茅cembre 1960, p. 4.

芦 Claude Simon 禄, entretien avec Denise Bourdet, dans Denise Bourdet,听Br猫ves rencontres, Paris, Grasset, 1963 [reprise d'un entretien paru dans la聽Revue de Paris聽en 1961], p. 215-224.

芦 Claude Simon parle 禄, entretien avec Madeleine Chapsal, dans聽L'Express, 5 avril 1962, p. 32-33

芦 Claude Simon, franc-tireur de la r茅volution romanesque 禄, entretien avec Th茅r猫se de Saint Phalle, dans聽Le Figaro litt茅raire, 6 avril 1967, p. 7.

芦 Le roman se fait, je le fais et il me fait 禄, entretien avec Josane Duranteau, dans聽Les Lettres fran莽aises, 13-19 avril 1967, p. 3-4.

芦鈥� Rendre la perception confuse, multiple et simultan茅e du monde 鈥� 禄, entretien avec Jacqueline Piatier, dans聽Le Monde, 26 avril 1967,听Le Monde des livres, p. V.

芦 Claude Simon. Un 茅crivain qui ne veut 锚tre qu'un 茅crivain 禄, entretien avec Celia Bertin, dans聽Arts et Loisirs, 19-25 avril 1967, p. 14-16.

芦 Claude Simon a d茅couvert 脿 cinquante-quatre ans le plaisir d'茅crire 禄, entretien avec Guy Le Clec'h, dans聽Le Figaro litt茅raire, 4-10 d茅cembre 1967, p. 22-23.

芦 Claude Simon : 鈥� Il n'y a pas d'art r茅aliste 鈥� 禄, entretien avec Madeleine Chapsal, dans聽La Quinzaine litt茅raire, 15-31 d茅cembre 1967, p. 4-5.

芦 Interview avec Claude Simon 禄, entretien avec Bettina L. Knapp, dans聽Kentucky Romance Quarterly, vol. 16, no 2, 1969, p. 179-190.

芦 Pas de crise du roman fran莽ais 禄, entretien avec Richard Garzarolli, dans聽La Tribune de Lausanne, 7 juin 1970, p. 25, 27.

芦 Claude Simon : le jeu de la chose et du mot 禄, entretien avec Guy Le Clec'h, dans聽Les Nouvelles litt茅raires, 8 avril 1971, p. 6.

Entretiens radiophoniques avec Francine Mallet, diffus茅s sur France Culture les 14, 15, 17 et 18 mai 1971.

芦 R茅ponses de Claude Simon 脿 quelques questions 茅crites de Ludovic Janvier 禄, dans聽Entretiens, no 31 :聽Claude Simon, dir. Marcel S茅guier, Rodez, Subervie, 1972, p. 15-29.

芦 Interview with Claude Simon 禄, entretien avec Claud DuVerlie, trad. J. et I. Rodgers, dans聽Sub-stance, no 8, hiver 1974, p. 3-20.

芦 Claude Simon, 脿 la question 禄, r茅ponses de Claude Simon aux questions des participants au colloque tenu 脿 Cerisy en 1974, dans聽Claude Simon : analyse, th茅orie, dir. Jean Ricardou, Paris, UGE, coll. 芦 10/18 禄, 1975, p. 403-431.

芦 Un entretien avec Claude Simon 禄, entretien avec Nicole Casanova, dans聽Le Quotidien de Paris, 30 septembre 1975, p. 13.

芦 Claude Simon 禄, entretien avec Raymond O. 脡laho, dans聽Entretiens avec le Nouveau Roman, dir. Raymond O. 脡laho, Sherbrooke, Naaman, 1985 [entretien r茅alis茅 au milieu des ann茅es soixante-dix], p. 53-63.

Entretiens radiophoniques avec Monique Jonguet, diffus茅s sur France Culture du 12 au 16 avril 1976, transcrits dans聽L'en-je lacanien, vol. 1, no 8, 2007, p. 165-196.

芦 Claude Simon : The Crossing of the Image 禄, entretien avec Claud DuVerlie, trad. James Rodgers, dans聽Diacritics, vol. 7, no 4, hiver 1977, p. 47-58.

芦 Un homme travers茅 par le travail 禄, entretien avec Alain Poirson et Jean-Paul Goux, dans聽La Nouvelle critique, no 105 (nouvelle s茅rie), juin-juillet 1977, p. 32-44.

芦 Simon on Simon : An Interview with the Artist 禄, entretien avec Randi Birn et Karen Gould, trad. Jane Carson, dans聽Orion blinded. Essays on Claude Simon, dir. Randi Birn et Karen Gould, Londres et Toronto, Associated University Press, 1981 [entretien r茅alis茅 en 1977], p. 285-288.

芦 De Claude Simon 禄, entretien avec Jo van Apeldoorn et Charles Grivel, dans聽脡肠谤颈迟耻谤别 de la religion. 脡肠谤颈迟耻谤别 du roman, dir. Charles Grivel, Groningue, Centre culturel fran莽ais de Groningue, et Lille, Presses Universitaires de Lille, 1979, p. 87-107.

芦鈥� Je travaille comme un peintre 鈥� 禄, entretien avec Jean-Maurice de Montremy, dans聽La Croix, 19 octobre 1985 [entretien r茅alis茅 en 1979], p. 20.

芦 Fragment de Claude Simon 禄, entretien avec Didier Eribon, dans聽尝颈产茅谤补迟颈辞苍, 29 ao没t 1981, p. 20-22.

芦 Claude Simon ouvre聽Les 骋茅辞谤驳颈辩耻别蝉聽禄, entretien avec Jacqueline Piatier, dans聽Le Monde, 4 septembre 1981, p. 11, 13.

芦 Les sentiers de la cr茅ation 禄, entretien t茅l茅vis茅 avec Bernard Pivot, dans l'茅mission聽Apostrophes, 22 septembre 1981.

芦聽Claude Simon. Romancier 禄, entretien avec Charles Haroche, dans聽尝'贬耻尘补苍颈迟茅, 26 octobre 1981, p. 15.

芦 Interview with Claude Simon 禄, entretien avec Alastair B. Duncan, dans聽Claude Simon : New directions, dir. Alastair B. Duncan, Edimburgh, Scottish Academic Press, 1985 [s茅rie d'entretiens r茅alis茅s en 1983 et 1984], p. 12-18.

芦 Claude Simon : 鈥� J'ai essay茅 la peinture, la r茅volution, puis l'茅肠谤颈迟耻谤别禄, entretien avec Claire Paulhan, dans聽Les Nouvelles litt茅raires, 15-21 mars 1984, p. 42-45.

芦 Interview with Claude Simon : Autobiography, the Novel, Politics 禄, entretien avec Anthony Cheal Pugh, dans聽The Review of Contemporary Fiction, vol. 5, no 1, printemps 1985, p. 4-13.

芦 Claude Simon sur la route de Stockholm 禄, entretien avec Didier Eribon, dans聽Le Nouvel observateur, 6-12 d茅cembre 1985, p. 72-73.

芦 La route du Nobel 禄, entretien avec Marianne Alphant, dans聽尝颈产茅谤补迟颈辞苍, 10 d茅cembre 1985, p. 27-28.

芦 Claude Simon. 鈥� L'autre jour, j'ai pass茅 tout un apr猫s-midi sur six lignes 鈥� 禄, entretien avec Andr茅 Rollin, dans聽Ils 茅crivent. O霉? quand? comment ?, dir. Andr茅 Rollin, Paris, Mazarine, 1986, p. 323-328.

芦 The Novel as Textual Wandering : an Interview with Claude Simon 禄, entretien avec Claud DuVerlie, trad. James Rodgers, dans聽Contemporary Literature, vol. 28, no 1, printemps 1987, p. 1-13.

芦 Attaques et stimuli 禄, entretien avec Lucien D盲llenbach, dans Lucien D盲llenbach,听Claude Simon, Paris, Seuil, coll. 芦 Les Contemporains 禄, 1988 [s茅rie d'entretiens r茅alis茅s en 1987], p. 170-181.

芦鈥� J'ai deux souvenirs d'intense fatigue : la guerre et le Nobel 鈥� 禄, entretien avec Marianne Alphant, dans聽尝颈产茅谤补迟颈辞苍, 6 janvier 1988, p. 28-29.

Claude Simon, entretien film茅 avec Marianne Alphant, r茅alisation Roland Allard, dans le cadre de la s茅rie聽Oc茅aniques : Les hommes-livres, La Sept/INA, 1988.

芦鈥� Et 脿 quoi bon inventer ? 鈥� 禄, entretien avec Marianne Alphant, dans聽尝颈产茅谤补迟颈辞苍, 31 ao没t 1989, p. 24-25.

芦 Claude Simon : 鈥� La guerre est toujours l脿鈥� 禄, entretien avec Andr茅 Clavel, dans聽L'脡v茅nement du jeudi, 31 ao没t-6 septembre 1989, p. 86-87.

芦 Le pass茅 recompos茅禄, entretien avec Aliette Armel, dans聽Le Magazine Litt茅raire, no 275, mars 1990, p. 96-103.

芦鈥euvent et doivent parfois s'arr锚ter d'茅crire鈥� 禄, entretien avec Bernard-Henri L茅vy, dans Bernard-Henri L茅vy,听Les Aventures de la libert茅. Une histoire subjective des intellectuels, Paris, Grasset, 1991, p. 12-21.

芦 L'inlassable r茅 a/encrage du v茅cu 禄, entretien avec Mireille Calle, dans聽Claude Simon: Chemins de la m茅moire, dir. Mireille Calle, Sainte Foy, Le Griffon d'Argile, et Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble, 1993, p. 3-25.

芦 Rencontre avec Claude Simon. 鈥� La v茅ritable 濒颈迟迟茅谤补迟耻谤别 ne sert 脿 rien 鈥� 禄, entretien avec Jean-Christophe Aeschlimann, dans聽脡肠谤颈迟耻谤别, no 48, automne 1996, Lausanne, p. 214-222.

芦鈥� Je me suis trouv茅 dans l'oeil du cyclone 鈥� 禄, entretien avec Antoine de Gaudemar, dans聽尝颈产茅谤补迟颈辞苍, 18 septembre 1997, dossier 芦 Les m茅moires de Simon 禄, p. III.

芦鈥� La sensation, c'est primordial 鈥� 禄, entretien avec Philippe Sollers, dans聽Le Monde, 19 septembre 1997, cahier聽Le Monde des livres, p. I-II.

芦鈥� Dans l'arc du livre il y a toute la corde 鈥� 禄, entretien avec Mireille Calle-Gruber, dans聽Nuit blanche, no 74, mars 1999 [entretien r茅alis茅 en 1997], p. 55-58.

芦 Claude Simon : parvenir peu 脿 peu 脿 d茅crire difficilement 禄, entretien avec Jean-Claude Lebrun, dans聽尝'贬耻尘补苍颈迟茅, 13 mars 1998, p. 18-19.

芦 Entretien avec Claude Simon 禄, entretien avec Christian Michel et Richard Robert, dans聽Scherzo, no 3, avril-juin 1998, p. 5-11.

芦 Le pr茅sent de l'茅肠谤颈迟耻谤别禄, entretien avec Jacques Neefs et Almuth Gr茅sillon, dans聽Genesis, no 13, 1999, p. 115-121.

芦 L'emphase entache trop souvent le style de Flaubert 禄, entretien avec Aliette Armel, dans聽Le Magazine Litt茅raire, no 401, septembre 2001, p. 57.

芦 R茅ponses de Claude Simon 脿 quelques questions 茅crites de Roger-Michel Allemand (2001-2003) 禄, dans聽Revue des lettres modernes, s茅rie聽Le 芦 Nouveau Roman 禄 en questions, dir. Roger-Michel Allemand, Paris, Lettres modernes Minard, no 5 :聽Une 芦 Nouvelle autobiographie 禄 ?, dir. Roger-Michel Allemand et Christian Milat, 2004, p. 235-239.

R茅ponses 脿 des enqu锚tes :

芦 Qu'est-ce que l'avant-garde en 1958 ? 禄, r茅ponse de Claude Simon 脿 une enqu锚te, dans聽Les Lettres fran莽aises, 24-30 avril 1958, p. 1, 5.

芦鈥� Un bloc indivisible 鈥� 禄, r茅ponse de Claude Simon 脿 la question 芦 Pourquoi des romans ? 禄, dans聽Les Lettres fran莽aises, 4-10 d茅cembre 1958, p. 5.

芦 Claude Simon 禄, r茅ponse de Claude Simon 脿 une enqu锚te sur la critique, dans聽Tel Quel, no 14, 茅t茅 1963, p. 68-91, p. 84.

芦 Claude Simon 禄, r茅ponse de Claude Simon 脿 un questionnaire sur les probl猫mes du r茅cit, dans聽Cahiers du Cin茅ma, no 185 :聽Film et roman : probl猫mes du r茅cit, d茅cembre 1966, p. 103-104.

芦 Claude Simon 禄, r茅ponse de Claude Simon 脿 une enqu锚te sur la femme en tant qu'茅crivain, dans聽La Quinzaine litt茅raire, 1er-31 ao没t 1974, p. 29-30.

芦 La voie royale du roman 禄, intervention de Claude Simon dans le dossier 芦 Joyce le h茅ros 禄, 脿 l'occasion du centenaire de la naissance de Joyce, dans聽Le Nouvel observateur, 6-12 f茅vrier 1982, p. 74.

芦 Hugo et moi. Claude Simon 禄, r茅ponse de Claude Simon 脿 trois questions sur l'oeuvre de Victor Hugo, dans聽La Quinzaine litt茅raire, 1-15 octobre 1985, p. 7.

芦 Claude Simon : 鈥� Il me faudrait commencer 脿 r茅diger 鈥� 禄, r茅ponse de Claude Simon 脿 la question 芦 Tenez-vous un journal intime ? 禄, dans聽Le Monde, 20 ao没t 1982, p. 12.

Citations

芦 1947-1957. Dixi猫me anniversaire de 鈥� l'engagement 鈥� ou Monsieur de Norpois et la 鈥� 濒颈迟迟茅谤补迟耻谤别-banane 鈥� 禄, texte in茅dit paru dans聽Cahiers Claude Simon, dir. Jean-Yves Laurichesse, no 3, 2007 [texte r茅dig茅 en 1957], p. 131-134.
Note : Ce texte ne sera jamais publi茅 du vivant de l'auteur ; par contre, Simon en reprendra plusieurs 茅l茅ments dans une conf茅rence prononc茅e 脿 la Sorbonne en janvier 1961. 芦 Cinquante ans plus t么t environ [avant la parution de聽Qu'est-ce que la 濒颈迟迟茅谤补迟耻谤别 ?, de Jean-Paul Sartre], le jeune Proust qui, au grand effroi de ses parents, sentait poindre sa vocation d'茅crivain, entendait tomber de la bouche de M. de Norpois le discours suivant : 鈥� Dans un temps comme le n么tre o霉 la complexit茅 croissante de la vie laisse 脿 peine le temps de lire, o霉 la carte de l'Europe a subi des remaniements profonds et est 脿 la veille d'en subir de plus grands encore peut-锚tre, o霉 tant de probl猫mes mena莽ants et nouveaux se posent partout, vous m'accorderez qu'on a le droit de demander 脿 un 茅crivain d'锚tre autre chose qu'un bel esprit qui nous fait oublier dans des discussions oiseuses et byzantines sur des m茅rites de pure forme, que nous pouvons 锚tre envahis d'un instant 脿 l'autre par un double flot de Barbares, ceux du dehors et ceux du dedans. Je sais que c'est blasph茅mer contre la Sacro-Sainte 脡cole de ce que ces messieurs appellent l'Art pour l'Art, mais 脿 notre 茅poque il y a des t芒ches plus urgentes que d'agencer des mots d'une fa莽on harmonieuse [鈥. 鈥� C'est ainsi que Proust 茅tait invit茅 sans 茅quivoque 脿鈥� s'engager 鈥�. Avec, en moins, le jargon philosophique et, en plus, une louable concision, il est assez troublant de trouver dans cette diatribe tous les th猫mes que d茅veloppera plus tard l'inventeur de l'existentialisme. L'ambassadeur fin de si猫cle et le philosophe du demi-si猫cle semblent en effet partager, en m锚me temps que le m茅pris de l'Art pour l'Art et des Mandarins, d'identiques pr茅occupations, [...] et auxquelles ils voient des solutions communes. 禄 (p. 131-132) 芦 Quant 脿 savoir pourquoi, 脿 tant d'ann茅es d'intervalle [...], un vieil ambassadeur royaliste et colossalement riche a pu avoir la m锚me conception de la 濒颈迟迟茅谤补迟耻谤别 qu'un professeur de philosophie aux id茅es 鈥� avanc茅es 鈥�, c'est l脿 une question que n'ont probablement pas encore fini d'茅lucider bon nombre de jeunes 茅crivains qui, apr猫s avoir 茅cout茅 avec recueillement les conseils de Sartre se sont sentis p茅n茅tr茅s par le doute jusqu'aux tr茅fonds d'eux-m锚mes, comme le jeune Proust passionn茅ment attach茅脿 retrouver dans un fugace parfum 鈥� la mati猫re 茅ternelle et commune 鈥� [...]. 禄 (p. 134-135)
芦 Signification, roman et chronologie 禄, conf茅rence prononc茅e par Claude Simon en janvier 1961, r茅sum茅e sous le titre 芦脌 la Sorbonne. Claude Simon part en guerre contre la 鈥� signification 鈥� 禄, dans聽Les Lettres fran莽aises, 19-25 janvier 1961, p. 5.
Note : Cette conf茅rence reprend pour l'essentiel les 茅l茅ments du texte in茅dit 芦 1947-1957. Dixi猫me anniversaire de 鈥� l'engagement 鈥� ou Monsieur de Norpois et la 鈥� 濒颈迟迟茅谤补迟耻谤别-banane 鈥� 禄, r茅dig茅 en 1957. Les propos cit茅s ici sont ceux d'un journaliste (demeur茅 anonyme) des聽Lettres fran莽aises, qui fait en ses termes le compte rendu de la conf茅rence de Simon. 芦 Le parall猫le est direct entre les conseils 脿 un jeune auteur que Proust met dans la bouche de M. de Norpois [鈥 et la position de Sartre. 鈥� On croit entendre 鈥�, dit Claude Simon 脿 propos de M. de Norpois, 鈥� tous les mots d'ordre de la 濒颈迟迟茅谤补迟耻谤别 engag茅e 鈥�, qui posent le probl猫me en terme de morale et consid猫rent qu'un 茅crivain doit r茅pondre 脿 une certaine demande. 禄 (p. 5) 芦 Lorsque Proust se promenant dans les rues de Paris un 1er janvier et respirant l'odeur de moisi d'un 鈥� chalet de n茅cessit茅鈥�, constate : 鈥� J'eus la sensation et le pressentiment que le jour de l'An n'茅tait pas un jour diff茅rent des autres 鈥�, Claude Simon y retrouve 鈥� la mati猫re 茅ternelle et commune 鈥� qui doit 锚tre l'茅tai auquel s'appuie le romancier, 鈥� quelque chose d'essentiellement commun 脿 tous les hommes 鈥�, accessible par la sensation, qui est la m锚me pour tous [鈥. Pour Claude Simon, c'est aussi ce que Conrad exposait dans la pr茅face du聽N猫gre du Narcisse.聽禄 (p. 5) 芦鈥� Les romans du pass茅 peuvent nous toucher 鈥�, dit-il, d'une part, parce que 鈥� leurs auteurs 茅tant des hommes et non des dieux, nous parlent d'eux-m锚mes 脿 travers les significations 鈥�, et atteignent ainsi 脿 la mati猫re durable. Et d'autre part, pas un aspect 鈥� plus complexe et apparemment paradoxal, les significations passag猫res sont li茅es 脿 l'oeuvre d'art 鈥�, comme la peinture ou la sculpture le sont par exemple aux religions. Dosto茂evsky en fournit un exemple qui reste d'ailleurs 茅quivoque. 禄 (p. 5) 芦 Le romancier n'affirme rien, il ne peut que formuler des hypoth猫ses. L'art devient alors 鈥� l'appel d'une sensibilit茅 individuelle 脿 une autre, et s'inscrit dans ce mouvement de r茅solution permanente 鈥�. Il est donc l'茅tablissement d'un rapport, mais d'un rapport non rationnel et s'il remet tout en question : les id茅es, le langage, la forme et la soci茅t茅 elle-m锚me, ce n'est pas pour les remplacer par de nouvelles lois fig茅es, mais par d'autres qui apportent d'embl茅e leur propre contestations. 禄 (p. 5)
芦 Le romancier et la politique : 鈥� Et si les 茅crivains jouaient le r么le de la presse du coeur ? 鈥� demande Claude Simon 禄, intervention de Claude Simon dans le cadre du s茅minaire international 芦 Le romancier et la politique 禄, dans聽L'Express, 25 juillet 1963, p. 25-26.
芦聽L'茅crivain 鈥� et en particulier le romancier 鈥� doit-il ou ne doit-il pas faire de la politique ? Il me semble que la question pos茅e dans ce d茅bat est la cons茅quence de cette vieille conception traditionnelle du romancier, qui fait de celui-ci un personnage semblable 脿 un dieu omnipr茅sent et omni comp茅tent, conception qu'il serait peut-锚tre temps de r茅viser. 禄 (p. 25) 芦 [Le roman est une] fiction. C'est-脿-dire que le romancier traditionnel se fait fort de prouver l'existence d'une loi quelconque par la conclusion qui se d茅gagera d'une histoire invent茅e par lui de toutes pi猫ces et qui, 脿 tout instant, pourrait 锚tre autre, et, nous le savons bien, pourrait bifurquer dans n'importe quelle direction. Il ne d茅pend que de sa fantaisie, que de son arbitraire et de son bon vouloir, que telle personne ne rencontre jamais telle autre, qu'un rendez-vous d茅cisif soit manqu茅, qu'un accident se produise qui modifierait du tout au tout cet encha卯nement pr茅tendu logique et m茅caniste de causes et d'effets. 禄 (p. 26) 芦 Puisque le romancier ne sait pas grand-chose, puisqu'une fiction, une histoire invent茅e, ne peut constituer ni une preuve ni une d茅monstration de quoi que ce soit, est-ce que l'art et par cons茅quent, si l'on veut absolument parler de devoir, le devoir du romancier ne consiste pas plus humblement 脿 essayer de dire simplement son exp茅rience du monde, non pas 脿 l'exprimer, la traduire, comme on l'a longtemps cru, mais 脿 la dire, donc, dans cette structure, et non pas au moyen de cet outil 鈥� comme on l'a aussi cru longtemps 鈥� qu'est le langage. 禄 (p. 26)
芦 Tradition et r茅volution 禄, intervention de Claude Simon au colloque 芦 Litt茅rature : tradition et r茅volution 禄 tenu 脿 Vienne en avril 1967, dans聽La Quinzaine litt茅raire, no 27, 1er-15 mai 1967, p. 12-13.
芦 P茅riodiquement on s'interroge sur les pouvoirs de la 濒颈迟迟茅谤补迟耻谤别, sur le r么le qu'elle peut ou qu'elle doit jouer. Il convient de mettre fin 脿 une l茅gende : jamais aucune oeuvre d'art, aucune oeuvre litt茅raire n'a eu, dans l'imm茅diat, un poids quelconque sur le cours de l'Histoire. [鈥 En revanche, au sein de l'immense et incessante gestation du monde, et dans l'ensemble des activit茅s de l'esprit, toute production de celui-ci, 脿 condition d'apporter quelque chose de neuf, joue son r么le, le plus souvent de fa莽on invisible, souterraine, mais cependant capitale. 禄 (p. 12-13) 芦 On a coutume d'opposer tradition et r茅volution, et il est remarquable que dans le domaine des arts, et particuli猫rement dans celui du roman, les forces immobilistes, d'une fa莽on r茅v茅latrice, tiennent mot pour mot le m锚me langage dans les pays capitalistes ou non capitalistes. Ici comme l脿 on propose comme mod猫les des 茅crivains dits classiques qui auraient, une fois pour toutes, moul茅 le roman dans des formes immuables et parfaites. Proposer en exemple aujourd'hui Stendhal, Balzac et Tolsto茂, c'est ne pas comprendre que ce qui a fait leur grandeur est d'avoir 茅crit comme personne ne l'avait fait avant eux et que leur le莽on est celle d'une constante insatisfaction des formes d茅j脿诲茅肠辞耻惫别谤迟别s qu'ils rejettent pour en inventer d'autres jusque-l脿 inconnues. 禄 (p. 13) 芦 Le langage, l'茅肠谤颈迟耻谤别, n'鈥� expriment 鈥� pas : ils cr茅ent. Ils ont leur dynamique propre qui entra卯ne l'impulsion premi猫re de l'茅crivain dans des directions impr茅vues, et c'est 脿 travers cet immense r茅seau de relations, insoup莽onn茅es de lui avant qu'il se mette 脿茅crire, qu'il va avancer. Du choix qu'il va faire entre elles [鈥 vont, 脿 son insu, ressortir des significations. En 茅crivant 鈥� et en 茅crivant seulement 鈥� il d茅couvre un monde 鈥� et se d茅couvre. Si le roman consiste 脿 raconter une histoire, au lieu de celle de h茅ros exemplaires dans le bien ou le mal 鈥� et fatalement conventionnels 鈥�, n'est-ce pas plut么t en 茅tant lui-m锚me l'aventure d'un esprit cherchant et se cherchant dans le langage qu'il peut esp茅rer trouver des formes et par cons茅quent un fond neufs qui seront alors, dans le domaine de la 濒颈迟迟茅谤补迟耻谤别鈥� le seul o霉 l'茅crivain puisse oeuvrer 鈥�, r茅volutionnaires ? 禄 (p. 13)
芦 Claude Simon 脿 Lausanne 禄, compte rendu d'une conf茅rence de Claude Simon par Pierre-Andr茅 Rieben,听脡tudes de lettres, troisi猫me s茅rie, vol. 4, no 1, janvier-mars 1971 p. 57-58.
Note : Les propos cit茅s sont ceux de Pierre-Andr茅 Rieben, qui fait en ses termes le compte rendu d'une conf茅rence donn茅e par Claude Simon. 芦 [...] c'est la structure m锚me du langage qui impose 脿 l'茅crivain une transmutation radicale du r茅el dans l'acte d'茅crire. Les mots, en effet, ne sont pas simplement des 茅tiquettes appliqu茅es sur les choses : ils sont bien plus des sortes de carrefours ou de noeuds au sein d'un immense r茅seau de souvenirs, d'images, d'id茅es, de r茅f茅rences culturelles, etc., qui surgissent 脿 notre esprit avec eux aussit么t que nous les pronon莽ons. Il n'est pas 茅tonnant d猫s lors que chaque mot trac茅 sur le papier fasse imm茅diatement na卯tre chez l'茅crivain au travail une foule d'associations dont il n'avait pas la moindre id茅e en prenant la plume, et qu'il d茅couvre avec 茅tonnement au fur et 脿 mesure qu'il 茅crit. [...] Dans la perspective ainsi d茅finie l'茅crivain appara卯t, selon les termes m锚mes de Claude Simon, comme une sorte de 鈥� bricoleur 鈥� : il ajuste, il 茅lague, il combine patiemment les mat茅riaux composites que lui ont livr茅s, 脿 partir du spectacle du monde, les jeux de la m茅moire, les ressources associatives du langage et les contraintes de la forme. Reprenant alors la d茅finition traditionnelle du roman comme 鈥� histoire 鈥�, Claude Simon est amen茅脿 en modifier profond茅ment le sens : si le roman est bien une histoire, ce n'est pas tant celle 鈥� souvent m茅diocre 鈥� v茅cue par les personnages de l'intrigue, que celle de l'茅crivain en train d'茅crire. Le vrai sujet du roman n'est autre que l'entreprise d'茅crire, avec tous ses d茅tours, ses h茅sitations, ses retours en arri猫re, ses doutes, ses victoires ou ses 茅checs. 禄 (p. 57)
芦 La fiction mot 脿 mot 禄, intervention de Claude Simon au colloque sur le Nouveau roman tenu 脿 Cerisy en 1971, dans聽Nouveau roman : hier, aujourd'hui, dir. Jean Ricardou et Fran莽oise van Rossum Guyon, Paris, UGE, coll. 芦 10/18 禄, 1972, t. 2 :聽Pratiques, p. 73-97.
芦 [Simon vient de r茅sumer le sch茅ma actantiel de聽La Chartreuse de Parme, de Stendhal] Quelle sorte de 鈥� logique 鈥� pr茅side donc 脿 cette succession de descriptions, de r茅flexions d'auteur, de dialogues, de narrations, d'analyses ou de notations psychologiques plus ou moins profondes ? Si j'en examine l'ordonnance, je vois seulement que, au cours de ma lecture, chacun de ces 茅l茅ments du r茅cit suit ou pr茅c猫de l'autre en vertu d'une seule r猫gle : celle de se placer selon la fa莽on dont se succ猫dent, dans un temps 脿 l'imitation de celui des horloges, les 茅v茅nements racont茅s. Hormis cette 鈥� continuit茅鈥� 脿 pr茅tention r茅aliste [...] dans laquelle nous sont pr茅sent茅s des 茅v茅nements聽fictifs听别迟听fortuits, rien dans le texte lui-m锚me (c'est-脿-dire dans la mati猫re m锚me du r茅cit), absolument rien [...] ne permet de passer d'un 茅l茅ment 脿 l'autre, ne renvoie d'une description ou d'une narration 脿 une autre. 禄 (p. 76) 芦 Et, justement, 脿 propos d'un autre roman de Stendhal,听Le Rouge et le noir, Henri Martineau a 茅crit que le d茅nouement (c'est-脿-dire le fameux coup de pistolet tir茅 par Julien Sorel sur Mme de R茅nal en pleine 茅glise) est : 鈥� Le couronnement logique du r茅cit 鈥�. Le roman traditionnel serait-il donc une sorte de fable, de r茅cit exemplaire, o霉 l'auteur se servirait de personnages et d'茅v茅nements fictifs pour illustrer quelque th猫se ? Doit-on alors penser que sa logique serait, en dehors de toute consid茅ration litt茅raire, une logique de situations ou de caract猫res [...] ? Seulement personne n'est jamais d'accord sur cette 鈥� logique 鈥�-l脿. Faut-il, par exemple, rappeler qu'脡mile Faguet trouvait lui, pr茅cis茅ment, ce fameux d茅nouement de聽Le Rouge et le noir聽: 鈥� plus faux qu'il n'est permis 鈥� [...]. 禄 (p. 77) 芦 Tout ceci, bien s没r, ne pr茅tend pas 脿 d茅montrer que la pr茅sentation - ou, si l'on pr茅f猫re, le montage - de ses divers 茅l茅ments selon un ordre chronologique soit incompatible avec la 辩耻补濒颈迟茅 d'une fiction. Ce serait aussi absurde que de dire d'une peinture qu'elle ne peut pas 锚tre bonne parce qu'elle est figurative. Des romans du type dont je viens de parler, il en est, nous le savons, d'admirables, que ce soit聽Madame Bovary聽(dont la beaut茅, est-il besoin de le souligner, ne r茅side pas dans la 鈥� logique 鈥� de son d茅nouement [...]), ou les romans de Dosto茂evski [...], ou encore, plus pr猫s de nous et d'une telle influence sur toute la 濒颈迟迟茅谤补迟耻谤别 moderne,听Le Ch芒teau聽o霉 l'on doit toutefois observer que Kafka n'y pr茅tend 脿 aucun 鈥� r茅alisme 鈥�... 禄 (p. 77-78) 芦 Est-ce qu'il n'est donc pas permis de se demander non seulement si, de m锚me qu'ind茅pendamment des choses repr茅sent茅es (nature morte, paysage, nu) il existe une logique de la peinture en soi, il n'existerait pas aussi une certaine logique interne du texte, propre au texte, d茅coulant 脿 la fois de sa musique (rythme, assonance, cadence de la phrase) et de son mat茅riau (vocabulaire, 鈥� figures 鈥�, tropes - car notre langage ne s'est pas form茅 au hasard), mais encore si cette logique selon laquelle doivent s'articuler ou se combiner les 茅l茅ments d'une fiction n'est pas, en m锚me temps, f茅condante et, par elle-m锚me, engendrante de fiction. 禄 (p. 78) 芦 Je crois qu'en ce moment le roman se trouve dans une p茅riode de son 茅volution assez semblable 脿 celle qu'a travers茅 la peinture dans la seconde moiti茅 du si猫cle dernier, c'est-脿-dire lorsque celle-ci a cess茅 de raconter ou de re辫谤茅蝉别苍迟别谤 des 茅v茅nements (Enl猫vement des Sabines,听Noces de Cana听辞耻听Massacres de Scio) pour entreprendre de聽辫谤茅蝉别苍迟别谤聽sans autre justification que lui-m锚me un objet pictural. 禄 (p. 84-85) 芦 On a peut-锚tre maintenant commenc茅脿 voir l'id茅e que je me fais du roman, pourquoi je parlais tout 脿 l'heure de ce travail de聽诲茅肠辞耻惫别谤迟别, quelle est sa nature et pourquoi j'ai dit aussi qu'il se poursuivait sur deux niveaux qui, en fait, se confondent. Parce que, si cette 鈥� aventure d'une 茅肠谤颈迟耻谤别鈥�, cette exploration, se fait pas 脿 pas et mot 脿 mot, son dessein final (celui qui r茅sulte du 鈥� montage 鈥� des 茅l茅ments ainsi d茅couverts) est, lui aussi, une 诲茅肠辞耻惫别谤迟别, et, en r茅alit茅, celle-ci suit un processus de m锚me nature. 禄 (p. 92)
芦 Roman, description et action 禄, conf茅rence prononc茅e 脿 l'occasion du 45e Symposium des Prix Nobel tenu en 1978, dans聽Studi di letteratura francesce, vol 8, 1982, p. 12-27.
Note : Dans cette conf茅rence, Simon commente la citation suivante de Tynianov, extraite de聽De l'茅volution litt茅raire聽: 芦 En gros, les descriptions de la nature dans les romans anciens, que l'on serait tent茅, du point de vue d'un certain 蝉测蝉迟猫尘别 litt茅raire, de r茅duire 脿 un r么le auxiliaire, de soudure ou de ralentissement (et donc de rejeter presque), devraient, du point de vue d'un autre 蝉测蝉迟猫尘别 litt茅raire, 锚tre consid茅r茅s comme un 茅l茅ment principal, parce qu'il peut arriver que la fable ne soit que motivation, pr茅texte 脿 accumuler des descriptions statiques. 禄 (p. 12) Simon reprendra cette citation et son commentaire dans le聽Discours de Stockholm. Dans la conf茅rence de 1978, il illustre son commentaire en analysant un passage de聽脌 l'ombre des jeunes filles en fleurs, de Marcel Proust (p. 16). 芦 Mais ce qu'il faut observer aussi (et c'est l脿, me semble-t-il, un fait de premi猫re importance), c'est le d茅menti qu'un texte comme celui-l脿 [le passage des聽Jeunes filles] apporte 脿 la timide proposition de Tynianov qui, cherchant 脿 imaginer une nouvelle forme de roman, ne peut concevoir que des descriptions 鈥� statiques 鈥� et 鈥� accumul茅es 鈥�. [...] Or, bien au contraire, ce que nous montre Proust (et en ceci il appara卯t comme le grand 茅crivain r茅volutionnaire du XXe si猫cle, l'茅crivain v茅ritablement sub-versif, c'est-脿-dire renversant sens dessus-dessous l'optique romanesque traditionnelle), c'est le prodigieux dynamisme de la description qui, litt茅ralement, projette autour d'elle, comme une pieuvre, des tentacules dans toutes les directions, s茅lectionne et convoque des mat茅riaux, les assemble, les organise. Et d猫s lors s'ouvrent de tout autres perspectives, car on voit nettement que, dans le roman, il existe deux sortes d'actions, et par cons茅quent de sens : d'une part l'action de la fable, l'histoire racont茅e qui 茅tablit des rapports de causes 脿 effets entre des 茅v茅nements聽fictifs聽(sujets donc 脿 caution), rapports聽d茅coulant d'un projet pr茅existant 脿 l'茅肠谤颈迟耻谤别聽; d'autre part l'action de la description qui, entre l'objet, le lieu ou le personnage d茅crit et d'autres objets, d'autres lieux, d'autres personnages, 茅tablit聽dans et par la langue聽des rapports dont d茅coulera un sens ou plut么t聽du聽sens que j'appellerai sens聽produit. 禄 (p. 17-18) 芦 [Simon cite 脿 nouveau Tynianov dans聽De l'茅volution litt茅raire] 鈥� J'appelle聽fonction constructive聽d'un 茅l茅ment de l'oeuvre litt茅raire comme 蝉测蝉迟猫尘别, sa possibilit茅 d'entrer en corr茅lation avec les autres 茅l茅ments du m锚me 蝉测蝉迟猫尘别 et par cons茅quent avec le 蝉测蝉迟猫尘别 tout entier 鈥�. Et cette proposition me semble capitale car, en quelques mots, elle ouvre au roman de tout autres perspectives et le fait acc茅der 脿 une tout autre dimension que celle d'une fable plus ou moins amplifi茅e, plus ou moins orn茅e : 脿 la conception traditionnelle, qui veut que le roman ne soit qu'une simple succession d'茅v茅nements entrecoup茅e de descriptions d茅coratives accumul茅es, il oppose maintenant la notion de聽蝉测蝉迟猫尘别, c'est-脿-dire, pr茅cis茅ment, celle d'un vaste ensemble de rapports et de jeux de miroirs. 禄 (p. 18)
芦 Claude Simon 禄, intervention de Claude Simon au colloque sur le Nouveau roman tenu 脿 l'Universit茅 de New York en 1982, dans聽Three Decades of fhe French New Novel, dir. Lois Oppenheim, trad. Lois Oppenheim et Evelyne Costa de Beauregard, Urbana et Chicago, University of Illinois Press, 1986, p. 71-86.
Note : Le texte de cette conf茅rence comprend plusieurs 茅l茅ments qui seront repris textuellement par l'auteur dans le聽Discours de Stockholm. Nous ne transcrivons pas ces 茅l茅ments dans la pr茅sente bibliographie, et renvoyons le lecteur 脿 l'entr茅e du聽Discours de Stockholm.
Discours de Stockholm, Paris, Minuit, 1986.
芦 [...] si au d茅but de notre si猫cle ces deux g茅ants que furent Proust et Joyce ont ouvert de tout autres voies, ils n'ont fait que sanctionner une lente 茅volution au cours de laquelle le roman dit r茅aliste s'est lui-m锚me, lentement, donn茅 la mort. 禄 (p. 15) 芦 C'est cette tradition [la tradition de la fable] qui, en France, 脿 travers les fabliaux du Moyen 脗ge, les fabulistes, et la com茅die dite de moeurs ou de caract猫re du XVIIe si猫cle, puis le conte philosophique du XVIIIe, a abouti au roman pr茅tendument 鈥� r茅aliste 鈥� du XIXe aspirant 脿 une vertu didactique : 鈥� Vous et quelques belles 芒mes, belles comme la v么tre, 茅crivait Balzac, comprendront ma pens茅e en lisant聽La maison Nucingen聽accol茅e 脿聽C茅sar Birotteau. Dans ce contraste, n'y a-t-il pas tout un enseignement social ? 鈥� Hardiment novateur 脿 son 茅poque (ce qu'oublient ses 茅pigones attard茅s qui, un si猫cle et demi plus tard, le proposent en exemple), soutenu par un certain 鈥� emportement de l'茅肠谤颈迟耻谤别鈥� et une certaine d茅mesure qui le haussaient au-del脿 de ses intentions, le roman balzacien a ensuite d茅g茅n茅r茅 pour donner naissance 脿 des oeuvres qui n'en ont retenu que l'esprit purement d茅monstratif. 禄 (p. 17) 芦 Types sociaux ou psychiques 鈥� en situation 鈥�, [...] les personnages du roman traditionnel sont entra卯n茅s dans une suite d'aventures, de r茅actions en cha卯ne se succ茅dant par un pr茅tendu implacable m茅canisme de causes et d'effets qui peu 脿 peu les conduit 脿 ce d茅nouement qu'on a appel茅 le 鈥� couronnement logique du roman 鈥�, d茅montrant le bien-fond茅 de la th猫se soutenue par l'auteur exprimant ce que son lecteur doit penser des hommes, des femmes, de la soci茅t茅 ou de l'Histoire鈥� L'ennui, c'est que ces 茅v茅nements soi-disant d茅termin茅s et d茅terminants ne d茅pendent que du bon vouloir de celui qui les raconte [鈥. Sans doute est-ce l脿 l'une des raisons du ph茅nom猫ne paradoxal qui fait que, dans le m锚me temps qu'il na卯t, le roman r茅aliste commence d茅j脿脿 travailler 脿 sa propre destruction. Tout semble en effet se passer comme si, prenant conscience de la faiblesse du proc茅d茅 auquel ils ont recours pour faire passer leur message didactique [...], ces auteurs avaient confus茅ment ressenti le besoin, pour rendre leurs fables plus convaincantes, de leur donner une 茅paisseur mat茅rielle. [鈥 Avec Balzac, on voit appara卯tre de longues et minutieuses descriptions de lieux ou de personnages, descriptions qui au cours du si猫cle se feront non seulement de plus en plus nombreuses mais, au lieu d'锚tre confin茅es au commencement du r茅cit ou 脿 l'apparition des personnages, vont se fractionner, se m锚ler 脿 doses plus ou moins massives au r茅cit de l'action, au point qu'脿 la fin elles vont jouer le r么le de cheval de Troie et expulser tout simplement la fable 脿 laquelle elles 茅taient cens茅es donner corps [...]. 禄 (p. 18-20) 芦 [...] il semble aujourd'hui l茅gitime de revendiquer pour le roman (ou d'exiger de lui) une cr茅dibilit茅, plus fiable que celle, toujours discutable, qu'on peut attribuer 脿 une fiction, une cr茅dibilit茅 qui soit conf茅r茅e au texte par la pertinence des rapports entre ses 茅l茅ments, dont l'ordonnance, la succession et l'agencement ne rel猫veront plus d'une 肠补耻蝉补濒颈迟茅 ext茅rieure au fait litt茅raire, comme la 肠补耻蝉补濒颈迟茅 d'ordre psycho-social qui est la r猫gle dans le roman traditionnel dit r茅aliste, mais d'une 肠补耻蝉补濒颈迟茅 int茅rieure, en ce sens que tel 茅v茅nement, d茅crit et non plus rapport茅, suivra ou pr茅c茅dera tel autre en raison de leurs seules 辩耻补濒颈迟茅s propres. 禄 (p. 20-22) 芦 S'il s'est produit une cassure, un changement radical dans l'histoire de l'art, c'est lorsque des peintres, bient么t suivis par des 茅crivains, ont cess茅 de pr茅tendre re辫谤茅蝉别苍迟别谤 le monde visible mais seulement les impressions qu'ils en recevaient. 禄 (p. 26) 芦 Posant la question : 鈥� Qu'est-ce que le 'r茅alisme' ? 鈥�, Roman Jakobson observe que l'on a coutume de juger du r茅alisme d'un roman non pas en se r茅f茅rant 脿 la 鈥� r茅alit茅鈥� elle-m锚me (un m锚me objet a mille aspects) mais 脿 un genre litt茅raire qui s'est d茅velopp茅 au si猫cle dernier. C'est oublier que les personnages de ces r茅cits n'ont d'autre r茅alit茅 que celle de l'茅肠谤颈迟耻谤别 qui les instaure [...]. En fait, de m锚me que la peinture lorsqu'elle prenait pour pr茅texte telle sc猫ne biblique, mythologique ou historique [...], ce que l'茅肠谤颈迟耻谤别 nous raconte, m锚me chez le plus naturaliste des romanciers, c'est sa propre aventure et ses propres sortil猫ges. Si cette aventure est nulle, si ces sortil猫ges ne jouent pas, alors un roman, quelles que puissent 锚tre par ailleurs ses pr茅tentions didactiques ou morales, est nul lui aussi. 禄 (p. 29)
芦 Probl猫mes que posent le roman et l'茅肠谤颈迟耻谤别禄, discours prononc茅 par Claude Simon lors de la r茅ception d'un doctorat聽honoris causa聽d茅cern茅 par l'Universit茅 de Bologne en 1989, dans聽Francofonia, vol. 10, no 18, printemps 1990, p. 3-10.
芦 [Simon cite Lanson 脿 propos de la 芦 tendance pratique 禄 du temp茅rament fran莽ais, en raison de laquelle il 鈥� r茅pugne 脿 introduire l'id茅e de l'art dans la 濒颈迟迟茅谤补迟耻谤别鈥� (p. 3)] De l脿, ce fort courant qui a longtemps port茅 chez nous 脿 consid茅rer celle-ci (et en particulier le roman) comme une sorte d'instrument utilitaire, destin茅 au divertissement en m锚me temps qu'脿 l'茅dification ou l'instruction du lecteur et dans lequel celui-ci peut puiser des le莽ons de morale, de conduite, de psychologie, de comportement, de l脿 cette pr茅dilection pour le roman-fable ou le conte philosophique [...]. [...] Non pas (il faut s'empresser de le dire) que tout soit l脿脿 rejeter, ne serait-ce qu'en observant que Balzac a 茅t茅, 脿 son 茅poque, un prodigieux novateur, que personne avant lui n'avait 茅crit ainsi, et qu'en d茅pit de sa lourdeur et de sa grossi猫ret茅 il a ouvert la voie au roman moderne qui, 脿 partir de lui, a suivi deux chemins tr猫s diff茅rents, c'est-脿-dire que : D'une part, [...] il s'est efforc茅 [...] de rendre ces fables plus cr茅dibles, plus frappantes, en leur donnant pour ainsi dire un corps, une consistance, par l'introduction [...] de descriptions enfin sorties des st茅r茅otypes employ茅s jusque-l脿, descriptions qui, au cours du XIXe, vont jouer le r么le d'une sorte de v茅ritable 鈥� Cheval de Troie 鈥� au point de, finalement, avec Proust, expulser totalement la fable du roman. D'autre part, loin 脿 l'Est et de fa莽on paradoxale, 脿 partir de la s茅duction exerc茅e par le 鈥� roman social 鈥�, va na卯tre avec Dosto茂evski (traducteur de聽La Cousine Bette聽et grand admirateur d'Eug猫ne Sue) un type de roman en tout point oppos茅, c'est-脿-dire o霉 l'ambigu茂t茅, l'茅quivoque, le polys茅mique, l'ind茅cis, viennent prendre la place de ces caricaturales histoires anim茅es par les fantoches que nous proposent le roman naturaliste [...]. 禄 (p. 4-5) 芦 Aucune esp猫ce de morale ne ressort d'Ulysse, du聽Temps retrouv茅聽ou de聽Six personnages en qu锚te d'auteur. [...] De Russie avec Dosto茂evski, d'Irlande avec Joyce le Triestin, de France avec Proust, d'Italie avec Pirandello, voici donc qu'est apparue une forme de 濒颈迟迟茅谤补迟耻谤别 en tout point oppos茅e 脿 cette traditionnelle 鈥� tendance pratique 鈥� du temp茅rament fran莽ais. Jusque-l脿 simple v茅hicule d'un sens institu茅, le roman se met 脿 exister en tant que structure, c'est-脿-dire que le sens ne pr茅c猫de pas l'茅肠谤颈迟耻谤别, il n'est plus 鈥� exprim茅鈥� (pas plus que le monde n'est 鈥� reproduit 鈥�) mais, 脿 l'inverse,听produit聽par le travail de l'茅crivain dans et par la langue et, naturellement, pluriel... Et d猫s lors, bien 茅videmment, tout change : [...] un tout autre genre de composition s'impose de soi : ce n'est plus leur ordre chronologique qui va d茅cider de l'encha卯nement ou du voisinnage des 茅v茅nements 茅crits mais, comme dans tout art, [...] les effets d'association ou de contrastes, d'harmonies ou de dissonances, d'oppositions ou de d茅rapages, de reprises, de variations, de p茅riodicit茅 : au principe de聽肠补耻蝉补濒颈迟茅聽qui pr茅dominait dans le roman traditionnel se substitue le principe de聽辩耻补濒颈迟茅. 禄 (p. 5-6) 芦 Et il y a quelques ann茅es encore, j'assistais, en Finlande, 脿 un colloque dont le th猫me 茅tait 鈥� Crise de la 濒颈迟迟茅谤补迟耻谤别, crise du roman 鈥�. J'ai essay茅 de dire alors que des expressions comme celles-l脿茅taient tautologiques, une des caract茅ristiques de la 濒颈迟迟茅谤补迟耻谤别, comme de l'art ou de la science, 茅tant de se trouver toujours en crise, c'est-脿-dire de ne jamais se satisfaire de l'acquis, des formes ou des valeurs reconnues, de les remettre constamment en question, de d茅couvrir de nouveaux rapports, ce qui veut dire encore d茅couvrir en quelque sorte chaque fois un monde nouveau. 禄 (p. 9-10)
芦 Pr茅face 禄脿聽Orion aveugle, Gen猫ve, Skira, coll. 芦 Les sentiers de la cr茅ation 禄, 1970, p. 6-15.
芦 Et voici que ce sentier ouvert par聽Orion aveugle聽me semble maintenant devoir se continuer quelque part. Parce qu'il est bien diff茅rent du chemin que suit habituellement le romancier et qui, partant d'un 鈥� commencement 鈥� aboutit 脿 une 鈥� fin 鈥�. Le mien, il tourne et retourne sur lui-m锚me, comme peut le faire un voyageur 茅gar茅 dans une for锚t, revenant sur ses pas, repartant, tromp茅 (guid茅 ?) par la ressemblance de certains lieux pourtant diff茅rents et qu'il croit reconna卯tre, ou, au contraire, les diff茅rents aspects du m锚me lieu, son trajet se recoupant fr茅quemment, repassant par des places d茅j脿 travers茅es, [...] et il peut m锚me arriver qu'脿 la 鈥� fin 鈥� on se retrouve au m锚me endroit qu'au 鈥� commencement 鈥�. Aussi ne peut-il avoir d'autre terme que l'茅puisement du voyageur explorant ce paysage in茅puisable. 脌 ce moment se sera peut-锚tre fait ce que j'appelle un roman (puisque, comme tous les romans, c'est une fiction mettant en sc猫ne des personnages entra卯n茅s dans une action), roman qui cependant ne racontera pas l'histoire exemplaire de quelque h茅ros ou h茅ro茂ne, mais cette tout autre histoire qu'est l'aventure singuli猫re du narrateur qui ne cesse de chercher, d茅couvrant 脿 t芒tons le monde dans et par l'茅肠谤颈迟耻谤别. 禄 (p. 13-15)
芦 Instantan茅. Claude Simon 禄, entretien avec G茅rard d'Aubar猫de, dans聽Les Nouvelles litt茅raires, 7 novembre 1957, p. 7.
芦 J'ai beaucoup pratiqu茅 Joyce, en effet. Je le consid猫re comme un des ma卯tres du roman contemporain. J'ai lu aussi avec int茅r锚t Samuel Beckett [鈥. [Question : Sans doute avez-vous lu aussi avec profit les romanciers am茅ricains contemporains ?] Oui, surtout Faulkner. Je dois dire que les 濒颈迟迟茅谤补迟耻谤别s anglo-saxonnes et la 濒颈迟迟茅谤补迟耻谤别 russe poss猫dent, 脿 mon avis, de plus authentiques romanciers que la n么tre鈥� Balzac et Proust mis 脿 part, bien entendu ! 禄 (p. 7)
芦 Avec聽La Route des Flandres, Claude Simon affirme sa mani猫re 禄, entretien avec Claude Sarraute, dans聽Le Monde, 8 octobre 1960, p. 9.
芦 De m锚me qu'脿 partir de quelques ruines l'arch茅ologue reconstitue un temple entier, il me semble qu'脿 partir de quelques 茅l茅ments du souvenir, de ce qu'on peut savoir de la vie des autres, il est possible de reconstituer un ensemble de choses v茅cues, senties. L'arch茅ologue comble les lacunes d'un monument en ruines par du ciment gris芒tre. Pour moi, je refuse ce proc茅d茅, qui invente un ordre dont on ne saura jamais s'il est authentique. 禄 (p. 9) 芦 Je ne comble pas les vides. Ils demeurent comme autant de fragments. Ces bribes de souvenir, pourquoi chercher 脿 les classer en un ordre chronologique ? Je ne me soucie pas de ce qu'on pourrait appeler la perspective du temps. [鈥 Dans la m茅moire, tout se situe sur le m锚me plan : le dialogue, l'茅motion, la vision coexistent. Ce que j'ai voulu, c'est forger une structure qui corresponde 脿 cette vision des choses, qui me permette de 辫谤茅蝉别苍迟别谤 les uns apr猫s les autres des 茅l茅ments qui dans la r茅alit茅 se superposent, de retrouver une architecture purement sensorielle. 禄 (p. 9)
芦 Entretien avec Claude Simon 禄, entretien avec Madeleine Chapsal, dans聽L'Express, 10 novembre 1960, p. 30-31.
芦 Dans le roman traditionnel, on a toujours pens茅, d'une fa莽on 脿 mon sens assez na茂ve, qu'il s'agissait simplement de traduire de la dur茅e par de la dur茅e. [鈥 Pour moi, il ne s'agit pas du tout de traduire du temps, de la dur茅e, mais de rendre du simultan茅. Dans la peinture aussi, le peintre doit ramener 脿 deux dimensions un monde qui en a trois. En 濒颈迟迟茅谤补迟耻谤别, le probl猫me est 茅galement de transposer d'une dimension dans une autre : traduire dans la dur茅e, dans le temps, des images qui dans la m茅moire coexistent. 禄 (p. 30) 芦 Les gens qui 茅crivent s'imaginent g茅n茅ralement qu'il faut tout dire, ou plut么t qu'il ne doit pas y avoir de trous. Alors ils remplacent les moments d'absence, qui existent dans la r茅alit茅, ceux o霉 ils n'ont rien senti, rien per莽u du tout, par une esp猫ce de ciment gris芒tre, qui doit faire le lien, et qui me para卯t tr猫s faux鈥� 禄 (p. 30) 芦 [Question : Qui sont vos auteurs favoris ? R茅ponse :] J'aime Conrad, Proust, Joyce, Faulkner, tout ce qui me donne beaucoup 脿 voir, 脿 toucher, 脿 sentir, 脿 entendre鈥� Ce qui m'a le plus touch茅, je crois que ce sont d'abord les Russes, surtout Dosto茂evsky, et puis Tch茅kov. Tout pr猫s de nous, C茅line. [...] Il y a aussi Michel Leiris. 禄 (p. 31) 芦 On ne peut pas s'exprimer en 1960 avec la phrase de Stendhal, ce serait se promener en cal猫che. 禄 (p. 31)
芦 Claude Simon, Prix de la Nouvelle Vague : 鈥� Je ne suis pas un homme orchestre 鈥� 禄, entretien avec Guy Le Clec'h, dans聽T茅moignage chr茅tien, 16 d茅cembre 1960, p. 19-20.
芦 [Question : On vous range d'ordinaire parmi les 茅crivains qui constituent l'茅cole du nouveau roman. Qu'en pensez-vous ? R茅ponse:] Je ne pense pas que l'on puisse dire qu'il y ait 鈥� 茅cole 鈥� dans le sens que l'on donne g茅n茅ralement 脿 ce mot, c'est-脿-dire un groupe de peintres ou d'茅crivains qui travaillent conform茅ment 脿 des th茅ories 茅labor茅es 脿 l'avance. [Question : Il y a pourtant entre Alain Robbe-Grillet, Nathalie Sarraute et certains autres des ressemblances. R茅ponse :] Certainement. Quoique faisant des choses tr猫s diff茅rentes, nous sommes d'accord pour rejeter une certaine 濒颈迟迟茅谤补迟耻谤别. Rejeter aussi cette conception du romancier omniscient, omnipr茅sent, du genre homme orchestre. Je ne suis pas qualifi茅 pour parler au nom des 茅crivains que vous venez de citer, mais enfin je pense qu'ils seront d'accord avec moi si je dis que nous sommes plut么t port茅s 脿 nous interroger qu'脿 nous croire qualifi茅s pour apporter au monde des messages et des recettes. 禄 (p. 19) 芦 [Question : Quelle part faites-vous aux 茅l茅ments biographiques dans vos romans ? R茅ponse :] Il m'est difficile de le discerner nettement. Ce que je puis dire, c'est que je ne parle que de ce que je connais. Pour moi, il s'agit d'abord de voir, sans aucun pr茅jug茅, aucune id茅e pr茅con莽ue et de rendre aussi nettement que possible ce que j'ai vu. 禄 (p. 19) 芦 Tout mon travail consiste 脿 rendre des sensations, des 茅motions. Je cherche 脿 faire, comme disait Lautrec, 鈥� plus ressemblant que nature 鈥�. Je veux dire par l脿 que je tente de retrouver une certaine architecture de la vie. 禄 (p. 19)
芦 Techniciens du roman. Claude Simon 禄, entretien avec Andr茅 Bourin, dans聽Les Nouvelles litt茅raires,聽29 d茅cembre 1960, p. 4.
芦 J'ai 茅t茅 profond茅ment influenc茅 par les Russes : Dosto茂evsky, Tch茅khov, entre autres.聽Les Trois soeurs, c'est聽En attendant Godot聽cinquante ans avant. Le聽Journal聽d'Andr茅 Gide m'a fait d茅couvrir les Anglo-Am茅ricains. J'ai beaucoup lu Proust et James Joyce. [Question : Faulkner aussi je pense. R茅ponse :] [鈥 Ce que je pr茅f猫re en Faulkner, c'est son c么t茅 joycien et proustien. D'ailleurs, chez lui, on retrouve toute la culture litt茅raire de l'Occident. Faulkner, c'est le Picasso de la 濒颈迟迟茅谤补迟耻谤别. 禄 (p. 4) 芦 Cette 茅tiquette de 鈥� nouveau roman 鈥� provoque une grande confusion et, parce qu'Alain Robbe-Grillet est un th茅oricien autant qu'un romancier, l'on croit que tous, lorsque nous 茅crivons, nous mettons des th茅ories en pratique. Cela est absolument inexact [鈥. Toutefois, il est bien 茅vident que les partisans du nouveau roman ont en commun quelques points : refus d'une certaine 濒颈迟迟茅谤补迟耻谤别 acad茅mique, conventionnelle, refus de toute intrigue : accord 鈥� du moins entre Robbe-Grillet et moi-m锚me 鈥� sur la non-signification du monde. Ce qui ne nous emp锚che pas, bien au contraire, de prendre la 濒颈迟迟茅谤补迟耻谤别 tr猫s au s茅rieux. 禄 (p. 4)
芦 Claude Simon, franc-tireur de la r茅volution romanesque 禄, entretien avec Th茅r猫se de Saint Phalle, dans聽Le Figaro litt茅raire, 6 avril 1967, p. 7.
芦脡crire, c'est se d茅couvrir. J'ai voulu [dans聽Histoire] dire l'histoire d'une sensibilit茅, des temps forts subis ou 茅prouv茅s par quelqu'un, qui marquent une m茅moire, se r茅unissent et se rassemblent spontan茅ment. Une histoire continue telle qu'on la d茅crit dans le roman traditionnel, est artificiellement reconstitu茅e : elle n'est ni per莽ue ni sentie. 禄 (p. 7) 芦 [Question : Qu'est-ce qui vous para卯t mort dans le roman traditionnel ? R茅ponse :] C'est difficile 脿 dire comme cela, en quelques mots. Par exemple, la position d'鈥� observateur privil茅gi茅鈥� du romancier : le romancier-dieu qui sait tout, conna卯t tout. Nous 茅tions aussi d'accord, je crois, pour affirmer l'identit茅 du fond et de la forme et rejeter la conception d'un temps lin茅aire. 禄 (p. 7) 芦 Un roman de type classique qui raconte une histoire au sens traditionnel du terme a in茅vitablement un caract猫re d茅monstratif. Les personnages, les 茅v茅nements, y sont exemplaires : on d茅crit l'avare, l'茅go茂ste, l'ambitieux, la soci茅t茅 de consommation ou je ne sais quoi encore. On moralise et on philosophe. La fa莽on dont les 茅v茅nements rapport茅s s'enclenchent les uns les autres et qui, en r茅alit茅, ne d茅pend que du bon vouloir de l'auteur, y est pr茅sent茅e comme in茅vitable : le monde est ainsi, et pas autrement. [Intervention de l'interviewer : Mais il est vrai pour le romancier ! Il y croit le premier. R茅ponse :] C'est son droit. Ce que je lui reproche, c'est d'茅crire un roman, une fiction 脿 laquelle pour accr茅diter ses th猫ses il donne toutes les apparences d'un r茅cit de faits r茅els. 禄 (p. 7)
芦 Le roman se fait, je le fais et il me fait 禄, entretien avec Josane Duranteau, dans Les Lettres fran莽aises, 13-19 avril 1967, p. 3-4.
芦 Je lis des auteurs contemporains ; et je relis beaucoup Dosto茂evsky et Proust. [...] si vous voulez parler d'influence, il faut citer aussi Tch茅khov, que j'aime beaucoup, et Joyce et Faulkner. 禄 (p. 4) 芦 Quand on entend parler du Nouveau Roman, on pourrait croire qu'il existe une th茅orie pr茅con莽ue, appliqu茅e, illustr茅e par les romanciers. Mais ce n'est pas vrai du tout. Le roman traditionnel, la plupart du temps, est une histoire exemplaire charg茅e d'illustrer la th猫se de l'auteur. Une s茅rie d'茅v茅nements, 脿 la fois d茅termin茅s et d茅terminants, s'y enclenchent de fa莽on d茅monstrative [...]. La chronologie joue alors un grand r么le, puisque c'est la fa莽on dont les 茅v茅nements se suivent dans le temps des horloges, qui pr茅tend 锚tre d茅monstrative. Cependant, il me semble que ce n'est pas le r么le du roman : le roman ne聽prouve聽rien, puisque tout sort du cerveau de l'auteur. Et le romancier moderne n'a aucune comp茅tence particuli猫re pour faire valoir ses th猫ses, sociologiques ou psychologiques [...]. Qu'est-ce alors que le roman ? Il peut 锚tre une oeuvre purement amusante, 鈥� dont on suit l'intrigue avec curiosit茅, comme 脿 la lecture des romans policiers. Ce divertissement est assez superficiel. Mais le roman peut 锚tre encore autre chose. S'il ne peut avoir l'ambition de d茅couvrir le r茅el, puisque le romancier, r茅duit 脿 lui-m锚me, n'a que ses faibles facult茅s psychiques et physiques, il lui est permis au moins de 辫谤茅蝉别苍迟别谤 ces perceptions comme douteuses et contestables. Si je dis les choses comme je les sens, si je cherche 脿 d茅crire cette conscience confuse, je renonce du m锚me coup au temps des horloges et 脿 la chronologie d茅monstrative des 茅v茅nements. Entre les faits s'茅tablissent des rapprochement tout autres, un ordre qualitatif. Ce n'est pas une th猫se qui donnera au roman sa signification, c'est une exp茅rience et une constatation. Le roman se fait, je le fais et il me fait. 禄 (p. 4)
芦鈥� Rendre la perception confuse, multiple et simultan茅e du monde 鈥� 禄, entretien avec Jacqueline Piatier, dans聽Le Monde, 26 avril 1967,听Le Monde des livres, p. V.
芦 J'茅cris mes livres comme on ferait un tableau. Tout tableau est d'abord une composition. 禄 (p. V) 芦 [Question : Comment vous situez-vous dans le 鈥� nouveau roman 鈥� ? R茅ponse :] Il faudrait savoir d'abord ce qu'est le 鈥� nouveau roman 鈥�. On en fait une 茅cole. Mais nous ne nous connaissions pas. [...] Nous voulions tous rejeter certains aspects du roman traditionnel qui nous paraissaient faux aujourd'hui. Mais sur ce qu'il fallait faire positivement, nous n'茅tions plus d'accord du tout. 禄 (p. V)
芦 Claude Simon. Un 茅crivain qui ne veut 锚tre qu'un 茅crivain 禄, entretien avec Celia Bertin, dans聽Arts et Loisirs, 19-25 avril 1967, p. 14-16.
芦 J'aime la peinture. C'est, pour moi, un art sup茅rieur 脿 la 濒颈迟迟茅谤补迟耻谤别. On a envie de rouge, on presse le tube et on l'茅tale sur la toile. Quel merveilleux sentiment ! On n'est pas oblig茅 de recourir 脿 l'interm茅diaire du langage pour traduire ses sensations. On les exprime directement. 禄 (p. 16)
芦 Claude Simon a d茅couvert 脿 cinquante-quatre ans le plaisir d'茅crire 禄, entretien avec Guy Le Clec'h, dans聽Le Figaro litt茅raire, 4-10 d茅cembre 1967, p. 22-23.
芦 Dans le roman traditionnel, personnages et 茅v茅nements sont rassembl茅s selon l'ordre chronologique, qui lui-m锚me ob茅it au hasard. Les faits, les gens, dans聽Histoire, se groupent selon des affinit茅s sensorielles et 茅motionnelles. 禄 (p. 22)
芦 Claude Simon : 鈥� Il n'y a pas d'art r茅aliste 鈥� 禄, entretien avec Madeleine Chapsal, dans La Quinzaine litt茅raire, 15-31 d茅cembre 1967, p. 4-5.
芦 [Question : Tout semble si fortement structur茅 dans聽Histoire... R茅ponse :] 脟a l'est. [鈥 Il est d'autant plus n茅cessaire que tout soit rigoureusement b芒ti que les 茅l茅ments ne sont plus r茅unis entre eux par leur simple succession chronologique, comme dans le roman traditionnel. L脿, c'est simplement, le hasard, le fortuit [鈥 qui relient les 茅v茅nements. Si l'on y r茅fl茅chit, c'est assez incoh茅rent. Il me semble plus int茅ressant de chercher comment peuvent se grouper les images, les 茅v茅nements, en fonction de ce qui les apparente : une certaine coloration, des 辩耻补濒颈迟茅s communes. Tout mot, toute image, suscite un ensemble d'harmoniques et de compl茅mentaires鈥� 禄 (p. 4) 芦 [脌 propos du 鈥� programme 鈥� du Nouveau roman] Je n'ai jamais entendu parler d'un programme. Nous ne nous connaissions pas et nous avions tous d茅j脿 pas mal 茅crit avant de nous trouver r茅unis aux 脡ditions de Minuit. Je crois que ce que l'on peut dire c'est que nous nous trouvons spontan茅ment d'accord pour rejeter un certain nombre de conventions qui r茅gissent le roman traditionnel. Mais 脿 partir de l脿, chacun de nous oeuvre selon son temp茅rament. Et heureusement ! 禄 (p. 4) 芦 [Question : Par rapport 脿 d'autres auteurs du Nouveau Roman, n'y a-t-il pas, chez vous, cette diff茅rence que la r茅alit茅 existe ? R茅ponse :] Je ne comprends pas tr猫s bien ce que vous entendez par l脿. Les choses existent, naturellement. [鈥 Mais il n'y a pas que cette 鈥� r茅alit茅鈥�-l脿, et ce n'est pas de cela qu'il s'agit en 茅肠谤颈迟耻谤别. Je ne crois pas au r茅alisme en 濒颈迟迟茅谤补迟耻谤别 pour la bonne raison que c'est impossible : il n'y a pas d'art r茅aliste, m锚me pour le plus naturaliste des romanciers ou le plus figuratif des peintres. 禄 (p. 5) 芦 Le roman traditionnel, que l'auteur l'ait voulu ou non, prend in茅vitablement le caract猫re d'une d茅monstration de th猫se. Sociologique, psychologique, ou, le plus souvent, les deux 脿 la fois. 禄 (p. 5)
芦 Interview avec Claude Simon 禄, entretien avec Bettina L. Knapp, dans聽Kentucky Romance Quarterly, vol. 16, no 2, 1969, p. 179-190.
芦 [Question : Qui vous a le plus influenc茅 dans le domaine de la 濒颈迟迟茅谤补迟耻谤别, du roman ? R茅ponse :] Beaucoup de choses et assez curieusement peu d'茅crivains fran莽ais, sauf Proust ; beaucoup plus les Russes : Dostoyevsky, Chechov : parmi les Anglo-Saxons, Joyce, Faulkner, et peut-锚tre d'une fa莽on moins directe et plus souterraine Kafka. [...] La po茅sie me touche assez peu, ou bien alors il faut qu'elle soit sublime. Certaines choses de Rimbaud, de Mallarm茅, de Val茅ry. 禄 (p. 180) 芦 Tout ce qu'on peut 茅crire c'est non pas le monde ext茅rieur mais sa projection en nous. [鈥 On ne fait jamais que son propre portrait. La vie des autres pas plus que l'existence d'un objet 鈥� je ne pense pas qu'un romancier puisse la conna卯tre. Je disais autrefois : il est possible de reconstituer 脿 partir de choses v茅cues, senties. Aujourd'hui, apr猫s avoir r茅fl茅chi, je ne pense plus qu'on puisse 鈥� reconstituer 鈥� quoi que ce soit. Ce que l'on constitue c'est un texte et ce texte ne correspond qu'脿 une seule chose : 脿 ce qui se passe dans l'茅crivain au moment o霉 il 茅crit. 禄 (p. 182) 芦 On conna卯t la fameuse d茅finition de Stendhal et que les romanciers traditionnels ont fait leur : un roman c'est un miroir promen茅 le long d'un chemin. Pour moi ce n'est pas 莽a du tout. C'est plut么t au contraire une tr猫s grande glace fixe o霉 se refl猫te en m锚me temps tout ce que l'on a 脿 dire. Parce que si l'on essaie un peu de voir ce qui se passe en nous lorsque le pass茅 nous revient 脿 la m茅moire, on s'aper莽oit que ce sont un tas de choses, d'associations, qui resurgissent toutes m锚l茅es, en un instant. [鈥. La question n'est plus de d茅crire successivement des choses qui se produisent successivement dans une dur茅e, mais de d茅crire un tas de sensations ou d'images simultan茅es, et cela avec le seul instrument que nous ayons 脿 notre disposition : le langage, c'est-脿-dire dans une dur茅e. [...] Le temps romanesque ne peut donc pas 锚tre lin茅aire, coll茅鈥� un fil sur lequel les 茅v茅nements viennent se placer les uns apr猫s les autres comme dans le temps des horloges ; mais au contraire une sorte d'englobant, une sorte de g茅latine ou de mati猫re plastique transparente dans laquelle tous les 茅l茅ments du roman sont enserr茅s et dans laquelle ils coexistent, simultan茅ment. Et alors se pose cette question : dans quel ordre vais-je dire toutes ces choses qui en r茅alit茅 sont simultan茅es et qui n'ont pas d'ordre ? On voit que toutes les constructions qui vont se faire (et je parlais de la musique tout 脿 l'heure) vont ob茅ir 脿 de toutes autres lois que dans le roman traditionnel o霉 la seule r猫gle 鈥� ou plut么t convention 鈥� 茅tait de faire se succ茅der, les uns apr猫s les autres dans une dur茅e, des 茅v茅nements dont le seul ordre de succession 茅tait celui dans lequel ils 茅taient cens茅s s'锚tre produits dans le temps des horloges [鈥. 禄 (p. 184-185)
芦 Pas de crise du roman fran莽ais 禄, entretien avec Richard Garzarolli, dans聽La Tribune de Lausanne, 7 juin 1970, p. 25, 27.
芦 [Question : Que pensez-vous de ce qu'on appelle ces temps-ci la crise du roman fran莽ais ? R茅ponse :] Ce que les gens appellent crise, c'est quoi ? C'est une remise en question de la 濒颈迟迟茅谤补迟耻谤别. Autrement dit, l'essence m锚me de l'art. [鈥 Je n'appelle pas cette situation de remise en question une crise, au contraire, il s'agit d'une grande vitalit茅. 禄 (p. 27)
芦 Claude Simon : le jeu de la chose et du mot 禄, entretien avec Guy Le Clec'h, dans聽Les Nouvelles litt茅raires, 8 avril 1971, p. 6.
芦 Mais enfin, puisque vous parlez de 鈥� querelle 鈥�, sans doute peut-on dire, en effet, qu'脿 partir de Flaubert le roman s'est divis茅 en deux courants assez divergents : d'un c么t茅, le naturalisme, avec Zola et ceux qui ont poursuivi dans cette voie : de l'autre c么t茅, Flaubert et les p猫res du roman moderne : Joyce, Proust, Kafka, qui ont ouvert une autre voie鈥� 禄 (p. 6)
Entretiens radiophoniques avec Francine Mallet, diffus茅s sur France Culture les 14, 15, 17 et 18 mai 1971.
芦 [...] je pense comme Proust l'a dit que la seule m茅moire valable, c'est ce qu'il appelle la 鈥� m茅moire involontaire 鈥�, parce que la m茅moire fait un tri, et ne garde que l'essentiel. Proust dit 鈥� le souvenir involontaire nous rapporte les choses dans un dosage exact de m茅moire et d'oubli 鈥�, ce sont les termes qu'il emploie, et je crois que c'est important, 鈥� nous faisant go没ter la m锚me sensation dans une circonstance tout autre, par cons茅quent il la lib猫re de toute contingence et il nous en donne l'essence extra-temporelle 鈥�. Et puis, il ne s'agit pas pour un romancier, enfin du moins pour moi, et je crois pour personne, de recr茅er le pass茅, mais de produire quelque chose ; je m'aper莽ois de plus en plus de 莽a. 禄 (15 mai 1971) 芦 Je pense qu'on a parl茅 de la d茅sarticulation de la phrase comme on a parl茅 de la d茅sarticulation de l'anecdote, parce que, encore une fois, toute une 茅cole critique et encore beaucoup de gens continuent 脿 consid茅rer comme une continuit茅 la continuit茅 de l'anecdote dans le temps et ne se pr茅occupent pas de la continuit茅 du texte. Toute une certaine 茅cole de critiques continuent 脿 penser que le texte est une esp猫ce de chose transparente, qui ne doit pas exister en soi-m锚me, et qui doit s'effacer, comme on dit, derri猫re l'histoire, derri猫re ce qu'il raconte, formule assez bizarre, quand on pense que, dans un livre, ce que nous savons, c'est par le texte, et uniquement [...]. 禄 (15 mai 1971) 芦 [...] je dois beaucoup, sous certains rapports, 脿 Faulkner, comme Faulkner doit beaucoup 脿 Joyce et 脿 Conrad [...]... C'est ce qui m'a souvent g锚n茅 dans l'appellation 鈥� Nouveau roman 鈥�, vous savez, on ne sort pas de rien, s'il n'y avait pas eu avant nous Proust, Joyce, Kafka, Faulkner, bien nous n'aurions pas 茅crit ce que nous 茅crivons, c'est pas de la cr茅ation, c'est encore de la production 脿 partir de quelque chose. 禄 (15 mai 1971)
芦 R茅ponses de Claude Simon 脿 quelques questions 茅crites de Ludovic Janvier 禄, dans聽Entretiens, no 31 :聽Claude Simon, dir. Marcel S茅guier, Rodez, Subervie, 1972, p. 15-29.
芦 Bien s没r, dans les romans que j'appellerais non pas traditionnels (comme l'a dit Harold Rosenberg, la tradition en art c'est 芦 la tradition du nouveau 禄) mais plut么t conventionnels (et non pas 芦 balzaciens 禄, comme le font abusivement certains critiques en oubliant que les formes romanesques de Balzac 茅taient : a) absolument neuves et propres 脿 Balzac et b) 茅troitement li茅es 脿 un moment tr猫s pr茅cis de l'histoire dont nous sommes loin)... dans ces sortes de romans, donc, l'茅肠谤颈迟耻谤别 pr茅tend 芦 narrer 禄 ou 芦 raconter 禄 les aventures d'un ou plusieurs personnages 芦 comme cela se passe dans la vie 禄, c'est-脿-dire se succ茅dant de fa莽on lin茅aire dans le temps des horloges. Cette 茅肠谤颈迟耻谤别 narrative feint [...] de se calquer sur la continuit茅 et le cheminement de ce temps que l'auteur est cens茅 suivre pas 脿 pas. Et je dis cens茅 parce que, en fait, m锚me dans le plus plat de ces sortes de romans, on assiste 脿 une s茅rie d'acc茅l茅rations ou de d茅c茅l茅rations parfaitement 鈥� irr茅alistes 鈥�. Mais en fin de compte et en d茅pit de ces quelques concessions, la succession d'images, de descriptions [...] que l'on nous propose, se fait l脿 dans une sorte de cacophonie scripturale, et sans le moindre souci d'une v茅ritable continuit茅 de l'茅肠谤颈迟耻谤别. 禄 (p. 18) 芦 L'explication de cette attitude en pr茅sence des romans, c'est que Martineau et Faguet (et leurs innombrables 茅pigones) consid猫rent Julien Sorel et autres 鈥� h茅ros 鈥�, comme des personnes 鈥� r茅elles 鈥�. Pourtant聽Le Rouge et le noir聽est un roman, donc, par d茅finition, une fiction. Mais puisqu'il s'agit de fictions, qu'est-ce que l'茅肠谤颈迟耻谤别 nous narre ? Il ne s'agit pas de comptes rendus d'茅v茅nements qui se sont effectivement produits et comme nous pouvons en lire dans les journaux, mais [...] d'aventures, d'茅v茅nements, de personnages qui n'ont d'autre 鈥� r茅alit茅鈥� que celle dans laquelle l'茅肠谤颈迟耻谤别 les instaure, n'ont d'existence que par elle. Alors, dans ces conditions, comment diable [...] l'茅肠谤颈迟耻谤别 pourrait-elle 鈥� s'effacer 鈥� derri猫re un r茅cit et des 茅v茅nements qui n'existent que par elle ? En fait, ce que l'茅肠谤颈迟耻谤别 nous narre, ce sont sa propre aventure et ses sortil猫ges. Et si cette aventure est nulle, si ces sortil猫ges ne jouent pas, alors, le roman, quelles que puissent 锚tre par ailleurs ses pr茅tentions didactiques ou morales, est lui aussi, tout simplement, nul. 禄 (p. 20) 芦 Ce que j'ai voulu dire, c'est qu'脿 partir du moment o霉 l'on n'茅crit plus une histoire 脿 pr茅tentions exemplaires comme dans le roman conventionnel o霉 l'intrigue est toujours plus ou moins au service d'une d茅monstration quelconque [...], l'茅肠谤颈迟耻谤别, alors, et ses n茅cessit茅s propres prennent de plus en plus d'importance, et que si un ou plusieurs des 茅l茅ments ou des 茅v茅nements th茅matiques peuvent en effet se trouver fragment茅s [...], par contre le texte, lui, va 辫谤茅蝉别苍迟别谤 une bien plus grande continuit茅 puisque ses articulations, ses charni猫res, sa progression, ne d茅pendront plus que des relations qualitatives entre les 茅l茅ments qui le constituent. Et je dirais que ce que ce texte聽narre聽alors sans plus de faux semblants, c'est cette continuit茅 m锚me, la fa莽on dont il se construit peu 脿 peu, cette progression qu'il guide lui-m锚me : [...] le聽sujet聽du roman, c'est cela. 禄 (p. 21-22)
聽芦 Interview with Claude Simon 禄, entretien avec Claud DuVerlie, trad. J. et I. Rodgers, dans聽Sub-stance, no 8, hiver 1974, p. 3-20.
芦 People sometimes say to me : 鈥� I find you difficult to read ! 鈥� To which I answer:聽鈥� If you try to recast my novels into a story such as Balzac wrote, then I am not only difficult to read, I am simply impossible to read. When we look at a Klee or a Mir贸, do we try to recreate a Cranach or a Velasquez ? No, we look at them for what they are. Why don't we do the same with modern literature ? " I am absolutely dismayed by the reactionary approach to modern literature. 禄 (p. 8) 芦 I use no specific technique ; I procede through trial and error. With each new work, I must start from scratch. L茅vi-Strauss used the term 鈥� bricolage 鈥� (which had already been suggested by the Cercle de Prague). [...] Having said this, I still think it is high time to do away with the dismaying fatuity of the novelist who believes he knows and can represent the world 鈥� as it is... 鈥� 禄 (p. 9)
芦 Claude Simon, 脿 la question 禄, r茅ponses de Claude Simon aux questions des participants au colloque tenu 脿 Cerisy en 1974, dans聽Claude Simon : analyse, th茅orie, dir. Jean Ricardou, Paris, UGE, coll. 芦 10/18 禄, 1975, p. 403-431.
芦 Alors pourquoi ne pas prendre le roman moderne comme la peinture moderne, c'est-脿-dire n'y chercher que ce qu'il propose ? Il y a l脿, bien s没r, un changement dans la fa莽on de lire. 禄 (p. 407) 芦 Dans un texte litt茅ralement proph茅tique, puisqu'il a 茅t茅 publi茅 en 1927, Tynianov pressent un v茅ritable renversement de priorit茅 entre ce qu'il 茅tait jusque-l脿 convenu d'appeler l'action d'un roman et la description, celle-ci, dans un certain 蝉测蝉迟猫尘别 litt茅raire, 茅tant r茅duite 脿 un r么le d'auxiliaire, ralentissant l'action [...], alors que, dans un autre 蝉测蝉迟猫尘别, la description pourrait bien devenir au contraire l'茅l茅ment dominant, l'鈥� action 鈥� ne servant plus alors que de pr茅texte 脿 les accumuler. [...] Pour en revenir au roman et 脿 la fonction de la description dans celui-ci, il serait passionnant [...] d'analyser, dans la perspective r茅cit/action/description, le long tableau de l'apparition du groupe des jeunes filles sur la digue de Balbec, et on pourrait se demander comment le lecteur qui, comme Breton ou Montherlant, 鈥� sauterait 鈥� ces douze ou quinze pages (peut-锚tre les plus fortes de toute la 濒颈迟迟茅谤补迟耻谤别 fran莽aise) pourrait poursuivre sans inconv茅nient la lecture du roman [...], et, s'il poursuivait n茅anmoins sa lecture, alors, qu'est-ce que serait celle-ci ? (il est vrai que la plupart des lecteurs ne voient dans la聽Recherche聽qu'un subtil exercice d'analyse psychologique...). 禄 (p. 409-410) 芦 Parce qu'脿 partir du moment o霉 le roman ne repose plus sur une 鈥� fable 鈥� plus ou moins 鈥� exemplaire 鈥� (psychologique ou sociologique), il est certain que l'on est amen茅脿 rechercher d'autres principes (ou d'autres structures) pour sa composition et son 茅laboration. Mais, encore, pourquoi parler de 鈥� limites 鈥� ? Un champ de recherches (bas茅 en fait sur une combinatoire) est pratiquement illimit茅鈥� 禄 (p. 412)
芦 Un entretien avec Claude Simon 禄, entretien avec Nicole Casanova, dans聽Le Quotidien de Paris, 30 septembre 1975, p. 13.
芦 La psychiatrie ou la sociologie [...] sont peut-锚tre susceptibles d'expliquer les probl猫mes humains ou d'aider 脿 les r茅soudre, ce ne peut 锚tre le propos du roman. 禄 (p. 13) 芦 L'inspiration, 莽a n'existe pas, pas plus d'ailleurs que la 鈥� spontan茅it茅鈥�. Ce sont l脿 des fables romantiques, des mots invent茅s pour nier ce qui op猫re effectivement, c'est-脿-dire le travail dont [鈥 la critique 茅vite soigneusement de parler en art ou en 濒颈迟迟茅谤补迟耻谤别, du moins depuis le XIXe si猫cle. 禄 (p. 13) 芦 En fait, dans tous mes livres, j'ai parl茅 de ce qu'on appelle les grands probl猫mes : la guerre, la r茅volution, l'amour, la faim, la mort, etc. Simplement, et parce que ce n'est pas la fonction du romancier, je ne me suis pas livr茅脿 des commentaires explicatifs ou moralisateurs. 禄 (p. 13) 芦 [...] 脌 partir du moment o霉 on ne consid猫re plus le roman comme une esp猫ce de fable exemplaire, on est amen茅脿 rechercher des structures de composition compl猫tement diff茅rentes de celles du roman traditionnel. Toute 茅肠谤颈迟耻谤别 s'inscrit, comme la musique, dans un 鈥� ton 鈥� donn茅 et un certain rythme, qu'il s'agisse de Proust, de Mallarm茅 ou de C茅line鈥� 禄 (p. 13)
芦 Claude Simon 禄, entretien avec Raymond O. 脡laho, dans聽Entretiens avec le Nouveau Roman, dir. Raymond O. 脡laho, Sherbrooke, Naaman, 1985 [entretien r茅alis茅 au milieu des ann茅es soixante-dix], p. 53-63.
芦 La conception de mes romans est diff茅rente de celle de mes amis [les nouveaux romanciers]鈥� Par contre, je crois que nous nous faisons une m锚me conception de l'茅肠谤颈迟耻谤别. C'est-脿-dire qu'au contraire de la conception traditionnelle qui postule une chose 脿 dire, puis le texte qui 鈥� exprime 鈥� cette chose, nous avons tous pens茅 ou senti 鈥� confus茅ment en ce qui me concerne 鈥� qu'en r茅alit茅 il est impossible de s茅parer la forme du fond, et que c'est dans et par l'茅肠谤颈迟耻谤别 que se produisent les 茅v茅nements, les objets, le ou plut么t du sens. 禄 (p. 54) 芦 Le roman traditionnel pr茅tend re辫谤茅蝉别苍迟别谤, reproduire la 鈥� r茅alit茅鈥� et raconter une histoire 脿 signification exemplaire sur le plan du social ou du psychologique. Pourtant cette histoire pr茅tendument exemplaire est une fiction (c'est la d茅finition m锚me du roman), c'est-脿-dire qu'il ne d茅pend que du bon vouloir de l'auteur pour que, 脿 tout moment, elle s'oriente dans telle ou telle direction. Autant dire qu'elle n'offre donc aucune esp猫ce de garantie de cr茅dibilit茅 ni donc d'exemplarit茅. Elle est possible, mais c'est tout. [鈥 il me semble qu'il y a plus de chances de parvenir 脿茅laborer une parole cr茅dible en s'appuyant non pas sur des motivations psycho-logiques ou socio-logiques mais sur la logique de la langue. 禄 (p. 55) 芦 [Question : Quels sont les 茅crivains et les artistes qui vous ont influenc茅 ? R茅ponse :] Dans la 濒颈迟迟茅谤补迟耻谤别, en les prenant par ordre chronologique, je dirais la Bataille de Waterloo au d茅but de聽La Chartreuse de Parme聽de Stendhal, parce que c'est compl猫tement diff茅rent de l'oeuvre de Stendhal dont j'ai horreur, sauf聽La Vie d'Henri Br没lard. La description de Waterloo, 莽a pourrait 锚tre une oeuvre du Nouveau roman. Puis Flaubert dans une certaine mesure, c'est-脿-dire Flaubert de聽Madame Bovary, pas de聽L'脡ducation sentimentale. Et puis alors Joyce ; Proust 茅norm茅ment et, 脿 un degr茅 moindre, Faulkner qui lui-m锚me d茅rive de Joyce. 禄 (p. 61) 芦 [Question : Que pensez-vous des recherches romanesques actuelles du groupe de聽Tel Quel聽? R茅ponse :] C'est tr猫s int茅ressant mais peut-锚tre, peut-锚tre, 脿 mon gr茅, un peu trop sp茅culatif, un peu trop bas茅 sur une th茅orisation, et peut-锚tre pas assez (c'est une opinion tout 脿 fait personnelle) sur une pratique. Mais s'il y a 茅chec, c'est celui qui d茅coule d'un effort de recherche, et c'est bien plus sympathique que certaine 鈥� r茅ussite 鈥�. [Question : Vous voyez des liens entre leurs recherches et le Nouveau roman ? R茅ponse :] Oui, en ce sens qu'eux aussi savent toute l'importance qu'a le langage en soi. 禄 (p. 62-63)
Entretiens radiophoniques avec Monique Jonguet, diffus茅s sur France Culture du 12 au 16 avril 1976, transcrits dans聽L'en-je lacanien, vol. 1, no 8, 2007, p. 165-196.
Note : Les num茅ros de page renvoient 脿 la transcription de ces entretiens dans la revue聽L'en-je lacanien. 芦 Et il me semble qu'a虁 l'ide虂e d'un sens qui se de虂gagerait d'un roman, c'est-a虁-dire le message de虂livre虂 par le moyen d'une fiction, donc qui pre虂existerait a虁 l'e虂criture, eh bien j'opposerai les notions de polyse虂mie, d'e虂quivoque ou d'ambigui虉te虂. C'est ce que Barthes a appele虂鈥� le sens tremble虂鈥� par opposition au 鈥� sens ferme虂鈥�. Le meilleur exemple que l'on puisse peut-e虃tre donner du sens tremble虂 ou, si vous pre虂fe虂rez, du sens pluriel, c'est ce qui se passe dans les romans de Dostoi虉evski [...]. Alors, disons tre虁s sommairement que le travail de l'e虂crivain tel que je le conc抬ois aboutit a虁 la production de sens pluriels dont aucun n'est explicite虂. L'e虂crivain dit le monde, il dit des choses, ou pluto虃t il dit un monde et il dit des choses, il ne les explique pas. L'aboutissement de son travail, c'est essentiellement une mise en question. 禄 (12 avril 1976 ; p. 171) 芦 Le plus re虂aliste en apparence des monologues inte虂rieurs est toujours, avec plus ou moins de re虂ussite, soigneusement construit et compose虂. A虁 cet e虂gard, l'une des re虂ussites les plus totales, c'est le fameux monologue de Molly Bloom a虁 la fin d'Ulysse. Certainement, notre me虂moire et notre imagination travaillent par associations, et mes textes fonctionnent aussi tre虁s souvent de cette fac抬on. Mais dans notre me虂moire ou dans notre imagination, rien n'est organise虂, je veux dire que rien n'est compose虂, rien n'est structure虂. En fait, c抬a se passe un peu comme dans la fameuse e虂criture automatique des surre虂alistes ou虁 on ouvre sans cesse des parenthe虁ses, des parenthe虁ses, des parenthe虁ses qui ne se referment jamais. De sorte que le discours n'a litte虂ralement ni queue ni te虃te et finit tout simplement par se perdre dans les sables. Une des plus grosses sottises, je crois, qu'on ait e虂crites a虁 propos de Proust, c'est qu'il explorait la me虂moire. Gra虃ce a虁 Dieu, il a fait tout autre chose qu'explorer la me虂moire, parce que, s'il s'e虂tait contente虂 de faire cela, il se serait perdu dans un de虂dale de couloirs qui ne l'auraient mene虂, ni lui ni son lecteur, a虁 rien, ce qui n'est pas pre虂cise虂ment le cas. 禄 (12 avril 1976, p. 174-175) 芦 [...] c'est assez stupe虂fiant de se rendre compte avec quelle nai虉vete虂 est rec抬u le roman, me虃me par des esprits cultive虂s. [...] Il est je crois significatif de rappeler comment deux e虂crivains aussi oppose虂s l'un a虁 l'autre qu'Andre虂 Breton et Henri de Montherlant [...] parlaient de la description, Breton de虂clarant qu'il ne comprenait absolument pas l'inte虂re虃t que pouvait pre虂senter dans聽Crime et cha虃timent聽la description de la chambre de Raskolnikov, et Montherlant nous disant que, lorsqu'il arrivait dans un roman a虁 une description, il sautait la page tout simplement. Bizarrement 鈥� comme la plupart des lecteurs d'ailleurs 鈥�, Breton aussi bien que Montherlant accordaient cre虂dit a虁 ce qui, dans un roman, ne pre虂sente absolument aucune garantie de sens, c'est-a虁-dire les aventures des personnages. Elles sont, du point de vue anecdotique, simplement possibles [...]. Donc, Breton comme Montherlant, comme le lecteur moyen, accordent un cre虂dit a虁 une fable parfaitement arbitraire, parfaitement gratuite, ils sont passionne虂s par cette fable et ils rejettent avec ennui la description, c'est-a虁-dire au contraire ce qui constitue le corps me虃me de la fable, sa matie虁re. 禄 (13 avril 1976, p. 178-179) 芦 Vous savez, le roman a quelque chose de commun avec la peinture. C'est que, dans l'un comme dans l'autre, on pourrait dire que le dieu est cache虂. Et il est d'autant plus cache虂 qu'il est la虁, bien visible, il n'y a me虃me que lui, mais que l'attention du public est attire虂e par une action qui en re虂alite虂 n'est la虁 [...] que comme pre虂texte. En fait, ce n'est pas l'histoire d'une dame qui trompe son mari, ce n'est pas non plus le spectacle de trois pommes et d'un compotier sur une table de cuisine qui sont les sujets de聽Madame Bovary聽ou d'une nature morte de Ce虂zanne. [...] [C]hez Ce虂zanne ou chez Flaubert, il se passe quelque chose d'autre. Et ce quelque chose d'autre, c'est non pas la plus ou moins grande vraisemblance psychologique ou ressemblance apparente de cette histoire d'adulte虁re ou de ces pommes, mais quelque chose qui est聽en plus聽d'Emma ou des pommes. Ce quelque chose, je pense que c'est la qualite虂 du langage 鈥� e虂criture ou peinture 鈥� qui dit Emma ou qui dit les pommes, et qui comme tout langage consiste essentiellement dans l'e虂tablissement de rapports. 禄 (13 avril 1976, p. 179) 芦 [Question : Je me demande si vous ne voulez pas en partie de虂masquer les abus du romans re虂aliste, entreprendre sa de虂mystification. R茅ponse :] Non, pas exactement. Je ne veux pas, comme vous dites, expulser le temps que vous appelez social, celui des horloges. En fait, ce temps-la虁 ne se retrouve dans aucun texte romanesque, me虃me si le roman en question semble respecter une chronologie 鈥� naturelle 鈥� des e虂ve虂nements. Il suffit d'examiner un peu pour se rendre compte que ce roman-la虁鈥� le roman traditionnel 鈥� prend toutes sortes de liberte虂s avec cette pre虂tendue fide虂lite虂 au ve虂cu. [...] me虃me dans le roman re虂aliste, on voit intervenir une tout autre notion du temps. C'est celle qui est propre au discours, au re虂cit. [...] Je peux vous assurer que lorsque je travaille, mon but n'est pas de de虂masquer ce que vous appelez les abus du roman re虂aliste. [Question : Votre but n'est pas de le faire, mais en fait, vous le faites... R茅ponse :] Je le fais, mais mes pre虂occupations sont autres, d'autant, il faut le souligner, que ces abus sont surtout le fait de son interpre虂tation par une certaine critique abuse虂e 鈥� c'est le mot 鈥� par des de虂clarations irre虂fle虂chies de Balzac. Le roman re虂aliste a souvent permis a虁 d'authentiques ge虂nies, a虁 commencer par Balzac lui-me虃me, de produire des chefs-d'oeuvre, cela a虁 chaque fois que le romancier a ce虂de虂 ou s'est laisse虂 aller a虁 ce que Barthes appelle l'emportement de l'e虂criture. 禄 (14 avril 1976, p. 183-184) 芦 Est-ce que vous imaginez que Dostoi虉evski aime ses personnages ? Comme je le disais l'autre jour, on ne sait jamais si ce sont des monstres, des saints, si ce sont des victimes, des bourreaux, ou les deux en me虃me temps. Flaubert aimait-il Madame Bovary ou la de虂testait-il, ou Joyce aimait-il Molly Bloom, est-ce que Proust 鈥� je ne dis pas Marcel, je dis Proust 鈥� aimait, plaignait ou de虂testait Albertine, Charles ou Odette ou Franc抬oise ou Marcel lui-me虃me ? Je suppose que Flaubert, Joyce, Kafka, Proust e虂taient comme Delacroix ou Ce虂zanne, c'est-a虁-dire qu'ils aimaient leurs personnages s'ils les trouvaient textuellement re虂ussis. Il me semble que c'est le seul genre d'amour qu'un e虂crivain ou un peintre puisse e虂prouver pour des personnages produits par sa plume ou par son pinceau, personnages, re虂pe虂tons-le, fictifs. 禄 (14 avril 1976, p. 189)
芦 Claude Simon : The Crossing of the Image 禄, entretien avec Claud DuVerlie, trad. James Rodgers, dans聽Diacritics, vol. 7, no 4, hiver 1977, p. 47-58.
芦 [...] the real subject of a novel isn't the story as it is told but the way in which it is told, the relationships created by the writer between certain words or groups of words. But we must be careful to remain aware [...] of the basic ambiguity of all language. Nearly two hundred years ago, Novalis had reflected on this curious phenomenon: in mathematics (and one can say the same of all pictorial language), the language is concerned with and speaks only about itself ; but, paradoxically, it's only in being concerned with and speaking best about itself that language begins also to speak about something other than itself. We must be very aware of that. Poussin no more reproduced the rape of the Sabine women than Cezanne reproduced apples, but the paintings of both cannot be separated from the rape of the Sabine women and apples. 禄 (p. 49)
芦 Un homme travers茅 par le travail 禄, entretien avec Alain Poirson et Jean-Paul Goux, dans La Nouvelle critique, no 105 (nouvelle s茅rie), juin-juillet 1977, p. 32-44.
芦 [脌 propos de la part faite dans l'oeuvre aux 茅l茅ments biographiques] Proust, lui, a tra卯n茅 une lamentable existence d'asthmatique et de mondain... Et pourtant, il a probablement accompli l'oeuvre la plus r茅volutionnaire du vingti猫me si猫cle, sinon peut-锚tre de toute l'histoire de la 濒颈迟迟茅谤补迟耻谤别, en ce sens qu'il a litt茅ralement fait basculer sens dessus dessous le r茅cit fictionnel de sorte qu'il est, au sens propre du terme, l'un des tr猫s rares 茅crivains authentiquement聽sub-versifs. Je ne vais pas vous faire une conf茅rence, mais disons, en gros, qu'avant m锚me que Tynianov ait pr茅dit l'av猫nement d'un nouveau 鈥� 蝉测蝉迟猫尘别鈥� romanesque o霉, disait-il, 鈥� la fable ne serait plus que le pr茅texte 脿 une accumulation de descriptions statiques 鈥�, Proust a construit un monument o霉 la description [...] est non plus 鈥� statique 鈥� mais dynamique, o霉 c'est elle qui travaille 脿 plein, tandis que l'action [...] se trouve repouss茅e 脿 l'arri猫re-plan, au niveau de simple support, et ceci parfois avec la plus compl猫te d茅sinvolture (si je me souviens bien, Cottard meurt deux fois, et qu'est-ce que 莽a peut bien faire qu'Albertine se tue dans un accident de cheval ?...). De plus, loin d'锚tre une 鈥� accumulation 鈥�, toute聽La Recherche聽est un vaste travail de combinatoire, ce qui est fort diff茅rent... 禄 (p. 35) 芦 Enfin, si je peux me permettre de parler de moi, ce que j'ai tent茅 [...], c'est de pousser encore le processus amorc茅 par Proust, et de faire de la description (autrefois ornement-parasite, m锚me, aux yeux de certains) le moteur m锚me, ou si vous pr茅f茅rez le g茅n茅rateur de l'action, de sorte que la fiction ainsi produite en devienne, dans une certaine mesure, justifi茅e (ou plut么t motiv茅e) et perde en m锚me temps son caract猫re arbitraire et imp茅rialiste puisque, montrant en elle-m锚me ses sources, son m茅canisme g茅n茅rateur, elle se d茅nonce sans cesse comme fiction au fur et 脿 mesure de sa production. 禄 (p. 35) 芦 [...] je ne pense pas qu'un texte, que mes romans, puissent contribuer 脿 le [le r茅el]聽transformer. Mais, par contre, 脿 transformer la聽connaissance聽que l'on en a, alors oui. 禄 (p. 36) 芦 [Question : Est-ce que vous travaillez sur des cadences ? R茅ponse :] Je pourrais presque dire :聽que聽sur des cadences, ou du moins des id茅es de cadences. Plus, bien s没r, ce que j'ai appel茅 le 鈥� magma 鈥�. Mais ce 鈥� magma 鈥�, encore une fois, peut 锚tre n'importe quoi. Et s'il ne parvient pas 脿 se聽mouler聽dans un cadence, ce ne sera jamais de l'茅肠谤颈迟耻谤别. Tout au plus de l'informatif. Ce qui n'est pas l'objet du roman. Car, en effet, alors, pourquoi le roman, pourquoi la 濒颈迟迟茅谤补迟耻谤别 ? 禄 (p. 39) 芦 [...] 脌 partir du moment o霉 il n'est plus possible de consid茅rer le roman comme une fable 茅ducative, porteuse d'un ou plusieurs sens institu茅s qu'illustrent ses p茅rip茅ties et son d茅nouement-morale (son 鈥� couronnement logique 鈥�, comme l'appelait Faguet [...]) alors, que peut-on faire ? Si l'encha卯nement des 茅pisodes et leur aboutissement n'ont aucune valeur exemplaire (faut-il rappeler qu'ils sont, par d茅finition,听fictifs), je ne vois plus, non seulement pour la phrase mais pour le texte tout entier du roman, qu'脿 chercher une construction qui tienne debout non pas en r茅f茅rence 脿 telle 鈥� vraisemblance 鈥� psychologique ou sociale, mais en r茅f茅rence聽au texte lui-m锚me, 脿 la logique de la langue travaill茅e, 脿 sa聽justesse聽qui est, comme le disait Flaubert, d'ordre聽musical... 禄 (p. 41)
芦 De Claude Simon 禄, entretien avec Jo van Apeldoorn et Charles Grivel, dans聽脡肠谤颈迟耻谤别 de la religion. 脡肠谤颈迟耻谤别 du roman, dir. Charles Grivel, Groningue, Centre culturel fran莽ais de Groningue, et Lille, Presses Universitaires de Lille, 1979, p. 87-107.
芦 Balzac non plus n'est pas 鈥� r茅aliste 鈥�, en ce sens que le r茅alisme 莽a n'existe pas. M锚me quelqu'un qui veut copier platement un cheval ne 鈥� reproduit 鈥� pas un cheval ; il produit toujours l'image d茅form茅e d'un cheval. 禄 (p. 90) 芦 Pour moi,听濒颈迟迟茅谤补迟耻谤别, cela veut dire avant tout 茅肠谤颈迟耻谤别. Et l'茅肠谤颈迟耻谤别, cela me fait toujours penser 脿 ce que l'on appelle le bricolage : on fait comme on peut, on ajoute des choses, on en retranche, on essaie d'ajuster tant bien que mal. Aucune th茅orisation ni demande de th茅orisation. 禄 (p. 94) 芦 Il y a la traditionnelle d茅finition du roman comme un miroir promen茅 le long d'un chemin dans lequel se refl猫tent tous les 茅v茅nements, successivement. Je verrais plut么t le roman comme une grande glace dans laquelle se refl茅teraient 脿 la fois tous les tournants, tous les angles, tous les 茅v茅nements, toutes les fleurs du bord du chemin, etc. 禄 (p. 99)
芦鈥� Je travaille comme un peintre 鈥� 禄, entretien avec Jean-Maurice de Montremy, dans聽La Croix, 19 octobre 1985 [entretien r茅alis茅 en 1979], p. 20.
芦 Pour ma part, vous savez, je suis peu port茅 aux th茅orisations, et si j'ai particip茅 au mouvement du nouveau roman (Dieu sait quelle id茅e s'en fait le grand public鈥� et certains critiques), c'est un peu 脿 la fa莽on dont M. Jourdain faisait de la prose. 禄 (p. 20) 芦 [Question : Vous en parlez [de votre art] comme d'un art plastique. R茅ponse :] Oui. Quoique ce genre de comparaisons ne soit pas sans danger. Chaque activit茅 de l'esprit a sa sp茅cificit茅. Mais enfin, peindre, 茅crire, composer de la musique, construire un monument, c'est avant tout d茅couvrir des rapports et les organiser selon certains rythmes. Disons (en simplifiant beaucoup) que plut么t qu'une suite d'茅v茅nements temporels, le lieu de mes romans est spatial. Je travaille comme un peintre sur la surface de sa toile o霉 sont pr茅sents 脿 la fois tous les 茅l茅ments, retouchant l'un par rapport 脿 l'autre, essayant de faire en sorte que l'ensemble se compose, s'茅quilibre. En d'autres termes, je 鈥� bricole 鈥濃€� 禄 (p. 20)
芦 Fragment de Claude Simon 禄, entretien avec Didier Eribon, dans聽尝颈产茅谤补迟颈辞苍, 29 ao没t 1981, p. 20-22.
芦 Cela dit, 脿 partir du moment o霉 l'on ne pense plus qu'un roman puisse 锚tre une histoire pr茅sent茅e, 脿 la fa莽on d'une fable, comme une suite imparable d'茅v茅nements d茅termin茅s et d茅terminants aboutissant 脿 ce que Faguet appelait le 鈥� couronnement logique 鈥�, c'est-脿-dire le d茅nouement, toujours plus ou moins moralisant et 茅ducatif, alors on est amen茅脿 chercher d'autres principes de construction que celui qui consiste 脿 encha卯ner l'un apr猫s l'autre des faits plus ou moins cr茅dibles qui conduisent 脿 une fin plus ou moins cr茅dibles. 禄 (p. 22) 芦 Comme vous le voyez, il s'agit [un roman bas茅 sur la description] d'une subversion totale, et ceci dans tous les sens du terme : c'est Proust, chez lequel la fable est r茅duite 脿 sa plus simple expression, c'est Faulkner o霉 la fable (h茅las trop souvent moralisante) est heureusement compens茅e par un prodigieux g茅nie de la description. Pour ma part, je me suis un moment demand茅 si on ne pouvait pas pousser encore plus loin la subversion, c'est-脿-dire r茅aliser un roman o霉 la description engendrerait l'action. C'est ce que j'ai essay茅 de faire avec聽Le莽on de choses聽o霉, de la description d'une pi猫ce en ruine, sortent trois petites fictions qui s'entrem锚lent. 禄 (p. 22)
芦 Les sentiers de la cr茅ation 禄, entretien t茅l茅vis茅 avec Bernard Pivot, dans l'茅mission聽Apostrophes, 22 septembre 1981.
芦 [脌 propos des聽骋茅辞谤驳颈辩耻别蝉. Question : Pourquoi cette construction ? Est-ce qu'elle vous est naturelle, est-ce que vous d茅cidez ? R茅ponse :] Ah! non! Elle n'est pas naturelle. C'est tr猫s concert茅, je l'ai cherch茅e longtemps, j'ai cherch茅 trois ans la composition de ce livre. Il faudrait parler du roman. 脌 partir du moment o霉 on ne consid猫re plus que le roman a un commencement et une fin, ce qu'脡mile Faguet appelait 鈥� le couronnement logique du roman 鈥�, c'est-脿-dire le d茅nouement, 脿 partir du moment o霉 il n'y a plus ce c么t茅 d茅monstratif dans le roman, [...] 莽a n'a plus d'int茅r锚t de faire une chose dans la chronologie. Alors, on est plut么t amen茅脿 chercher un autre genre de construction par des choses qui s'agglutinent par les mots, par les m茅taphores. 禄
芦 Claude Simon. Romancier 禄, entretien avec Charles Haroche, dans聽尝'贬耻尘补苍颈迟茅, 26 octobre 1981, p. 15.
芦 Or, s'il y a un domaine o霉 il est impossible de parler en termes de progr猫s, c'est bien celui de l'art. [鈥. Cela dit [鈥, il est ind茅niable que dans une p茅riode historique r茅cente, tr猫s courte (une cinquantaine ou une soixantaine d'ann茅es 脿 cheval sur la fin du XIXe si猫cle et le d茅but du XXe), se sont produits dans l'art une s茅rie de ph茅nom猫nes qui ont constitu茅 (avec l'invention de la polyphonie et la 诲茅肠辞耻惫别谤迟别, 脿 l'茅poque de la Renaissance, de la perspective) une des plus formidables ruptures que l'on ait connues avec tout ce qui avait pr茅c茅d茅. [鈥 ce n'est certainement pas par hasard que, presque simultan茅ment, Joyce, Proust et Kafka en 濒颈迟迟茅谤补迟耻谤别, C茅zanne, Van Gogh et le douanier Rousseau en peinture, Gaudi en architecture, [鈥 ont, chacun de leur c么t茅, 茅crit, peint, construit et compos茅 des oeuvres apr猫s lesquelles plus rien de valable n'a pu 锚tre tant soit peu 鈥� comme avant 鈥�. 禄 (p. 15) 芦 En somme, il semble bien que, de m锚me que l'invention de la photographie a lib茅r茅 le peintre du souci de 鈥� repr茅sentation 鈥�, l'apparition de ces sciences dites humaines [鈥 a lib茅r茅 le romancier du souci (ou de l'obligation) de faire de l'鈥� enseignement social 鈥� (ou moral, ou psychologique, etc.), en m锚me temps qu'elles r茅v茅laient l'illusion de pr茅tendre d茅montrer quoi que ce soit au moyen d'une 鈥� fiction 鈥�, c'est-脿-dire d'une histoire invent茅e de toutes pi猫ces. [...] Cela ne signifie pas (loin de l脿 !) que ce nouveau texte romanesque n'a plus de rapports avec le 鈥� r茅el 鈥� [鈥, mais qu'aujourd'hui on peut voir 脿 nu son fonctionnement qui est d'ailleurs celui de toute op茅ration artistique [鈥. 禄 (p. 15) 芦 [鈥 ce qui diff茅rencie l'art (pictural ou romanesque) 鈥� moderne 鈥� de celui des p茅riodes (pas toutes) qui l'ont pr茅c茅d茅, c'est qu'au lieu de se trouver au premier plan, isol茅, se d茅tachant au devant des choses, l'homme se trouve ici en leur sein, parmi elles. 禄 (p. 15) 芦 Comme je vous l'ai dit, je ne pense pas que le r么le (ni les pouvoirs) du romancier soient, contrairement 脿 ce que voulait Balzac, de d茅livrer un enseignement quelconque. D'une vraie oeuvre d'art se d茅gage toujours un 鈥� sens trembl茅鈥�. 禄 (p. 15)
芦 Interview with Claude Simon 禄, entretien avec Alastair B. Duncan, dans聽Claude Simon : New directions, dir. Alastair B. Duncan, Edimburgh, Scottish Academic Press, 1985 [s茅rie d'entretiens r茅alis茅s en 1983 et 1984], p. 12-18.
芦 It would be interesting to study how, with Balzac, the nineteenth century novel with pretensions to 鈥� realism 鈥� (while still functionning as a fable of the socio-psycho-philosophical type) gradually began to introduce description (probably to make things more true to life, to make the story more credible) and how later, with Flaubert (his scenarios, for example, give less space to Emma's mood than to colours, smells and sounds...) description became more and more important [...]. Today some writers, of whom I am one, are trying, like the Renaissance artists of Germany or C茅zanne, to establish relationships between human figure and surrounding world in which neither dominates [...]. 禄 (p. 13-14) 芦 I suggest we substitute the word 鈥� academic 鈥� for the word 鈥� traditional 鈥�. There is, alas, an 鈥� academic 鈥� tradition, the tradition of the novel which proves a point or demonstrates an idea, in other words of the philosophical tale and the fable, based on some pretence of 鈥� logic 鈥� or 鈥� fate 鈥� and which sees the novel itself as no more than the locus for a series of causes and effects which are by nature socio-psychological (or even divinely ordained) and therefore external to the text itself. 禄 (p. 15) 芦 [脌 propos du Nouveau roman] [...] what united us (and continues to unite us) was that we rejected or rather were violently allergic to the academic novel, stemming from nineteenth century 鈥� naturalism 鈥�, which at that time held sway in France (and continues to do so...). One could look for fairly distant ancestors for the Nouveau roman, for example the account of the Battle of Waterloo at the beginning of聽La Chartreuse de Parme, or in Flaubert, or else in Dostoevsky and his monuments of contradiction and unanswerable questionnings (some critics rightly spotted that聽Le Vent聽was simply a remake of聽The Idiot...). But ultimately, if there was a decisive break, a decisive moment when the novel was put into question, it came at the beginning of this century [...], the chief artisans of this break being Proust and Joyce, and, in other register, Roussel. [...] In my own case, it is quite obvious that without Proust, Joyce and Faulkner, I would never have been able to write as I have. 禄 (p. 17)
芦 Claude Simon : 鈥� J'ai essay茅 la peinture, la r茅volution, puis l'茅肠谤颈迟耻谤别禄, entretien avec Claire Paulhan, dans聽Les Nouvelles litt茅raires, 15-21 mars 1984, p. 42-45.
Note : Dans cet entretien, Simon aborde plusieurs points qui seront repris dans le聽Discours de Stockholm,听notamment sur les questions de l'histoire du roman et de la description. Nous renvoyons le lecteur 脿 l'entr茅e du听顿颈蝉肠辞耻谤蝉.
芦 Interview with Claude Simon : Autobiography, the Novel, Politics 禄, entretien avec Anthony Cheal Pugh, dans聽The Review of Contemporary Fiction, vol. 5, no 1, printemps 1985, p. 4-13.
芦 [Question : You said that you dit not consider that French writers were very strong in the field of the novel, but that they excelled, on the other hand, at autobiography. [...] Could I begin by asking you to comment upon this observation, from a reader's point of view ? R茅ponse :] Andr茅 Gide says somewhere in his聽Journal聽that France is most definitely not the home of the novel. And in fact, if one compares the works of nineteenth-century novelists and their inferior contemporary imitators (Mauriac, Sartre, Camus, etc.) with for example those of Dostoevsky, whose characters, as in life, are eminently ambiguous and contradictory, [鈥 then the French 芦 realist 禄 novel [鈥 appears desperately flat, putting on stage univocal social or psychological types, bordering on caricature. [鈥 Personnally, this kind of novel has always produced in me a boredom only attenuated by the descriptive passages [...]. On the other hand, in works of biographical kind, a character reveals himself, deliberately or otherwise, in all his rich complexity, with all his contradictions, and without any manner of teaching standing out at all from his adventures. Ana茂s Nin said somewhere that the everyday world seemed to her so devoid of interest that she preferred to take refuge in 鈥� the imaginary 鈥� and 鈥� the marvelous 鈥�. No doubt she never took the trouble to look at the incredible marvels all aroud us, a simple leaf, a bird, an insect. [鈥 if ever you apply yourself, as Proust did, to examining attentively the life of anyone in your entourage, it's not long before you notice that it presents a thousand times more complexity, richness, and fascinating subtleties than the fictive and summary lives and the spectacles staged in so-called 鈥� imaginative 鈥� novels. 禄 (p. 4) 芦 [...] it is not my intentions to conceal myself with the reader. I don't like much irony. Irony is cruel - it is a French defect ; I prefer humor. But once again, what you call 鈥� irony 鈥�, or 鈥� pardoy 鈥�, is a way of showing how, always, reality is stranger than fiction. I could never have invented the extraordinary things that are related in聽The Gerogics. History had a way of mocking the whole of the General's life, but it's a kind of natural irony : it's grotesque, it's derisory, but that's the way it was. [...] To come across something like that, well it makes me feel dizzy, you get a feeling of vertigo. The only novelist capable of inventing something similar is Dostoevsky : Mishkin is a totally ambiguous character - you will never know whether he is an idiot, or is supremeley intelligent. [Question : So we would be wrong to think that you sometimes adopt an ironic stance with regard to you readers ? R茅ponse :] Yes. Mine is quite the opposite of the attitude of the God-like novelist. the novelist today tries to make his way through a king of fog ; it isn't really a question or irony, but one of vertigo : he just doesn't know the answers. You are faced, always, with the unknown, the unknowable. 禄 (p. 7)
芦 Claude Simon sur la route de Stockholm 禄, entretien avec Didier Eribon, dans聽Le Nouvel observateur, 6-12 d茅cembre 1985, p. 72-73.
芦 [Question : Dites-nous quelle est votre conception du roman. R茅ponse :] J'ai toujours 茅t茅 frapp茅 par la quantit茅 de souvenirs, d'images, d'茅motions qui, comme Tolsto茂 le dit tr猫s bien dans聽Guerre et Paix, assaillent un homme en un nombre incalculable en un seul instant. Et dans mon travail de romancier, j'essaie de voir comment toutes ces images et ces souvenirs s'associent dans l'esprit [鈥. Je crois que le seul moyen pour mener 脿 bien cette exploration, c'est de s'aider de la langue, qui 茅tablit elle-m锚me tellement de rapports entre des 茅l茅ments qui peuvent 锚tre 茅loign茅s dans le temps des horloges et l'espace mesur茅. En explorant cette langue qui parle d茅j脿 en nous par ses figures (les tropes, les m茅taphores, les m茅tonymies), qui 茅tablit d茅j脿 un r茅seau de relations, on peut r茅ussir 脿 trouver comment tout cela s'organise, quels m茅canismes et quel ordre en r茅alit茅 existent sous ce d茅sordre apparent d'images. 禄 (p. 72) 芦 Au XIXe si猫cle, on veut l'inspiration [...]. On croit que l'茅crivain est inspir茅. Ce n'est plus lui qui 茅crit. Je trouve d'ailleurs cette id茅e un peu humiliante pour l'茅crivain. Et elle ne correspond en rien 脿 la r茅alit茅. Il suffit de voir les manuscrits de Balzac. Ne parlons pas de Proust : un vrai travail de moine. 禄 (p. 73)
芦 La route du Nobel 禄, entretien avec Marianne Alphant, dans聽尝颈产茅谤补迟颈辞苍, 10 d茅cembre 1985, p. 27-28.
芦 [Question : Vous diriez-vous un 茅crivain r茅aliste ? R茅ponse :] Non, je n'aime pas le mot. C'est un mot pi猫ge. La r茅alit茅, personne ne peut la dire. C'est un mythe. [鈥 Dans un livre d'anatomie, vous pouvez trouver la description d茅taill茅e et compl猫te d'un os, d'un tibia, par exemple, et c'est d'ailleurs assez fascinant. Mais cette description ne donne pas 脿 voir. Or, c'est l脿 le but de l'art. Toute 茅肠谤颈迟耻谤别 litt茅raire est bas茅e sur des choix, choix forc茅ment subjectifs, donc contestables. 禄 (p. 27) 芦 [Question : Qu'en est-il de lui [le Nouveau roman] en 1985 ? R茅ponse :] Nous avons toujours en commun que nous r茅pugnons au roman traditionnel, 脿 ses formes scl茅ros茅es. 脌 partir de l脿, chacun de nous a fait ce qu'il devait faire. Lindon avait voulu que nous nous r茅unissions et Robbe-grillet avait caress茅, je crois, l'id茅e d'une sorte de dictionnaire. Mais il s'est av茅r茅 que nous pensions des choses tr猫s diff茅rentes. Ce que nous avions en commun, c'茅tait un m锚me rejet et une estime r茅ciproque. L'impression de se tenir les coudes, de ne pas 锚tre seuls. [鈥 Mais le 鈥� nouveau roman 鈥� n'est pas r茅volu et ne le sera jamais. Comme on l'a dit, en art il y a une seule tradition, la tradition du nouveau. 禄 (p. 28)
芦 The Novel as Textual Wandering : an Interview with Claude Simon 禄, entretien avec Claud DuVerlie, trad. James Rodgers, dans聽Contemporary Literature, vol. 28, no 1, printemps 1987, p. 1-13.
芦 You certainly recall the automatic writing used by the Surrealists. This was really brilliant writing, but it consisted of leaving things dangling eternally, without ever closing off the endless possibilities. In contrast, what I struggle to achieve in my textual wandering or roaming about is never to lose sight of a centralpoint and alwaysto come back to it in the end by taking it up again - or if you prefer the musical analogy of a finale, by recapitulating all the previously played themes. 禄 (p. 5) 芦 The moment one no longer writes mostly for didactic reasons, as Balzac did in order to provide a social or some such lesson, one is forced to find a structure bound by聽qualitative principles聽; and here we come upon the rules common to all the arts, particularly music. Flaubert writing to George Sand asks 鈥� How does it happen that there is a聽necessary relationship聽between the聽right聽word and the聽right sounding聽word ? 鈥� 禄 (p. 7) 芦 [Question : Can we conclude that there are several observers in聽The Georgics聽? R茅ponse :] No, there's simply an ordinary person who knows about a tiny number of things. [...] I tried not to overcome either lack. I am neither historian nor writer of biographical sketches; I am (or try to be) a novelist. You know Proust said that only wha the called 鈥� involuntary memory 鈥� was valid. 禄 (p. 9) 芦 Nobody, no novelist in all of literature has given a 鈥� total view 鈥�. That was Balzac's great hope : to say it all. Who can ? 禄 (p. 9) 芦 For instance, we often hear people say that Balzac was a genius but didn't know how to write. From this聽 perspective, a parallel or even a preexisting 鈥� something 鈥� - an ideal text, a perfect text ? - was there, which Balzac should have been able to reproduce, thus making this preexisting 鈥� something 鈥� more valid than the way (form, structure) in which Balzac actually put things.聽 But how can we use Balzac's text to validate a 鈥� fundamental version 鈥� that would have been put 鈥� differently 鈥� ? What do we know about Balzac's world - his 鈥� novelistic material 鈥�, to use his terms - if not exactly and no more than he tells us about it ? Whether we talk about writing, painting, or music, form and content coalesce. What we call content does not exist without form, which shapes and is shaped by it at the same time. 禄 (p. 11)
芦 Attaques et stimuli 禄, entretien avec Lucien D盲llenbach, dans Lucien D盲llenbach,听Claude Simon, Paris, Seuil, coll. 芦 Les Contemporains 禄, 1988 [s茅rie d'entretiens r茅alis茅s en 1987], p. 170-181.
芦 Nous avons tous affaire 脿 une perception, une m茅moire, qui ne nous transmettent du monde que des aper莽us fragmentaires. J'ai entendu avec stupeur un essayiste pour lequel j'ai par ailleurs le plus grand respect avancer que par une sorte de malignit茅 perverse Proust d茅coupait en petits morceaux une 鈥� r茅alit茅鈥� compacte et coh茅rente. C'est simplement aberrant. C'est exactement le processus contraire ! 禄 (p. 178) 芦 [脌 propos de la composition. Question : Est-ce pour des raisons de sym茅trie ? R茅ponse :] Pour que le cercle se referme : encore une fois, ce n'est pas une histoire dans l'acception traditionnelle du mot lorsqu'on parle de roman : c'est la tentative de description de tout ce qui peut passer en un instant en fait de souvenirs, d'images et d'associations dans un esprit. 禄 (p. 178-179)
芦鈥� J'ai deux souvenirs d'intense fatigue : la guerre et le Nobel 鈥� 禄, entretien avec Marianne Alphant, dans聽尝颈产茅谤补迟颈辞苍, 6 janvier 1988, p. 28-29.
芦 [脌 propos de聽L'Invitation, r茅cemment parue. Question : C'est donc un r茅cit de voyage r茅el et non une fiction ? R茅ponse :] J'ai intitul茅 tous mes livres 鈥� romans 鈥� mais 脿 partir de聽L'Herbe, ils sont tous 脿 base de v茅cu. [鈥 L'art ne t茅moigne pas, sauf au second degr茅. Quant au texte lui-m锚me et son processus de formation (ou si l'on pr茅f猫re de fabrication : c'est le mot qu'employais Proust et auquel je souscris), c'est toujours ce que j'ai dit dans mon discours de Stockholm : nous sommes pleins d'images, de souvenirs, de sensations (ou plut么t de fragments de tout cela) qui se m锚lent en se combinent dans notre esprit, et le probl猫me est de trouver en 茅crivant comment ordonner ces combinaisons. Pour cela, les mots, la langue elle-m锚me nous aide [鈥. 禄 (p. 28)
Claude Simon, entretien film茅 avec Marianne Alphant, r茅alisation Roland Allard, dans le cadre de la s茅rie聽Oc茅aniques : Les hommes-livres, La Sept/INA, 1988.
芦 Il y a infiniment plus de po茅sie dans des multitudes de phrases de Proust que dans des po猫mes de Lamartine. 禄芦 [Question : Pourquoi identifier聽Les 骋茅辞谤驳颈辩耻别蝉聽comme un 鈥� roman 鈥� ? R茅ponse :] Quel titre donner 脿 quelque chose qui ne pr茅tend pas reproduire le monde, mais [dont] la seule pr茅tention est de regrouper, de combiner des souvenirs ou des 茅motions, en sachant toujours qu'on laisse des blancs, qu'on laisse de l'inconnu, et qu'on ne va pas aller chercher 脿 combler cet inconnu par une esp猫ce de ciment plus ou moins neutre ou incolore simplement pour faire le lien ? 禄芦 Je crois qu'il faudrait mettre au point les choses, on a parl茅 du 鈥� nouveau roman 鈥�, mais, je dis tout le temps, mais le 鈥� nouveau roman 鈥�, 莽a a commenc茅 bien avant nous, 莽a a commenc茅 avec Proust, avec Joyce, avec Kafka, avec Roussel, et nous n'avons fait chacun dans notre petit domaine que continuer, sans eux nous n'existerions pas. 禄芦 [Question : S'il n'y a pas de message, si l'茅crivain n'a rien 脿 dire鈥� R茅ponse :] N'a rien 脿 dire au sens sartrien du terme, mais l'茅crivain鈥� moi, personnellement ; les autres, je n'en sais rien [...]. Moi je ne sais pas d茅signer les 鈥� chemins de la libert茅鈥�, je ne sais pas dire 鈥� l'espoir 鈥� se trouve de ce c么t茅-l脿, je ne sais pas, mais si d'autres le savent moi je n'y vois aucun inconv茅nient. Mais 鈥� rien 脿 dire 鈥� dans ce sens l脿. Par contre j'ai des millions de choses 脿 dire, ne ce serait-ce que le tapis de cette table ou la forme de cette coquille Saint-Jacques, ou les millions de souvenirs qui sont en moi, de sensations, de rem茅morations. En ce sens l脿 j'ai infiniment de choses 脿 dire, mais je n'ai pas d'enseignement 脿 d茅livrer. 禄
芦鈥� Et 脿 quoi bon inventer ? 鈥� 禄, entretien avec Marianne Alphant, dans聽尝颈产茅谤补迟颈辞苍, 31 ao没t 1989, p. 24-25.
芦 Avant la guerre, j'avais de vagues ambitions, appelons 莽a des vell茅it茅s : je ne savais pas si j'allais faire de la peinture ou la r茅volution. J'avais tout essay茅, m锚me 茅crire, mais tout 茅tait mauvais. 脌 mon retour, apr猫s m'锚tre 茅vad茅, j'ai repris la peinture mais surtout, je me suis mis au dessin. Je copiais des feuilles, une touffe d'herbe, un caillou, le plus exactement possible. Un peu dans l'esprit des dessins de D眉rer que j'ai d茅couverts plus tard. J'avais banni de moi toute id茅e d'art. Plus de cubisme, plus de fantaisie, rien. Les choses. Si le surr茅alisme est n茅 de la guerre de 1914, ce qui s'est pass茅 avec la derni猫re guerre est n茅脿 Auswitch. Il me semble qu'on l'oublie souvent quand on parle du 鈥� nouveau roman 鈥�. Ce n'est pas pour rien que Nathalie Sarraute a 茅crit 芦 L'脠re du soup莽on 禄 ; Barthes,听Le Degr茅 z茅ro de l'茅肠谤颈迟耻谤别. Que des artistes comme Tapies ou Dubuffet sont partis des graffitis, du mur, ou que Louise Nevelson a fait des sculptures 脿 partir de d茅combres. Toutes les id茅ologies s'茅taient disqualifi茅es. L'humanisme, c'茅tait fini. Sans doute 茅tait-ce ce que je ressentais confus茅ment quand je faisais ces dessins tr猫s exacts : il n'y a plus de recours, essayons de revenir au primordial, 脿 l'茅l茅mentaire, 脿 la mati猫re, aux choses. Exemple : Ponge. 禄 (p. 25)
芦 Claude Simon : 鈥� La guerre est toujours l脿鈥� 禄, entretien avec Andr茅 Clavel, dans聽L'脡v茅nement du jeudi, 31 ao没t-6 septembre 1989, p. 86-87.
芦 [Question : Est-ce que le fait d'avoir 茅crit tant de pages sur votre m猫re dans聽L'Acacia聽ajoute quelque chose 脿 sa m茅moire ? R茅ponse :] Je ne saurais pas vous dire. Non, je crois que toute cette mati猫re, tout ce magma d'茅motions que j'ai en moi, 鈥� 脿 la fois et par morceaux d茅tach茅s 鈥�, comme disait Flaubert, tout 莽a remonte 脿 la m茅moire en formant des combinaisons, des harmonies, qu'il s'agit d'ordonner dans l'茅肠谤颈迟耻谤别. C'est de cette fa莽on que je travaille. Je n'ai jamais peur de la feuille blanche. Avant d'茅crire, il n'y a rien, que de l'informe, et il va se passer quelque chose. C'est une ivresse ! Mais cela ne veut pas dire que je connaisse mieux ma m猫re apr猫s ce livre. Elle reste un myst猫re. Elle est devenue un personnage de roman. 禄 (p. 87) 芦 [Question : Quelle est la phrase que vous aimeriez qu'on retienne de vous ? R茅ponse :] Peut-锚tre celle qui vient 脿 la fin de聽La Route des Flandres聽: 鈥� Comment 茅tait-ce ? Comment savoir ? 鈥� Cela ressemble au 鈥� Que sais-je ? 鈥� de Montaigne. Une interrogation, donc鈥� On pourrait la mettre en exergue 脿 tous mes livres. C'est en partie pour r茅pondre 脿 cette question que j'茅cris. 禄 (p. 87)
芦 Le pass茅 recompos茅禄, entretien avec Aliette Armel, dans聽Le Magazine Litt茅raire, no 275, mars 1990, p. 96-103.
芦 Depuis聽L'Herbe聽tous mes romans sont a虁 base de mon ve虂cu, plus ou moins romance虂 pour satisfaire a虁 une vague 鈥� loi du genre 鈥� ou se pre虃ter a虁 des jeux de construction. Dans聽Les Ge虂orgiques,听L'Invitation听别迟听L'Acacia, il n'y a pas un seul e虂ve虂nement fictif. C'est que j'ai fini par comprendre (ou sentir) que 鈥� la re虂alite虂 de虂passe la fiction 鈥�... 禄 (p. 98) 芦 [...] je conc抬ois l'e虂criture comme une activite虂 artistique. Disons donc que pour moi les activite虂s de 鈥� plasticien 鈥� et d'e虂crivain se confondent. 禄 (p. 101) 芦 Pour en revenir a虁 l'Occident et a虁 sa litte虂rature, il y a, bien su虃r, des textes e虂touffants, au sens 鈥� ferme虂鈥� (ainsi, a虁 peu pre虁s toute la production romanesque e虂labore虂e sur le type de la fable, jusqu'a虁 Dostoi虉evski). Depuis lui, et avec Proust et Joyce, sont apparus des textes a虁 sens 鈥� ouvert 鈥� (que le grand public avide de 鈥� messages 鈥� de虂li- vre虂s a naturellement qualifie虂s d'鈥� obscurs 鈥�). 禄 (p. 102)
芦 L'inlassable r茅 a/encrage du v茅cu 禄, entretien avec Mireille Calle, dans聽Claude Simon: Chemins de la m茅moire, dir. Mireille Calle, Sainte Foy, Le Griffon d'Argile, et Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble, 1993, p. 3-25.
芦 Le roman traditionnel est, lui aussi, 鈥� construit de pi猫ces et morceaux 鈥�. On y trouve constamment la formule : 鈥� deux jours (ou trois, ou deux ans...) plus tard, notre h茅ros, etc. 鈥�, ou encore:聽鈥� Il ne se passa rien (!!!...) pendant les trois jours (ou semaines, ou ann茅s...) qui suivirent ces 茅v茅nements 鈥�. Par exemple, pour un romancier traditionnel, il ne se passerait 鈥� rien 鈥� pendant les longues heures o霉 Joyce nous rapporte le monologue int茅rieur de Molly Bloom. Apr猫s avoir d茅crit/narr茅 en d茅tail les aventures de Fabrice dans la bataille de Waterloo, Stendhal 茅crit brusquement : 鈥� Le reste du voyage n'eut rien que d'ordinaire.聽鈥� Comment 莽a ? Le moindre des voyages, c'est-脿-dire des d茅placements dans le temps et l'espace, a, m锚me en temps de paix, quelque chose d'extraordinaire : 脿 plus forte raison dans un pays apr猫s une grande bataille perdue... Et il continue : 鈥� Pendant les quinze jours que Fabrice passa dans l'auberge d'Amiens, tenue par une famille complimenteuse et avide, les alli茅s envahissaient la France, et Fabrice devint un autre homme [...]. 鈥� Trente-sept pages pour une journ茅e (Waterloo), une page seulement ensuite pour tout un mois ! Il est vrai que tout change alors [...]. Stendhal ne montre plus : il nous informe et nous dit ce qu'il faut penser (des aubergistes, de Fabrice qui devient 鈥� un autre homme 鈥�, fait des r茅flexions 鈥� profondes 鈥�). Comme l'茅crit Conrad dans sa pr茅face au聽N猫gre du Narcisse聽qui constitue le plus magistral r茅quisitoire contre le roman acad茅mique : 鈥� [...] l'auteur fait appel 脿 notre cr茅dulit茅. 鈥� 禄 (p. 10-11) 芦 [脌 propos d'un entretien pr茅c茅dent dans lequel Claude Simon fait le compte rendu de son exp茅rience personnelle de la Deuxi猫me Guerre.] J'ai fait ce r茅cit (compte rendu) de la fa莽on la plus plate. Le r茅cit 鈥� litt茅raire 鈥�, c'est autre chose. Ce que, curieusement, Val茅ry n'a pas compris (pas vu l'ab卯me qui s茅pare une phrase comme 鈥� la marquise sortit 脿 cinq heures 鈥� (compte rendu d'un 茅v茅nement) de la description de cet 茅v茅nement (par exemple la promenade d'Odette Swann au Bois de Boulogne aux environs de midi). 禄 (p. 22) 芦 Qu'est-ce qu'茅crire pour moi? Je pourrais vous r茅pondre : avant tout, satisfaire l'envie d'茅crire. Ou mieux, satisfaire le besoin que tout homme a d'un 鈥� faire 鈥� [...]. Mais aussi, comme vous le dites tr猫s bien, 鈥� le r茅ancrage inlassable du v茅cu 鈥�. Toutefois, je ne dirais pas la 鈥� cr茅ation 鈥�. Ce dernier mot postule en effet : 鈥� ex nihilo 鈥�. Or, non seulement nous sommes les h茅ritiers de tous les 茅crivains qui nous ont pr茅c茅d茅s, mais encore tout 茅crivain, loin de partir 鈥� ex nihilo 鈥�, use de ce 鈥� mat茅riau 鈥� (mais peut-on ici employer ce mot ?) qu'est la langue, cette langue qui, comme on l'a tr猫s justement dit, 鈥� parle d茅j脿 avant nous 鈥�. 禄 (p. 25)
芦 Rencontre avec Claude Simon. 鈥� La v茅ritable 濒颈迟迟茅谤补迟耻谤别 ne sert 脿 rien 鈥� 禄, entretien avec Jean-Christophe Aeschlimann, dans聽脡肠谤颈迟耻谤别, no 48, automne 1996, Lausanne, p. 214-222.
芦 La v茅ritable 濒颈迟迟茅谤补迟耻谤别, 脿 mon sens, ne sert 脿 rien. [...] D'innombrables 茅crivains se voient en sauveurs du monde... [Question : Des 茅crivains convaincus du r么le moral et politique de la 濒颈迟迟茅谤补迟耻谤别 ? R茅ponse :] Oui, les id茅es de Sartre, et m锚me de gens avant lui, Gide, Malraux, etc. Une vieille histoire. Pour moi, non, l'茅crivain, c'est Proust, Joyce, et 茅crire, le devoir de l'茅crivain, c'est d'茅crire le mieux possible, comme le devoir d'un constructeur de pont, c'est de construire un pont qui ne s'茅croule pas. 禄 (p. 215) 芦 [脌 propos du degr茅 z茅ro marqu茅 par Auschwitz. Question : Avant le degr茅 z茅ro, et apr猫s le degr茅 z茅ro, que se passe-t-il ? R茅ponse :] On assiste 脿 la rupture avec le roman naturaliste du XIXe si猫cle, et avant elle 脿 la rupture avec le roman du XVIIIe si猫cle, dans laquelle Balzac joue un grand r么le, en introduisant la description dans le roman. Peu 脿 peu la description 茅vacue la fable, et avec Proust et Joyce, il n'y a plus de fable. Jusque-l脿, le roman avait 茅t茅 une d茅monstration, un tableau de soci茅t茅, un message avec un d茅nouement qui en 茅tait 鈥� le couronnement logique 鈥�. Avec Proust et Joyce se consomme l'abandon du roman 脿 th猫se, du roman d茅monstration. 禄 (p. 216-217) 芦 [脌 propos du Nouveau roman] Il 茅tait assez r茅confortant de retrouver des 茅crivains comme Butor, Robbe-Grillet, Sarraute, Pinget, que j'estimais beaucoup, et de sentir que nous n'茅tions pas isol茅s devant le terrorisme que Sartre faisait r茅gner - le terrorisme de l'茅crivain-guide, de l'茅crivain-sociologue, de l'茅crivain-philosophe. Ce refus nous 茅tait commun, de m锚me que celui de la 濒颈迟迟茅谤补迟耻谤别 traditionnelle, dont Sartre 茅tait d'ailleurs aussi l'un des repr茅sentants. 禄 (p. 217) 芦 Dans le roman traditionnel, la loi, l'imp茅ratif est un imp茅ratif de 肠补耻蝉补濒颈迟茅 [鈥. Cela ne m'int茅resse pas. Mon imp茅ratif, c'est celui de la 辩耻补濒颈迟茅. C'est Marcel Proust dans la cour des Guermantes, et deux pav茅s in茅gaux sous son pied : cette sensation le transporte soudain sur le parvis de Saint-Marc. D'o霉, sans doute, 脿 la lecture, cette impression que les choses se tiennent entre elles : ce qui les rapproche, c'est leur 辩耻补濒颈迟茅, soit par association, soit par opposition. Les m锚mes r猫gles qu'en peinture ou en musique. 脌 partir du moment o霉 l'on consid猫re la 濒颈迟迟茅谤补迟耻谤别 comme un art, on retombe sur les m锚mes r猫gles qui r茅gissent la peinture, la musique, l'architecture. 禄 (p. 218-219)
芦鈥� La sensation, c'est primordial 鈥� 禄, entretien avec Philippe Sollers, dans聽Le Monde, 19 septembre 1997, cahier聽Le Monde des livres, p. I-II.
芦脌 partir du moment o霉 on ne consid猫re plus le roman comme un enseignement, comme Balzac, un enseignement social, un texte didactique, on arrive, 脿 mon avis, aux moyens de composition qui sont ceux de la peinture, de la musique ou de l'architecture : r茅p茅tition d'un m锚me 茅l茅ment, variantes, associations, oppositions, contrastes, etc. Ou, comme en math茅matiques : arrangements, permutations, combinaisons. [Question : Mais on passe avant tout par la sensation. R茅ponse :] Pour moi, c'est primordial. [Question : La sensation, c'est l'obsession d'un 茅crivain comme C茅line. Il a 茅t茅 cavalier de guerre comme vous. Qu'est-ce que vous pensez de lui ? Vous n'en parlez jamais. R茅ponse :] C茅line ? Je le place tr猫s haut. Et je l'ai dit depuis longtemps. [鈥 Proust et C茅line, ce sont les deux grands 茅crivains fran莽ais de la premi猫re moiti茅 du XXe si猫cle. [鈥 Pourquoi est-ce si extraordinaire ? Parce que c'est tr猫s bien 茅crit. Parce qu'il y a une musique, parce qu'il y a une cadence. Voil脿 ! C'est tout. 禄 (p. I) 芦 [脌 propos des brouillons de聽Madame Bovay, cit茅s par Simon dans聽Le Jardin des Plantes聽(1997)] C'est, avec son voyage en 脡gypte, ce que Flaubert a 茅crit de meilleur鈥� Cela fait partie des notes qu'il griffonnait lorsqu'il pensait au roman. Si on enl猫ve ces notations, ces odeurs, ces couleurs, les craquements des cailloux sous les roues de la voiture qui ram猫ne Emma 脿 Yonville, ces fumiers roses, cette col猫re cramoisie, etc., tout ce qui, en somme, constitue la chair m锚me de ce roman, alors oui, il ne resterait plus de celui-ci que cette anecdote [鈥. 禄 (p. II) 芦聽Il y a des phrases de Proust qui sont beaucoup plus po茅tiques que bien des po猫mes. La distinction prose/po茅sie est artificielle. On peut arriver 脿 des effets de po茅sie intenses avec la prose [鈥. Prenez la visite 脿 la marquise de Cambremer, c'est une des choses les plus extraordinaires qu'on ait faites en 濒颈迟迟茅谤补迟耻谤别 : cette sensation du temps qui passe, marqu茅 par les changements de couleur des mouettes-nymph茅as, c'est prodigieux. 禄 (p. II)
芦鈥� Dans l'arc du livre il y a toute la corde 鈥� 禄, entretien avec Mireille Calle-Gruber, dans聽Nuit blanche, no 74, mars 1999 [entretien r茅alis茅 en 1997], p. 55-58.
芦 J'ai d茅j脿 eu l'occasion de dire (et de redire) que je consid猫re le roman comme un art, au m锚me titre que la peinture ou la musique. D'o霉 les m锚mes lois de composition. Par exemple : associations, contrastes, harmonies, oppositions, r茅p茅titions, 茅chos, rappels, ruptures, acc茅l茅rations, ralentissements, fortissimo, pianissimo, assonances, dissonances, clair-obscur, 脿 plats, etc., etc., etc., etc. 禄 (p. 58)
芦 Claude Simon : parvenir peu 脿 peu 脿 d茅crire difficilement 禄, entretien avec Jean-Claude Lebrun, dans聽尝'贬耻尘补苍颈迟茅, 13 mars 1998, p. 18-19.
芦 [脌 propos du聽Jardin des Plantes聽(1997). Question : On a le sentiment que, chez vous, le litt茅raire n'est pas fondamentalement pensable hors de l'Histoire. R茅ponse :] Il me semble que c'est ins茅parable. Joyce ou Proust, qui ont peu ou pas parl茅 de l'Histoire, ne peuvent en 锚tre isol茅s. 禄 (p. 18) 芦 Proust et Joyce, qui ont boulevers茅 de fond en comble le paysage litt茅raire ont 茅crit leurs oeuvres au moment o霉 le paysage historique 茅tait lui-m锚me en 茅tat de total bouleversement. Ce n'est pas par pur hasard. 禄 (p. 18-19)
芦 Entretien avec Claude Simon 禄, entretien avec Christian Michel et Richard Robert, dans聽Scherzo, no 3, avril-juin 1998, p. 5-11.
芦 Il n'y a pas de diff茅rence entre 鈥� narration 鈥� et 鈥� description 鈥�. C'est une vieille distinction acad茅mique dans laquelle sont cependant tomb茅s des esprits aussi fins que Val茅ry ou Breton.聽顿茅肠谤颈谤别聽une action est tout autre chose que la rapporter (simple information alors). Par exemple, dire que le train pour Balbec part de la gare Saint-Lazare 脿 telle heure (information) ou d茅crire ce d茅part comme ont pu le faire Proust ou Monet sont deux choses fondamentalement diff茅rentes. Autre exemple s'il en est besoin : la diff茅rence qu'il y a entre 茅crire 鈥� La marquise sortit 脿 cinq heures 鈥� et d茅crire Odette Swann se promenant 脿 midi (l'heure est express茅ment pr茅cis茅e) dans l'all茅e des Acacias 鈥� au fond de la transparence liquide et du vernis lumineux de l'ombre que versait sur elle son ombrelle 鈥�. 禄 (p. 5) 芦 Je place Dosto茂evski au-dessus de Proust qu'en d茅pit de quelques r茅serves je place lui-m锚me tr猫s haut. Toutefois, on n'a, 脿 mes yeux, jamais pouss茅 aussi loin ni aussi haut l'art du roman et celui de la prose que Conrad ne l'a fait avec ces deux chefs d'oeuvre d'orf猫vrerie que sont聽Typhon听别迟听Le N猫gre du Narcisse. 禄 (p. 7)
芦 Le pr茅sent de l'茅肠谤颈迟耻谤别禄, entretien avec Jacques Neefs et Almuth Gr茅sillon, dans Genesis, no 13, 1999, p. 115-121.
芦脌 la base du fait litt茅raire, quel qu'il soit, il y a le rythme et la musique. Pour moi, c'est primordial. 禄 (p. 116) 芦 Les trois grands de la 濒颈迟迟茅谤补迟耻谤别 fran莽aise sont Jean-Jacques Rousseau, Chateaubriand et Proust, les trois piliers. [Question : Pas forc茅ment des romanciers, donc. R茅ponse :] Si l'on veut parler uniquement du roman, il faut tout de suite dire le nom du g茅ant : Dosto茂evski ; puis Conrad. [Simon cite聽Le N猫gre du Narcisse] Pour moi, personne, m锚me Proust, m锚me Chateaubriand n'a 茅crit aussi bien. [鈥 禄 (p. 119) 芦 [脌 propos du聽N猫gre du Narcisse. Question : C'est un roman, mais il y a un moment o霉 toutes les oeuvres sortent de leur genre parce qu'il se passe quelque chose. R茅ponse :] 脟a ne sort pas du genre, parce qu'il y a toute l'histoire du n猫gre, la transformation et l'ambigu茂t茅 des personnages, l'ambigu茂t茅 des r茅actions. Mais le n猫gre 茅tant mort, il y a cette fantastique description. [Question : Le roman, ce serait cela : les multiples ambigu茂t茅s, la vision des images, le r茅cit ? R茅ponse :] Pour moi, oui. 禄 (p. 119)
芦 L'emphase entache trop souvent le style de Flaubert 禄, entretien avec Aliette Armel, dans聽Le Magazine Litt茅raire, no 401, septembre 2001, p. 57.
芦 [Question : Au cours de votre travail utilisez-vous un passage par l'oral, comme Flaubert dans son 鈥� gueuloir 鈥� ? La question du rythme, des unit茅s de souffle vous para卯t-elle pertinente en ce qui concerne votre oeuvre ? R茅ponse :] La question du rythme est primordiale. Cela dit, le 鈥� gueuloir 鈥� est une chose simplement comique. Elle s'accorde toutefois avec l'emphase qui, h茅las, entache trop souvent le style de Flaubert que, par exemple, le d茅doublement du 鈥� m 鈥� dans 鈥� Salammb么鈥� trahit tout de suite. Simple remarque : concevrait-on Proust 鈥� gueulant 鈥� la聽Recherche聽? 禄 (p. 57) 芦 [Question : Quel r么le attribuez-vous 脿鈥� l'id茅e re莽ue 鈥�, au clich茅, au st茅r茅otype. Pensez-vous, comme Flaubert, qu'il s'agit d'une pr茅sence de la mort dans le langage ? R茅ponse :] 鈥� L'id茅e re莽ue 鈥�, le clich茅, le st茅r茅otype, sont contraires toute production artistique. Cela dit, l'expression 鈥� pr茅sence de la mort 鈥� confirme encore une fois le go没t de Flaubert pour la grandiloquence. [...] Sans doute me jugerez-vous partial et b锚tement anti-Flaubert. Vous vous tromperez. Je suis au contraire un inconditionnel et fervent admirateur (sinon m锚me 茅bloui) du Flaubert-spontan茅 comme, par exemple les fulgurants 鈥� sc茅narios 鈥� pr茅paratoires 脿聽Madame Bovary聽(o霉 certaines notes h芒tives se haussent parfois 脿 une condensation presque mallarm茅enne). Admirateur aussi du聽Voyage en 脡gypte, de certaines de ses lettres, d'Un coeur simple. 禄 (p. 57)
芦鈥� Un bloc indivisible 鈥� 禄, r茅ponse de Claude Simon 脿 la question 芦 Pourquoi des romans ? 禄, dans聽Les Lettres fran莽aises, 4-10 d茅cembre 1958, p. 5.
芦 [...] seul le roman (c'est-脿-dire la description de personnages dans certaines situations 鈥� 茅tant entendu que celles-ci ne sont pas seulement psychologiques ou sociales mais aussi physiques : assis, debout, dans une pi猫ce, grande, petite, dehors, au soleil, 脿 l'ombre [鈥) [est] capable de permettre cet incessant va-et-vient, ce perp茅tuel 茅change entre la mati猫re et la pens茅e, sans lequel l'茅crivain court le danger de voir son esprit fonctionner dans le vide. 禄 (p. 5) 芦 [...] c'est [le mat茅riau du romancier], parmi tous, le plus irr茅el qui soit : le mot, un vague symbole parfaitement abstrait, inexistant en soi. Si l'on pense 脿 l'effort de transposition auquel est tenu le peintre, par exemple, oblig茅 pour 锚tre vrai (exact) de recr茅er compl猫tement ce qu'il veut restituer [鈥, n茅cessit茅 qui l'a pouss茅脿 ses v茅ritables tours de force techniques qu'ont 茅t茅 la fragmentation de la couleur chez les impressionnistes, ou de la forme chez les cubistes, on aura une id茅e du travail de recomposition que le souci de 鈥� copier 鈥� avec exactitude exige de l'茅crivain. 禄 (p. 5) 芦 [L'oeuvre d'art doit 锚tre une] composition 鈥� totale 鈥�, c'est-脿-dire ferm茅e sur elle-m锚me, excluant par cons茅quent tout ce qui se rapproche, de pr猫s ou de loin, de la 鈥� tranche de vie 鈥�. D'o霉, me semble-t-il, cette lente transformation du roman de moins en moins 鈥� miroir promen茅 le long d'un chemin 鈥�, c'est-脿-dire simple succession ou addition lin茅aire d'茅pisodes, de descriptions ou d'analyses, mais une combinaison, une juxtaposition et un enchev锚trement de ceux-ci, intimement imbriqu茅s les uns dans les autres, de fa莽on 脿 former, 脿 l'image de la r茅alit茅, un bloc indivisible. 禄 (p. 5)
芦 Claude Simon 禄, r茅ponse de Claude Simon 脿 un questionnaire sur les probl猫mes du r茅cit, dans聽Cahiers du Cin茅ma, no 185 :聽Film et roman : probl猫mes du r茅cit, d茅cembre 1966, p. 103-104.
芦 [Question : Pensez-vous que le cin茅ma, ayant repris 脿 son compte l'acquis de la narration romanesque classique, ait influ茅 de ce fait (en en pr茅cipitant l'urgence) sur un n茅cessaire renouvellement du roman ? R茅ponse :] Non. Le renouvellement du roman est command茅 par l'impossibilit茅 d'employer des formes聽romanesques聽devenues conventionnelles, vides. 禄 (p. 103)
芦 La voie royale du roman 禄, intervention de Claude Simon dans le dossier 芦 Joyce le h茅ros 禄, 脿 l'occasion du centenaire de la naissance de Joyce, dans聽Le Nouvel observateur, 6-12 f茅vrier 1982, p. 74.
芦 [Simon met c么te 脿 c么t茅 un extrait du monologue de Molly Bloom 脿 la fin d'Ulysse聽et un extrait des brouillons de聽Madame Bovary.] II revient 脿 Joyce (comme dans un autre registre 脿 Proust) d'avoir ouvert tout large au roman un chemin que Flaubert n'avait que commenc茅脿 d茅fricher, en faisant le lieu o霉 les 茅v茅nements ne vont plus 锚tre associ茅s de mani猫re d茅monstrative suivant un processus plus ou moins discutable de causes 脿 effets, mais principalement en fonction de leurs rapports de nature et de 辩耻补濒颈迟茅. D'o霉 l'invention de ce que l'on a pu appeler le 鈥� texte objet 鈥� qui trouve son ordre et sa coh茅rence dans une sorte de logique interne :聽 rythmes, cadences, assonances, dissonances, sens pluriels (bien s没r toujours ambigus) des mots/choses. 禄 (p. 74)
芦 Hugo et moi. Claude Simon 禄, r茅ponse de Claude Simon 脿 trois questions sur l'oeuvre de Victor Hugo, dans聽La Quinzaine litt茅raire, 1-15 octobre 1985, p. 7.
芦 Je connais tr猫s mal l'oeuvre de Victor Hugo, sans doute parce que le peu que j'en ai lu ne m'a pas donn茅 envie d'aller plus loin, tr猫s t么t d茅courag茅 par son emphase. Lorsque j'茅crivais聽Les 骋茅辞谤驳颈辩耻别蝉, j'ai toutefois relu 脿 titre documentaire parmi d'autres ouvrages聽Quatre-vingt-treize聽dont, au-del脿 de l'outrance romanesque, je garde en m茅moire quelques formulations percutantes [鈥 ainsi que certaines descriptions [鈥. Restent encore pour moi le prot茅iforme personnage, assez fascinant [鈥, ses dessins, ses aquarelles et, dans cette logorrh茅e, d'extraordinaires trouvailles comme le fameux聽闯茅谤颈尘补诲别丑聽ou ce vers cit茅 par Proust : 鈥� Il faut que l'herbe pousse et que les enfants meurent. 鈥� 禄 (p. 7)

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