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Se r茅clamant d'un certain 芦 cosmopolitisme 禄 romanesque, 脿 l'instar de Victor Segalen, Valery Larbaud et Andr茅 Malraux, Paul Morand souligne d猫s les ann茅es 20 combien le roman est un genre 芦 sans fronti猫res 禄, tant en raison de la r茅alit茅 toujours renouvel茅e qu'il r茅v猫le, gr芒ce 脿 tout ce que les romanciers rapportent des cultures 茅trang猫res, que par son aspect de 芦 capitale moderne 禄, 芦 congestionn茅e 禄 et h茅t茅roclite, 脿 l'image du monde entier. Or au d茅but des ann茅es 30, dans un essai portant sur la vitesse, Morand constate que l'acc茅l茅ration g茅n茅rale du monde est rendue telle que le roman, en tant que genre long et favorisant la lenteur, ne correspond plus au rythme fr茅n茅tique de la vie moderne, c'est-脿-dire celle qui exalte les transports rapides et la technologie nouvelle. La propension de Morand 脿 d茅peindre des personnages nerveux, vifs et v茅loces et sa volont茅 d'茅pouser le mouvement g茅n茅ral de son temps qui est, pour lui, synonyme de vitesse et de bri猫vet茅, le conduit donc 脿 se retourner plus nettement vers la nouvelle (plus nettement, dans la mesure o霉 il s'agit d'un genre qu'il a pratiqu茅 de tout temps). N茅anmoins, Morand h茅sitera sans cesse, et ce jusqu'脿 la fin de sa carri猫re, entre la nouvelle et le roman comme terrain de ses 芦 exp茅rimentations 禄. 脌 l'examen, on constate que c'est le plus souvent au sein du genre romanesque que Morand 芦 campera 禄 ses personnages opposant 脿 la composition le plus de d茅fis, que l'on pense au h茅ros incessamment mobile de聽L'homme press茅聽(1941) ou 脿 celui compl猫tement muet de聽罢补颈蝉-迟辞颈听(1967).

芦 Droit d'aubaine (1927) 禄,聽Papiers d'identit茅, Paris, Grasset, 1931.

芦 Malraux et Les Conqu茅rants (1929) 禄,聽Papiers d'identit茅, Paris, Grasset, 1931.

芦 De la vitesse 禄,聽Papiers d'identit茅, Paris, Grasset, 1931.

芦 Pr茅face 禄,聽Prisonnier de Cintra, Paris, Fayard, 1958.

芦 Salut 脿 Barnabooth 禄,聽Mon plaisir鈥� en litt茅rature, Paris, Gallimard, coll. 芦Id茅es禄, 1967.

芦 Le roman du silence 禄,聽Mon plaisir鈥� en litt茅rature, Paris, Gallimard, coll. 芦Id茅es禄, 1967.

芦 Pr茅face 禄, dans Honor茅 de Balzac,聽Le Lys dans la vall茅e,聽Paris, Gallimard coll. 芦Folio禄, 1972.

芦 Il faut bien leur ouvrir nos pages [aux 芦 茅trangers 禄] puisque nos autorit茅s leur ouvrent nos fronti猫res. 禄 (p. 201)

芦 C'est le roman 鈥� dont l'aspect congestionn茅 ressemble 脿 tant d'茅gards 脿 une capitale moderne 鈥� qui les accueillera tous. 禄 (p. 201)

芦 Alors le romancier pose sa plume et commence 脿 regarder autour de lui. Peu 脿 peu, il se laisse gagner par le jeu complexe et chatoyant des races, les combinaisons mobiles de la couleur des peaux et du poil ; les intrigues se compliquent, l'observation se renouvelle, des lointains s'allument et il semble que la terre soit devenue plus chaude. Il ne refusera pas ces richesses nouvelles. 禄 (p. 203)

芦 On nous avait annonc茅 un affaissement du roman fran莽ais d'apr猫s-guerre : jamais il ne s'est mieux port茅. Parfaitement 脿 leur aise dans leur succ猫s, les chefs de file, Mauriac, Maurois, etc鈥� s'y maintiennent sans crise [鈥�], jusqu'au surr茅alisme qui donne enfin sa fleur et cette fleur, Nadja, est un roman. Veut-on, aujourd'hui, voir les directeurs de th茅芒tre pendus 脿 leur sonnette ? Jules Romains et Jean Giraudoux ayant pass茅 par l脿, il suffit d茅sormais de se dire non plus auteur dramatique, mais romancier.禄 (p.168)

芦 Enfin, la cons茅cration de l'茅tranger : de m锚me que notre peinture contemporaine, c'est Picasso, Chirico, Modigliani, etc鈥� venus peindre 脿 Paris, de m锚me Julien Green, la Princesse Bibesco, Pana茂t Istrati, Bove, Kessel, nous arrivent des quatre coins du monde pour s'exprimer en fran莽ais ; et o霉 aboutissent-ils pour 锚tre entendus : au roman. 禄 (p.169)

芦 Les Conqu茅rants nous ouvrent cet inconnu. Cette chronique de Canton nous en dit l'histoire, avec la minutie d'annales du XVIe si猫cle et avec la s茅cheresse technique, synth茅tique d'un rapport de police stendhalien. 禄 (p.170)

芦 Les amants modernes ne s'茅crivent plus, ils se t茅l茅phonent ou se t茅l茅graphient ; et c'est 脿 peine s'ils se parlent ; c'est pourquoi les sc猫nes d'amour au th茅芒tre nous semblent maintenant si verbeuses et si fausses. 禄 (p. 285)

芦 [鈥�] le roman de demain ne sera que remplissage ; tout ce qui est long, devient illisible, injouable, invivable. 禄 (p. 287)

芦 Le style se r茅duit, s'all猫ge, jusqu'脿 devenir, comme on dit, t茅l茅graphique. Loin d'encourir le reproche d'锚tre pay茅 au mot, il semble qu'脿 l'茅crivain actuel le mot co没te cher, tant il en est avare. Quelle erreur cependant pour l'artiste de croire que la vitesse pure l'enrichit. [鈥�] La vitesse tue la forme. D'un paysage vu 脿 500 脿 l'heure, que reste-t-il ? Rien. 禄 (p. 288)

芦 La tr猫s grande vitesse ressemble au communisme en ce qu'elle tue l'individuel. Elle appelle et exige l'anonymat. 禄 (p. 289)

芦 Je vis, d'abord, dans la nouvelle, une r茅action contre les m茅andres du roman-fleuve et m锚me du roman tout court, inqui茅tantes formes de la surproduction moderne. 禄 (p. 7)

芦 La vitesse 脿 laquelle vont les id茅es, les doctrines, les engagements, permet 脿 la nouvelle de cerner le contenu du moment, sans s'attarder 脿 justifier des personnages. (鈥淐amper鈥漸n personnage ; l'homme d'aujourd'hui n'est plus qu'un 锚tre camp茅, une personne d茅plac茅e ; dans le roman, il s'installe, il n'est plus locataire, il devient propri茅taire ; la nouvelle est un meuble, le roman un immeuble. 禄 (p. 7)

芦 Un roman, m锚me m茅diocre, peut contenir de 鈥渂onnes pages鈥� ; une nouvelle, non. Elle est ou elle n'est pas. Comme dans l'art de la fresque, une faute ne s'y rattrape pas. [鈥�] La nouvelle est un saut p茅rilleux ; elle ne pardonne pas. C'est plus qu'un tour de main, ce serait plut么t un tour de force. 禄 (p. 8)

芦 Ce soir-l脿, je rencontrai Barnabooth [鈥�], ce personnage sans fronti猫res [鈥�]. 禄 (p. 300)

芦 Un h茅ros comme le mien, qui se tait, volontairement ou malgr茅 lui, est difficile 脿 comprendre, malais茅 脿 d茅crire, et pourtant je m'y risque dans ce petit livre, aux dimensions d'une longue nouvelle, mais aux tendances d'un roman. 禄 (p. 161)

芦 Non qu'il faille ne pas aimer l'h茅ro茂ne du聽Lys dans la vall茅e, mais elle est vraiment trop innocente [鈥�], attendant pr猫s de la moiti茅 du roman pour comprendre qu'elle est d茅sir茅e [鈥�]. 禄 (p. 5)