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L’assiette de papa et la santé de bébé

Le rĂ©gime alimentaire d’un père avant la conception jouerait un rĂ´le crucial dans la santĂ© de ses enfants, selon une Ă©tude de l’UniversitĂ© Ŕ¦°óSMÉçÇř
±ĘłÜ˛ú±ôľ±Ă©: 10 December 2013
Les mères monopolisent toute l’attention. Cependant, une Ă©tude menĂ©e par la chercheuse de l’UniversitĂ© Ŕ¦°óSMÉçÇř Sarah Kimmins indique que le rĂ©gime alimentaire d’un père avant la conception de l’enfant pourrait jouer un rĂ´le aussi important dans la santĂ© future de leur progĂ©niture. Cette Ă©tude suscite Ă©galement des inquiĂ©tudes quant aux effets Ă  long terme des rĂ©gimes alimentaires des pays occidentaux, ainsi que ceux qu’entraĂ®ne l’insĂ©curitĂ© alimentaire.

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Cette étude s’est concentrée sur la vitamine B9, également appelée folate, qui est présente dans quantité de légumes verts ainsi que dans les céréales, les fruits et la viande. Il est établi que pour prévenir les fausses couches et les anomalies congénitales, les mères doivent ingérer des quantités suffisantes de folate. En revanche, peu ou pas d’attention a été portée à la façon dont l’alimentation paternelle peut affecter le développement embryonnaire de ses enfants. L’étude du groupe de recherche de la professeure Kimmins démontre pour la première fois que les taux de folate présents chez le père peuvent être aussi importants pour le développement et la santé des enfants que ceux de la mère. Cette étude suggère ainsi qu’un père devrait porter autant d’attention à son mode de vie et à son alimentation avant de concevoir des enfants qu’une mère.

« Bien que de l’acide folique soit ajouté en supplément à de nombreux aliments, les pères qui ont une alimentation riche en gras ou en produits de restauration rapide ou qui sont obèses courent le risque de ne pas pouvoir métaboliser les folates aussi efficacement que des personnes qui ont des taux normaux de cette vitamine, précise Sarah Kimmins. Les populations qui vivent dans le Nord canadien ainsi que dans d’autres parties du monde où l’approvisionnement alimentaire est déficient pourraient également être à risque de souffrir d’une carence en folate. Nous savons maintenant que cette information sera passée du père vers l’embryon avec des conséquences qui peuvent être très sérieuses. »

L’équipe de chercheurs est arrivée à ces conclusions en travaillant sur des souris et en comparant la progéniture de pères soumis à un régime alimentaire comportant des quantités réduites de folate avec celle de pères dont le régime comportait des quantités suffisantes de folate. Ils ont en effet observé que la carence en folate chez le père était associée à une augmentation de diverses anomalies congénitales chez sa descendance.

« Nous avons Ă©tĂ© très surpris d’observer une augmentation de près de 30 pour cent des anomalies congĂ©nitales chez les portĂ©es dont le père avait des taux rĂ©duits de folate, ajoute Romain Lambrot, du DĂ©partement de sciences animales de l’UniversitĂ© Ŕ¦°óSMÉçÇř, l’un des chercheurs qui a travaillĂ© sur cette Ă©tude. Nous avons dĂ©tectĂ© des malformations squelettiques très sĂ©vères au niveau cranio-facial et Ă  la colonne vertĂ©brale. »

Cette Ă©tude de l’équipe de Sarah Kimmins dĂ©montre que certaines rĂ©gions de l’épigĂ©nome du sperme sont sensibles Ă  certains facteurs auxquels nous sommes exposĂ©s, notamment par notre alimentation. Ces facteurs extĂ©rieurs peuvent ainsi altĂ©rer l’information Ă©pi˛µĂ©˛Ô´Çłľľ±±çłÜ±đ, qui influence Ă  son tour le dĂ©veloppement des descendants d’une personne, mais aussi, Ă  plus long terme, leur mĂ©tabolisme et les maladies qui pourraient les toucher. (L’épigĂ©nome est une sorte d’interrupteur molĂ©culaire qui peut donc ĂŞtre modifiĂ© par des facteurs environnementaux et qui est impliquĂ© dans l’apparition de nombreuses maladies, telles que le cancer et le diabète. L’épigĂ©nome contrĂ´le si un gène est exprimĂ© ou non; ainsi il dĂ©termine si une information potentiellement transmissible le sera).

Nous savions que la majorité de l’épigénome est effacée puis ré-établie lors de la formation du sperme. Or, cette étude démontre qu’en plus de contenir l’information nécessaire au développement de l’embryon, le sperme conserve également en mémoire les facteurs auxquels un père a été exposé par son environnement, son alimentation et son mode de vie.

« Notre étude suggère que les pères devraient réfléchir à ce qu’ils mangent, à ce qu’ils boivent, à ce qu’ils fument et se souvenir qu’ils sont les garants de la santé des générations futures, conclut la professeure Kimmins. Si tout se passe comme prévu, la prochaine étape de notre projet de recherche consistera à travailler en collaboration avec des membres d’une clinique de fertilité afin de déterminer les liens qui peuvent exister chez les hommes entre le régime alimentaire, le surpoids et la santé de leurs enfants. »

Le programme Projets pilotes de Génome Québec a contribué pour une part essentielle du projet de Sarah Kimmins. Le projet a également reçu du financement du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRNSG), les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) et le Réseau québécois en reproduction (Fonds québécois de la recherche sur la nature et les technologies).

Pour lire l’article en entier : ”Low paternal dietary folate alters the mouse sperm epigenome and is associated with negative pregnancy outcomes,” by R. Lambrot, C.Xu, S. Saint-Phar, G. Chountalos, T. Cohen, M. Paquet, M. Suderman, M. Hallett, and S. Kimmins in Nature Communications:Ěý

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