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Surmonter l’épilepsie, première partie : Tommy Hains

« Je ne pense pas constamment à l’épilepsie, mais je dois en tenir compte lorsque je planifie mes activités. »

TommyĚýHains s’est mis Ă  avoir des auras Ă  l’adolescenceĚý– de brèves manifestations pendant lesquelles il semblait hĂ©bĂ©tĂ© et se sentait Ă©tourdi. Il n’y a pas accordĂ© d’importance jusqu’à ce qu’il fasse une crise qui ne laissait planer aucun douteĚý: il Ă©tait l’un des 140Ěý000ĚýCanadiens vivant avec l’épilepsie.

«ĚýQuelques mois avant la fin de mes Ă©tudes secondaires, j’ai fait ma première crise gĂ©nĂ©ralisĂ©e Ă  l’école et on m’a transportĂ© Ă  l’hĂ´pital en ambulanceĚý», raconte Tommy, 26Ěýans, qui travaille aujourd’hui dans une firme d’ingĂ©nieurs-conseils d’Ottawa après avoir obtenu un diplĂ´me avec distinction en gĂ©nie des structures de l’UniversitĂ© d’Ottawa.

Un neurologue a alors prescrit Ă  Tommy l’un des antiĂ©pileptiques mis au point au cours des 20Ěýdernières annĂ©es afin de prĂ©venir, de rĂ©duire ou de faire cesser les crises convulsives.

«ĚýTout allait bien jusqu’au jour de mon entrĂ©e Ă  l’universitĂ©, quelques mois plus tard, oĂą j’ai fait une crise pendant un cours. Je me suis de nouveau retrouvĂ© Ă  l’hĂ´pitalĚý», souligne Tommy. «ĚýJe me suis mis Ă  faire des crises assez souvent et j’ai dĂ» abandonner certains cours.Ěý»

Tommy a alors remarquĂ© que les crises se produisaient lorsque la fatigue ou le stress se faisaient particulièrement sentirĚý– deux des facteurs susceptibles de dĂ©clencher une crise. Un soir de grande fatigue, il a fait une crise au cinĂ©ma. Certains patients souffrent d’épilepsie photosensible, laquelle est dĂ©clenchĂ©e par des Ă©clairs lumineux.

«ĚýUne fois rendu Ă  l’hĂ´pital, j’ai fait d’autres crises. C’est lĂ  que tout a basculĂ©. J’ai abandonnĂ© tous mes cours. Je ne pouvais mener une vie Ă©tudiante normale, alors je suis restĂ© Ă  la maison et j’ai consacrĂ© toutes mes Ă©nergies Ă  maĂ®triser mes crises d’épilepsie.Ěý»

Le traitement mĂ©dicamenteux de Tommy n’était plus efficace, ce qui se produit chez 30ĚýĂ  40 pour cent des patients selon des donnĂ©es cliniques provenant des quatre coins du monde. La prochaine option thĂ©rapeutique Ă©tait l’intervention chirurgicale.

Le neurologue qui soignait Tommy Ă  Ottawa lui a recommandĂ© leĚýNeuro, un Ă©tablissement de renommĂ©e mondiale pour le traitement chirurgical de l’épilepsie, et ce, depuis sa crĂ©ation par le DrĚýWilderĚýPenfield, dans les annĂ©es 1930. Ce cĂ©lèbre neurochirurgien et son Ă©quipe ont mis au point une mĂ©thode chirurgicale qui consiste Ă  administrer au patient un anesthĂ©sique local qui lui permet de rester Ă©veillĂ© pendant l’intervention. Une fois le cortex cĂ©rĂ©bral exposĂ©, le patient est en mesure de rĂ©pondre aux questions du chirurgien pendant que ce dernier sonde les profondeurs de son cerveau. Connue sous le nom de «ĚýprocĂ©dure de MontrĂ©alĚý», cette mĂ©thode, tout comme la rĂ©section du lobe temporal dans le but de retirer le foyer Ă©pileptique, est encore utilisĂ©e partout dans le monde.

Tommy a Ă©tĂ© admis pour une semaine Ă  l’UnitĂ© de surveillance de l’épilepsie du Neuro, oĂą il a Ă©tĂ© pris en charge par la DreĚýElianeĚýKobayashi, Ă©pileptologue (neurologue spĂ©cialiste de l’épilepsie) et chercheuse dont les travaux sont axĂ©s sur l’épilepsie pharmacorĂ©sistante. LaurĂ©ate Ă  deux reprises d’un prix remis par l’American Epilepsy Society Ă  des mĂ©decins-chercheurs en dĂ©but de carrière, la DreĚýKobayashi dirige le programme de bourses de recherche postdoctorale sur l’épilepsie de l’Institut neurologique de MontrĂ©al, qui permet d’assurer la formation de futurs Ă©pileptologues.

Au Neuro, les spĂ©cialistes ont eu recours Ă  l’enregistrement continu de l’EEG avec surveillance vidĂ©o 24Ěýheures par jour toute la semaine afin de surveiller l’activitĂ© Ă©lectrique cĂ©rĂ©brale de Tommy. Le logiciel de surveillance informatisĂ©e a Ă©tĂ© conçu au Neuro par JeanĚýGotman, Ph.ĚýD., l’un des plus Ă©minents spĂ©cialistes en Ă©lectroencĂ©phalographie du monde, dont les travaux lui ont valu des prix d’excellence de l’International League Against Epilepsy et de l’American Epilepsy Society. La version la plus rĂ©cente de son logiciel est utilisĂ©e par de nombreux autres centres spĂ©cialisĂ©s dans le traitement de l’épilepsie. JeanĚýGotman, qui travaille en collaboration avec le DrĚýFrançoisĚýDubeau, Ă©pileptologue et spĂ©cialiste en Ă©lectroencĂ©phalographie, est reconnu depuis plusieurs dĂ©cennies pour ses travaux de recherche rĂ©volutionnaires en neurophysiologie et en neuroimagerie.

«ĚýIls ont pu enregistrer plusieurs crises et en dĂ©couvrir la sourceĚý», prĂ©cise Tommy. «ĚýIls ont Ă©galement dĂ©terminĂ© que mon cerveau prĂ©sentait une lĂ©sion ou une malformation qui dĂ©clenchait les crises lorsque j’étais fatiguĂ© ou stressĂ©.Ěý»

On appelle «ĚýfocaleĚý» ce type de crise, qui ne touche qu’une seule rĂ©gion du cerveau. Les crises gĂ©nĂ©ralisĂ©es, quant Ă  elles, sont plus diffuses et touchent les deux hĂ©misphères cĂ©rĂ©braux.

Les malformations qui se produisent au cours des premiers stades du développement du cerveau ne constituent que l’une des causes de l’épilepsie. Cette dernière peut également être causée par la formation de tissu cicatriciel à la suite d’un traumatisme crânien, par une forte fièvre et des convulsions prolongées à la suite d’un traumatisme survenu au cours de la petite enfance, par un accident vasculaire cérébral ou par une tumeur. Dans certains cas, la cause de cette affection demeure inconnue.

Pendant l’année qui s’est écoulée entre sa première crise, à l’université, et son intervention chirurgicale, Tommy a vécu des moments éprouvants sur le plan émotionnel.

«ĚýJ’ai Ă©tĂ© très déçu de devoir renoncer Ă  mes Ă©tudes pendant tout un semestre. J’étais impatient de commencer ma vie d’adulte. J’avais toujours Ă©tĂ© en bonne santĂ©, et j’ai trouvĂ© très difficile d’accepter que mon corps m’impose de nouvelles limites.Ěý»

Pendant son sĂ©jour prĂ©opĂ©ratoire au Neuro, Tommy a Ă©tĂ© soumis Ă  des examens de routine par la DreĚýVivianeĚýSziklas, chercheuse principale qui Ă©tudie les fonctions cognitives des patients qui subissent une intervention chirurgicale pour l’épilepsie. La DreĚýSziklas joue un rĂ´le fondamental dans la prise de dĂ©cisions liĂ©es aux interventions. Aucune intervention ne peut avoir lieu sans son avis d’experte sur le profil cognitif du patient. De plus, elle continue d’apporter son aide aux patients après l’intervention et les soutient au sein de leur milieu professionnel ou scolaire.

Tommy a Ă©tĂ© opĂ©rĂ© par le Dr Jeffery Hall, qui a fait sa rĂ©sidence en neurochirurgie au Neuro, puis un postdoctorat en chirurgie de l’épilepsie sous la direction du DrĚýAndrĂ©ĚýOlivier, le chirurgien de l’épilepsie le plus expĂ©rimentĂ© au Canada. Ă€ la fois neurochirurgien et professeur, le DrĚýOlivier a traitĂ© des milliers de patients aux prises avec une Ă©pilepsie rĂ©fractaire et formĂ© des neurochirurgiens de l’épilepsie de partout dans le monde.

Pendant les deux annĂ©es suivantes, Tommy a Ă©tĂ© libre de crises. Il a poursuivi ses Ă©tudes Ă  Ottawa jusqu’au jour oĂą il a subi une nouvelle crise, dĂ©clenchĂ©e encore une fois par le stress et la fatigue. Deux facteurs peuvent influer sur la survenue de rĂ©cidives ou de sĂ©quelles cognitives postopĂ©ratoiresĚý: le type d’intervention rĂ©alisĂ©e et la capacitĂ©, pour le chirurgien, de retirer de façon sĂ©curitaire tous les tissus cĂ©rĂ©braux Ă©pileptogènes. Il est impossible pour les mĂ©decins de savoir avec exactitude quelle sera l’issue de l’intervention, mais, selon le siège du foyer Ă©pileptique et l’étendue de la rĂ©section, ils peuvent avoir une bonne idĂ©e des rĂ©sultats avant mĂŞme que la dĂ©cision d’opĂ©rer soit prise.

De retour Ă  l’UnitĂ© de surveillance de l’épilepsie du Neuro, Tommy n’avait toujours pas fait d’autre crise après plusieurs jours d’observation. Dans de tels cas, les mĂ©decins ont recours au sevrage thĂ©rapeutique, ce qui accroĂ®t le risque de crise. Une fois le traitement interrompu, Tommy a fait une autre crise. La DreĚýKobayashi et ses collègues ont toutefois dĂ©cidĂ© qu’une deuxième intervention chirurgicale n’était pas indiquĂ©e Ă  ce moment, jugeant prĂ©fĂ©rable que Tommy suive un traitement mĂ©dicamenteux optimisĂ© tout en se mĂ©nageant et en s’assurant de bien gĂ©rer son stress.

«ĚýJ’ai vraiment dĂ» m’adapter et j’ai parfois trouvĂ© cela difficileĚý», souligne-t-il. «ĚýJe dois me mĂ©nager et gĂ©rer mon stress. Il m’est impossible de passer tout un week-end sans dormir suffisamment en espĂ©rant que tout ira bien. Je ne pense pas constamment Ă  l’épilepsie, mais je dois en tenir compte lorsque je planifie mes activitĂ©s. Ce n’est pas une prĂ©occupation de tous les instants, je dois simplement m’adapter.Ěý»

Sa famille, ses amis et sa petite amie se montrent très comprĂ©hensifs, ce qui l’aide beaucoup. Ils le ramènent parfois Ă  l’ordre en lui rappelant de ne pas en faire trop. Bien que Tommy demeure toujours Ă  Ottawa, il continue de consulter la DreĚýKobayashi chaque annĂ©e pour un examen de contrĂ´le.

Pour lire le tĂ©moignage de NicoleĚýCresenzi, deuxième de la sĂ©rie Surmonter l’épilepsie, cliquez ici.

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Le NeuroĚýŔ¦°óSMÉçÇř

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Le Neuro (L'Institut-HĂ´pital neurologiqueĚýde MontrĂ©al) - un institut de recherche et d’enseignement bilingue de Ŕ¦°óSMÉçÇř, qui offre des soins de haut calibre aux patients - est la pierre angulaire de la Mission en neurosciences du Centre universitaire de santĂ© Ŕ¦°óSMÉçÇř. Nous sommes fiers d’être une institution Killam, soutenue par les fiducies Killam.

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