Comment Salmonella déjoue les défenses des cellules
Découverte d’une nouvelle protéine qui joue un rôle clé dans les infections bactériennes
Les infections bactériennes représentent un important problème de santé publique : elles causent mondialement plus de 300 millions de cas de maladies d’origine alimentaire et sont responsables de 60 % des décès qui y sont associés. Pour la seule salmonellose, on compte annuellement quelque 93,8 millions de cas et 155 000 décès. Devant l’ampleur du problème, aggravé par l’émergence de souches de Salmonella antibiorésistantes, il est urgent d’élucider les mécanismes moléculaires des infections bactériennes.
C’est dans cette optique qu’est née une collaboration entre les laboratoires de la Dre Danielle Malo, professeure aux départements de médecine et de génétique humaine de la ¹ó²¹³¦³Ü±ô³Ùé de médecine de l’Université À¦°óSMÉçÇø, et du Dr Ivan Dikic, directeur de l’Institut de biochimie II de l’Université Goethe de Francfort, en Allemagne. Les premiers résultats de leurs travaux ont récemment été publiés dans la revue Nature Microbiology.
Outils génétiques et modèles murins
Les chercheurs ont employé une démarche multidisciplinaire appelée génétique directe chez la souris afin d’identifier les gènes actifs dans la lutte contre l’infection à  Salmonella. Ils ont ainsi découvert un gène important, CYRI, qui est impliqué dans les infections à  Salmonella, mais également à d’autres bactéries intracellulaires comme Listeria (intoxication alimentaire) et Mycobacteria (tuberculose).
Fait intéressant, l’équipe a découvert que CYRI joue un rôle important dans la régulation de l’entrée des bactéries dans les cellules et de leur dissémination dans l’organisme. « Lorsque les souris sont porteuses d’une forme mutante de CYRI, elles deviennent susceptibles à l’infection », explique la Dre Malo. « Notre étude indique que CYRI joue un rôle dans l’interaction complexe hôte-pathogène en privilégiant la clairance bactérienne chez l’hôte. Nous avons aussi démontré que de son côté, Salmonella essaie de réduire les taux de CYRI à son propre avantage. Il en résulte un genre de souque à la corde entre l’hôte et les agents pathogènes, chacun luttant pour sa survie. »
Bien que les conséquences pratiques de cette découverte restent à déterminer, les scientifiques sont d’avis que le rôle du gène CYRI ne se limite pas à combattre les infections. « Nous savons que CYRI est important dans le développement de l’embryon et la mobilité cellulaire », dit la Dre Malo. « Il faut poursuivre les travaux pour tracer un portrait complet du rôle de CYRI dans la santé et la maladie. »
« CYRI/FAM49B negatively regulates RAC1-driven cytoskeletal remodelling and protects against bacterial infection », par KE. Yuki, D. Malo, I. Dikic, et al., a été publié dans Nature Microbiology le 8 juillet 2019. doi: 10.1038/s41564-019-0484-8
Cette étude a fait l’objet d’un financement des Instituts de recherche en santé du Canada.
Documents sources de l’Institut de biochimie II, Université Goethe, Francfort, Allemagne