Chef de file en soins de santé, médecin de famille spécialisée en gériatrie, bénévole, mentore, défenseuse des droits des patients, travailleuse humanitaire, philanthrope sont autant qualificatifs qui représentent bien la Dre Anita Brown-Johnson (MDCM 1988, FMPD 1990).
Elle se décrit elle-même comme étant « le fruit d’origines modestes et imprégnée d’une profonde appréciation et d’un grand respect pour l’équité, la diversité et l’inclusion depuis sa plus tendre enfance ».
Le 7 juin 2022, la Dre Brown-Johnson a reçu le prix David-Johnston pour le corps professoral et le personnel lors du banquet de remise des prix et distinctions de l’Association des diplĂ´mĂ©s de Ŕ¦°óSMÉçÇř, en reconnaissance de son engagement bĂ©nĂ©vole de longue date.
Chef de la mĂ©decine de famille au Centre universitaire de santĂ© Ŕ¦°óSMÉçÇř (CUSM) et professeure adjointe Ă la FacultĂ© de mĂ©decine et des sciences de la santĂ© de Ŕ¦°óSMÉçÇř, la Dre Brown-Johnson a consacrĂ© sa vie au service communautaire, Ă la dĂ©fense des populations vulnĂ©rables et aux initiatives philanthropiques. « C’est inscrit dans mon ADN depuis aussi longtemps que je me souvienne », dit-elle.
La genèse d’une vie consacrée au service
Bien que née à Montréal, la Dre Brown-Johnson a été élevée en Jamaïque par sa grand-mère paternelle, qui lui a inculqué les valeurs d’intégrité, de respect et de gentillesse. Dès son plus jeune âge, elle était consciente que « nous sommes tous étroitement liés les uns aux autres, de toutes les manières possibles ». Elle souligne que sa vision du monde s’inspire de la devise de la Jamaïque « Out of Many, One People » (du plus grand nombre, un peuple), qui traduit les racines multiraciales de la nation.
La Dre Brown-Johnson se rappelle l’origine de son intérêt pour la médecine. Questionnée en 9e année sur ses aspirations professionnelles, elle a aussitôt répondu « infirmière et professeure de mathématiques ». Infirmière, car elle était très consciente des besoins des personnes âgées, puisqu’elle vivait avec sa grand-mère. Professeure de mathématiques, car elle enseignait déjà à ses camarades de classe cette matière qui la passionnait.
« As-tu envisagé de devenir médecin? », lui a-t-on demandé. En fait, Anita n’avait jamais rencontré un médecin — des infirmières assuraient les soins de santé de première ligne de la communauté. Le germe d’une passion venait cependant d’être semé.
Au terme de ses Ă©tudes secondaires, Anita a retrouvĂ© ses parents au Canada. Après avoir Ă©tĂ© la première diplĂ´mĂ©e du Collège des sciences de l’UniversitĂ© Concordia en 1983, elle a effectuĂ© une annĂ©e d’études doctorales en biologie et gĂ©nĂ©tique molĂ©culaires Ă Ŕ¦°óSMÉçÇř avant de s’inscrire au programme MDCM en 1984. Elle savait alors que le domaine de la mĂ©decine pouvait combler nombre de ses passions, que ce soit l’enseignement, le tutorat, la recherche scientifique ou les soins aux patients.
« La valeur ľ±˛ÔłŮ°ůľ±˛Ô˛őè±çłÜ±đłľ±đ˛ÔłŮ unique de chaque ĂŞtre humain »
Selon la Dre Brown-Johnson, son expĂ©rience comme Ă©tudiante Ă Ŕ¦°óSMÉçÇř a influencĂ© sa vision inclusive du monde. Elle y a rencontrĂ© des collègues et s’est liĂ©e d’amitiĂ© avec des gens de plusieurs pays, cultures et milieux, ce qui a accentuĂ© sa « foi dans la valeur ľ±˛ÔłŮ°ůľ±˛Ô˛őè±çłÜ±đłľ±đ˛ÔłŮ unique de chaque ĂŞtre humain ».
Après ses études en médecine, elle a effectué une résidence de deux ans en médecine de famille à l’Hôpital général de Montréal, avant d’exercer comme seule médecin auprès de la population de Waskaganish, une petite communauté crie sur la côte de la Baie James du Nord-du-Québec, de 1990 à 1992. Elle a ensuite été nommée au CHSLD de Gaspé, où elle a prodigué des services médicaux aux personnes âgées pendant plus de huit ans et où elle a été désignée chef du service médical.
RecrutĂ©e Ă Ŕ¦°óSMÉçÇř en 1999, la Dre Brown-Johnson est aujourd’hui professeure adjointe au DĂ©partement de mĂ©decine de famille et membre associĂ©e Ă la Division de gĂ©riatrie du DĂ©partement de mĂ©decine, ainsi qu’à la FacultĂ© de mĂ©decine dentaire et des sciences de la santĂ© orale. Fellow du Collège des mĂ©decins de famille du Canada depuis 2005, elle a Ă©tĂ© nommĂ©e chef de mĂ©decine de famille au CUSM en 2021, après en avoir Ă©tĂ© chef adjointe pendant sept ans.
« Grâce Ă Ŕ¦°óSMÉçÇř, Out of Many, One People est devenue ma devise pour la vie », souligne la Dre Brown-Johnson, « que ce soit pour amĂ©liorer les soins aux personnes âgĂ©es, dĂ©velopper l’esprit d’initiative chez les jeunes Ă risque ou offrir des soins de santĂ© adaptĂ©s Ă la rĂ©alitĂ© socioculturelle. »
Une championne de l’humanité
Le prix David-Johnston pour le corps professoral et le personnel est attribuĂ© par l’Association des diplĂ´mĂ©s de Ŕ¦°óSMÉçÇř Ă une ou un membre du corps professoral ou du personnel qui reprĂ©sente l’UniversitĂ© de façon tout Ă fait exemplaire.
« J’étais ravie », dit-elle en Ă©voquant sa rĂ©action lorsqu’elle a appris sa sĂ©lection. La laurĂ©ate signale que le prix est nommĂ© en l’honneur du très honorable David Johnston (LL.D.), qui a Ă©tĂ© le principal de l’UniversitĂ© Ŕ¦°óSMÉçÇř de 1979 Ă 1994 et gouverneur gĂ©nĂ©ral du Canada de 2010 Ă 2017. « Je suis une admiratrice de longue date de son leadership et de son engagement envers le service », confie-t-elle.
Ce sont lĂ des qualitĂ©s pour lesquelles on l’admire, elle, Ă Ŕ¦°óSMÉçÇř.
En 2021, la Dre Brown-Johnson a reçu un prix nommé en l’honneur du Dr Haile T. Debas (MDCM 1963, D.Sc.), un chef de file du mouvement pour la santé mondiale. La distinction reconnaît les membres du corps professoral qui font montre de l’idéal d’équité et d’antiracisme par des actions concrètes.
« Les deux prix sont bien mérités », dit le Dr David Eidelman (MDCM 1979), vice-principal (Santé et affaires médicales) et doyen de la Faculté de médecine et des sciences de la santé. « Nous avons le privilège à la Faculté d’avoir pu tirer profit de la vision, de l’enthousiasme et de l’engagement envers le service de la Dre Brown-Johnson. Elle s’investit à fond dans nos initiatives pour l’équité, la diversité et l’inclusion (ÉDI), notamment en pilotant les efforts destinés à soutenir l’expérience des étudiantes et étudiants noirs en médecine, et ce, de la demande d’admission à l’obtention du diplôme. Elle est un véritable modèle, qui contribue à définir une nouvelle norme d’excellence pour notre troisième siècle d’existence. »
La Dre Brown-Johnson est une fervente dĂ©fenseuse de l’ÉDI sur plusieurs fronts. Membre fondatrice du Caucus Dr Kenneth Melville des professeur.es et employĂ©.es noir.es de Ŕ¦°óSMÉçÇř, elle siège Ă son conseil consultatif et agit Ă titre de dĂ©lĂ©guĂ©e du vice-principal exĂ©cutif dans le recrutement de personnes noires depuis janvier 2021. Elle a contribuĂ© Ă la prĂ©paration du plan de lutte contre le racisme anti-noir de l’UniversitĂ© Ŕ¦°óSMÉçÇř, une initiative panuniversitaire lancĂ©e en septembre 2020.
La mentore de longue date pour des Ă©tudiants de tous horizons fait maintenant partie du programme de mentorat de l’Association des diplĂ´mĂ©es et diplĂ´mĂ©s noirs de Ŕ¦°óSMÉçÇř, qui a Ă©tĂ© instituĂ© en janvier 2021. Elle a Ă©galement contribuĂ© au lancement de la filière Candidats noirs qui encourage les QuĂ©bĂ©coises et QuĂ©bĂ©cois s’identifiant comme Noirs Ă s’inscrire au programme d’études mĂ©dicales de premier cycle Ă la FacultĂ© de mĂ©decine et des sciences de la santĂ©.
Par ailleurs, la Dre Brown-Johnson siège au Conseil consultatif de la Faculté de médecine dentaire et des sciences de la santé orale, dont elle copréside le comité d’ÉDI. La Dre Elham Emami, doyenne de la Faculté, se dit « chanceuse de pouvoir compter sur le soutien et les conseils de la Dre Brown-Johnson quant aux plans stratégiques et d’action portant sur les questions liées à l’ÉDI. Qu’il s’agisse de rayonnement, de philanthropie ou de recherche, ses contributions changent vraiment le cours des choses. Elle est un véritable modèle de leader. Elle agit toujours avec intégrité, valorise le travail d’équipe, vous donne de l’espoir et de l’énergie et plaide avec courage pour l’humanité. »
La Dre Brown-Johnson estime « rĂ©confortant de constater l’engagement des dirigeants de Ŕ¦°óSMÉçÇř Ă se livrer Ă des consultations cruciales — et, parfois, Ă des conversations dĂ©rangeantes — pour connaĂ®tre et mieux comprendre les expĂ©riences des Ă©tudiants, membres du corps professoral et du personnel qui s’identifient comme Noirs, autochtones ou membres d’autres groupes en quĂŞte d’équitĂ©. »
Une empreinte marquée bien au-delà du portail Roddick
Au sein de la communauté élargie, la Dre Brown-Johnson a multiplié les contributions en faveur de l’éducation, des jeunes à risque et des initiatives de promotion de la diversité. Avec son conjoint, le Dr Dexter Gregory Johnson (B. Sc. 1984, DDS 1989), spécialiste en chirurgie buccale et maxillo-faciale, elle a financé deux bourses de longue durée pour les études en sciences infirmières et aux cycles supérieurs. Elle appuie également l’accès à la prématernelle pour les orphelins ainsi qu’aux études supérieures à la University of the West Indies et à la University of Technology, en Jamaïque.
Elle a présidé la division québécoise du Prix international du Duc d’Édimbourg, un programme de leadership pour les jeunes de 14 à 25 ans, et en a été la directrice nationale jusqu’à cette année; elle siège maintenant au conseil local. Elle a tissé des liens de collaboration entre l’Université et des organisations communautaires locales, comme le Centre de ressources de la communauté noire. Elle a siégé au conseil d’administration du Centre de santé autochtone de Tiohtià :ke et assure la liaison avec le CUSM. Elle en est à son troisième mandat en tant que déléguée du Département régional de médecine générale (DRMG) au conseil d’administration du CUSM, dont elle copréside le Comité d’action pour l’inclusion, la diversité et l’équité (C-AIDE).
« Nous avons tous et toutes un rôle à jouer »
Aux yeux de la Dre Brown-Johnson, « l’éducation est la clé » de sa mission d’ensemble, qui est de favoriser un changement transformateur et de réduire les disparités chroniques en matière de santé au sein de communautés noires, autochtones et autres communautés en quête d’équité.
« La représentation est non seulement déterminante, mais c’est aussi la clé d’une société plus saine, plus stable et plus productive », dit-elle.
En repensant à sa carrière, la Dre Brown-Johnson est reconnaissante du soutien de son mari et de leurs deux enfants. Elle remercie également ses parents de leurs encouragements et de leur vision, ainsi que ses « mentors, collègues dévoués et étudiants talentueux » qui, dit-elle, demeurent une source d’inspiration.
Et elle n’a jamais oublié sa grand-mère, de qui elle a appris le principe et la notion de l’égalité de tous les êtres humains.
La Dre Brown-Johnson souligne que l’expérience de la pandémie de COVID-19 a mis en évidence le fait que nous dépendons tous les uns des autres. « De la nounou au cuisinier en passant par le chauffeur de taxi, chacun d’entre nous a un rôle à jouer. »