Une variante génétique influence les choix alimentaires
Par Katherine Gombay,ÌýSalle de Presse
Vos gènes sont-ils responsables de votre excès de poids? Dans une certaine mesure, oui. Enfin, peut-être. Dans certaines circonstances. Bref,- comment faireÌýdes petits pas dans la compréhension de l’´Ç²úé²õ¾±³Ùé.
Une équipe dirigée par une chercheuse de l’Université À¦°óSMÉçÇø a récemment découvert que, chez les jeunes filles porteuses d’une variante génétique particulière (DRD4ÌýVNTR à 7Ìýrépétitions [DRD4-7R]), l’élément qui exerce une influence déterminante sur la consommation de matières grasses n’est pas la variante génétique en soi. C’est plutôt l’interaction entre ce gène et le milieu socio-économique de la jeune fille au début de sa vie qui pourrait déterminer si elle aura une alimentation plus riche en matières grasses OU plus saine que la moyenne, comparativement à des jeunes filles issues du même milieu socio-économique. Environ 20ÌýpourÌý100 de la population est porteuse de la varianteÌýDRD4-7R, gène associé à l’´Ç²úé²õ¾±³Ùé, en particulier chez la femme.
Fait intéressant, cette variante génétique n’a pas le même effet chez les garçons. Nous y reviendrons.
«ÌýChez les jeunes filles issues de familles moins aisées, nous avons constaté que les porteuses du gèneÌýDRD4-7R avaient une alimentation plus riche en matières grasses que leurs pairs du même milieu socio-économique, explique LauretteÌýDubé, chercheuse principale de l’étude et directrice scientifique du Centre À¦°óSMÉçÇø de convergence de la ²õ²¹²Ô³Ùé et de l’économie. Toutefois, nous avons également observé que les jeunes filles porteuses de la même variante génétique, mais issues de familles plus aisées, avaient une alimentation moins riche en matières grasses que leurs pairs du même milieu socio-économique. Il y a donc lieu de croire que le gène n’exerce pas une action directe, mais agit plutôt en rendant le sujet plus sensible à son milieu de vie; selon le cas, son environnement l’amènera ou non à affectionner les matières grasses et, au fil des ans, le conduira ou non vers l’´Ç²úé²õ¾±³Ùé.Ìý»
²Ñé³Ù³ó´Ç»å´Ç±ô´Ç²µ¾±±ð
Les chercheurs ont examiné les journaux alimentaires tenus par les parents de près de 200Ìýjeunes enfants canadiens (âgés en moyenne de quatre ans) de la cohorte de naissance MAVAN de Montréal (Québec) et de Hamilton (Ontario). Ils ont calculé le pourcentage de lipides, de protéines et de glucides que ces enfants consommaient. Ils ont également mesuré l’indice de masse corporelle (IMC) des enfants et ont recherché la présence du gèneÌýDRD4‑7R dans leur salive. Enfin, ils ont évalué la qualité du milieu socio-économique des enfants en se fondant sur le revenu familial, également considéré comme un marqueur indirect de l’environnement alimentaire (par exemple, disponibilité de fruits et de légumes ou présence de malbouffe dans le voisinage).
Certaines variantes génétiques rendent le sujet plus sensible à son environnement
Publiée aujourd’hui dans JAMA Pediatrics, l’étude fait suite aux travaux récents d’autres équipes selon lesquels certains gènes, notamment le DRD4‑7R, agiraient à la manière de «Ìýgènes de plasticitéÌý». Plus précisément, les porteurs de ces variantes génétiques seraient plus «ÌýperméablesÌý» à leur environnement, en général, que les sujets qui en sont dépourvus. RésultatÌý: selon le milieu de vie du porteur, le gène augmentera OU diminuera le risque de certains troubles neurocomportementaux.
Sachant que les porteurs du gèneÌýDRD4‑7R étaient exposés à un risque accru d’´Ç²úé²õ¾±³Ùé, les chercheurs se sont demandé s’ils n’étaient pas plutôt en présence d’un «Ìýgène de plasticitéÌý» dont les effets varieraient en fonction de l’environnement.
«ÌýNous avions déjà observé une consommation plus élevée de matières grasses chez les porteuses du gèneÌýDRD4‑7R et voulions savoir si le milieu de vie pouvait influer sur cette consommation. Or, il s’avère que ouiÌý: la consommation de matières grasses augmentera ou diminuera chez ces jeunes filles selon leur statut socio-économiqueÌý», déclare la DreÌýPatriciaÌýSilveira, Faculté de médecine de l’Université fédérale du Rio Grande do Sul, Brésil, auteure principale de l’étude menée en collaboration avec l’UniversitéÌýÀ¦°óSMÉçÇø, l’Université de Toronto et l’UniversitéÌýMcMaster. «ÌýC’est important, parce que jusqu’à maintenant, on tenait le gène pour ʽresponsableʼ du goût pour les matières grasses; or, on sait maintenant que c’est plutôt le milieu de vie dans lequel l’enfant grandit qui devrait être au cÅ“ur des préoccupations, puisque c’est lui qui fera varier les effets du gène.Ìý»
«ÌýAuparavant, nous tenions pour acquis que la varianteÌý7‑R provoquait un gain de poids chez les jeunes porteuses du gène en intensifiant la satisfaction ressentie lors de la consommation de certains aliments. À la lumière des résultats de l’étude, on peut penser que le gène influe effectivement sur les choix alimentaires, mais autrementÌý», précise le DrÌýRobertÌýLevitan. Ce dernier, cochercheur pour la présente étude et chercheur principale au Centre de toxicomanie et de ²õ²¹²Ô³Ùé mentale, dirige le programme d’´Ç²úé²õ¾±³Ùé infantile dans le cadre du projet MAVAN et a étudié le gèneÌýDRD4 dans diverses populations de femmes adultes mangeant avec excès.
Influence moins nette chez les garçons du même âge
Fait intéressant, les chercheurs ont constaté que cet effet ne touchait que les jeunes filles du groupe à l’étude. Selon eux, cette différence pourrait s’expliquer par les impératifs de l’évolution; en effet, peut-être était-il important que les filles puissent prendre du poids facilement afin de se reproduire malgré des conditions défavorables. Autre hypothèse avancéeÌý: à quatre ans, il est peut-être tout simplement trop tôt pour observer de tels effets chez un garçon, la prise de poids ne survenant pas au même moment chez les garçons et les filles de cet âge; il se peut aussi que garçons et filles réagissent différemment à la faim et à la satiété.
«ÌýTout ce que nous pouvons affirmer avec certitude au terme de cette étude, c’est que la variante génétique aura une influence différente sur les choix alimentaires selon le milieu de vie; cependant, nous ignorons COMMENT le gène influe sur les préférences alimentairesÌý», conclut la DreÌý³§¾±±ô±¹±ð¾±°ù²¹.
«ÌýCes résultats font ressortir l’importance d’une démarche personnalisée pour la prévention de l’´Ç²úé²õ¾±³Ùé infantile, fait observer LauretteÌýDubé. Nous devons tendre vers des démarches ciblées axées sur les populations particulièrement vulnérables tant aux facteurs génétiques qu’aux facteurs environnementaux, sachant que les personnes les plus vulnérables en milieu défavorable en raison d’une prédisposition génétique sont aussi les plus susceptibles de bien réagir à une amélioration de leur milieu de vie.Ìý»
Ces travaux ont été financés par les Instituts de recherche en ²õ²¹²Ô³Ùé du Canada et les Instituts nationaux de la ²õ²¹²Ô³Ùé des États-Unis.
Version intégrale de l’article signé Silveira etÌýcoll. dans JAMA PediatricsÌý:
Les experts ci-après peuvent commenter l’étude (en anglais) :
Prof. Jay Belsky, Dept. d’écologie humaine, University of California, Davis, USA
jbelsky [at] ucdavis [dot] edu
Prof. Dan T A Eisenberg, Dépt. d’anthropologie, University of Washington, Seattle, USA
dtae [at] dtae [dot] net
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