Une anomalie de la « colle » à la surface cellulaire au cœur de l'invasion tumorale
Une dĂ©couverte remarquable sur la prolifĂ©ration de cellules tumorales au sein d'un tissu normal devrait susciter la mise au point d’outils diagnostiques essentiels et de stratĂ©gies visant Ă juguler la propagation de cellules cancĂ©reuses. Une nouvelle Ă©tude menĂ©e par des chercheurs de l’Institut et hĂ´pital neurologiques de MontrĂ©al de l’UniversitĂ© Ŕ¦°óSMÉçÇř rĂ©vèle que la surface de cellules tumorales agressives est dĂ©pourvue de la forte «ĚýcolleĚý» molĂ©culaire qui lie les cellules normales ensemble. Cela permet aux cellules tumorales de se dĂ©tacher de leurs voisines et de se propager Ă d’autres rĂ©gions du corps.
Certaines protĂ©ines, les ł¦˛ą»ĺłóĂ©°ůľ±˛Ô±đ˛ő qui sont situĂ©es Ă la surface des cellules, jouent un rĂ´le vital dans l’adhĂ©rence de cellules entre elles, ce qui assure l’organisation adĂ©quate des tissus.Ěý Ce qui arrive aux cellules et Ă la «ĚýcolleĚý» qui les lie lors de la croissance des tumeurs et de la formation de mĂ©tastases est mal compris.Ěý «ĚýNous avons Ă©tĂ© interpellĂ©s par les recherches antĂ©rieures qui montraient que la N-cadhĂ©rine, une molĂ©cule adhĂ©sive, avait un rĂ´le dĂ©terminant tant dans l’organisation de tissu normal que dans la formation de mĂ©tastasesĚý», dit le professeur David Colman, directeur du Neuro et auteur-ressource de l’étude.Ěý «ĚýNous avons donc dĂ©cidĂ© de scruter ce paradoxe apparent.Ěý»
L’équipe s’est penchĂ©e sur les niveaux de N-cadhĂ©rine Ă la surface de cellules tumorales.Ěý «ĚýNotre Ă©tude montre que la proportion d’une forme non adhĂ©sive de N-cadhĂ©rine, la proNcad, est plus grande Ă la surface des mĂ©lanomes les plus invasifs, des cellules tumorales au cerveau, des cellules tumorales du sein et de la prostate, que celle qu’on retrouve Ă la surface de cellules tumoralesĚýmoins invasivesĚý», explique Deborah Maret, Ph. D., associĂ©e de recherche et auteure principale. Cette forme non adhĂ©sive de N-cadhĂ©rine ne s’exprime jamais Ă la surface cellulaire dans les tissus normaux.
«ĚýIl semble que si les taux totaux de N-cadhĂ©rine demeurent constants, un taux plus Ă©levĂ© de proNcad non adhĂ©sive favorise le dĂ©tachement, la migration et l’invasion des cellules tumoralesĚý», ajoute Deborah Maret. «ĚýCela tend Ă confirmer une conclusion gĂ©nĂ©rale selon laquelle les formes non adhĂ©sive (proNcad) et adhĂ©sive (Ncad) de ł¦˛ą»ĺłóĂ©°ůľ±˛Ô±đ˛ő coexistent Ă la surface de cellules tumorales, mais que c’est le ratio entre ces molĂ©cules de fonction contraire qui dĂ©termine directement le potentiel d’invasion de cellules tumorales.Ěý» Les diffĂ©rences entre les deux formes de cadhĂ©rine Ă©tant très petites, des Ă©tudes antĂ©rieures n’ont pas dĂ©celĂ© la forme non adhĂ©sive proNcad Ă la surface de cellules tumorales. VoilĂ pourquoi l’on supposait que toute Ncad exprimĂ©e Ă la surface de cellules tumorales Ă©tait de type adhĂ©sive. «ĚýNous avons Ă©tĂ© Ă©tonnĂ©s de constater qu’il n’en Ă©tait rienĚý», de dire le Pr Colman.
«ĚýEn tant que neurochirurgien, je sais que mettre fin Ă la migration de cellules cancĂ©reuses est crucial pour la survie des patientsĚý», souligne le Dr Rolando Del Maestro, directeur du Centre de recherche sur les tumeurs au cerveau et un des coauteurs de l’étude. «ĚýNous sommes rĂ©solus Ă amĂ©liorer les options de traitement pour les patients. Nous avons dĂ©jĂ mis en oeuvre de nouvelles mĂ©thodes et technologies neurochirurgicales qui sont sans Ă©quivalent en AmĂ©rique du Nord et nous dirigeons des initiatives multidisciplinaires destinĂ©es Ă faire avancer la recherche sur les tumeurs au cerveau.Ěý»
La mesure du ratio de Ncad et de proNcad à la surface des cellules pourrait servir d’outil très valable pour la détermination des stades et la progression de tumeurs malignes. Les résultats peuvent aussi ouvrir la voie à de nouvelles stratégies thérapeutiques pour arrêter la propagation métastatique de cellules tumorales invasives.
L’étude a été publiée dans l’édition de cette semaine de la revue Neoplasia. Elle a été financée par les Instituts de recherche en santé du Canada; une bourse de doctorat Richard H Tomlinson; la Fondation Maggie De Fontes; la Fondation canadienne des tumeurs cérébrales; les National Institutes of Health, le Fonds Raymonde et Tony Boeckh, le Fonds Goals for Lily, le Fonds de la famille Alex Pavanel, et le Fonds Franco Di Giovanni pour la recherche sur les tumeurs au cerveau.
L’Institut et hôpital neurologiques de Montréal
L’Institut et hĂ´pital neurologiques de MontrĂ©al, le Neuro, est un centre mĂ©dical universitaire unique qui se consacre aux neurosciences. Cet institut de recherche et de formation rattachĂ© Ă l’UniversitĂ© Ŕ¦°óSMÉçÇř est au cĹ“ur de la mission en neurosciences que s’est donnĂ©e le Centre universitaire de santĂ© Ŕ¦°óSMÉçÇř. FondĂ© en 1934 par le rĂ©putĂ© Dr Wilder Penfield, le Neuro est reconnu dans le monde entier pour la manière dont il intègre la recherche, des soins prodiguĂ©s avec compassion aux patients et la formation de pointe, autant de facteurs sans lesquels la science et la mĂ©decine ne pourraient progresser. Ses chercheurs sont des chefs de file mondiaux dans les neurosciences cellulaires et molĂ©culaires, en imagerie cĂ©rĂ©brale, en neurosciences cognitives ainsi que dans l’étude et le traitement de l’épilepsie, de la sclĂ©rose en plaques et des troubles neuromusculaires. Dans son budget de 2007, le gouvernement fĂ©dĂ©ral a fait de l’Institut neurologique de MontrĂ©al un des sept centres d’excellence du Canada, ce qui a lui a permis d’obtenir 15 millions de dollars pour financer ses recherches et ses activitĂ©s de commercialisation dans le domaine des maladies neurologiques et des neurosciences.Ěý
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