Tuberculose : sur la voie de la prévention
Des chercheurs du CUSM et leurs collègues internationaux identifient le premier facteur génétique de résistance à l’infection de la tuberculose.
Pourquoi certaines personnes exposées à la tuberculose ne sont pas infectées et ne développent pas la maladie ? L’équipe du Dr Erwin Schurr de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé À¦°óSMÉçÇø (IR-CUSM) en collaboration avec le Dr Alexandre Alcais de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM), Paris, clarifie pour la première fois la question. Leurs résultats montrent qu’un ou plusieurs gènes seraient à l’origine, pour certaines personnes, de leur résistance à l’infection tuberculeuse. Les résultats viennent d’être publiés dans le « Journal of Experimental Medicine ».
La tuberculose est une causée par une bactérie appelée (Mtb). Les deux tiers de la population mondiale sont infectés par cette mycobactérie. Cependant, environ 20 % des personnes exposées à la Mtb sont résistantes à l’infection et ne développeront donc jamais la maladie. « Dans notre étude, nous nous sommes intéressés à cette minorité de personnes vivant dans des zones à haute exposition sans être infectées », livre le Dr Schurr. « Nous avons essayé de comprendre comment ces personnes développent une résistante à l’infection. »
Les résultats montrent l’existence d’un emplacement particulier sur un chromosome, un locus, qui contrôle la résistance à l’infection. En effet, sur les 128 familles étudiées, issues d’une zone d’Afrique du Sud hautement exposée à la tuberculose, tenant compte des facteurs non génétiques tel que l'âge, environ 20 % des individus présentaient une résistance naturelle à l’infection par M. tuberculosis. « En d’autres termes, certaines personnes auraient un patrimoine génétique particulier qui les rendraient naturellement résistantes à l’infection par Mtb», explique le Dr Alcais.
« La découverte d’un facteur de résistance d’origine génétique est un grand pas en avant dans la lutte contre la tuberculose à l’échelle mondiale et locale », s’enthousiasme le Dr Schurr. Une avancée majeure pour les personnes atteintes du VIH, pour qui la tuberculose est une cause majeure de mortalité, responsable d’environ 13 % des décès liés au VIH/SIDA dans le monde. « Le VIH/SIDA et la TB en accélérant mutuellement leur progression sont partenaires dans le crime ; si nous pouvons prévenir l’infection, les patients immuno-déficients ne seront plus menacés par la tuberculose », livre le Dr Schurr.
« Notre défi en tant que chercheurs est à présent d’identifier et de caractériser ce facteur génétique et de comprendre son mécanisme de fonctionnement qui conduit à la résistance contre l’infection », confie le Dr Alcais. L’espoir est d’utiliser dans un avenir proche les facteurs génétiques de résistance pour prévenir l’infection chez toute la population en stimulant le mécanisme à l’origine de la résistance.
« Si nous pouvons rendre la population résistante à l’infection, la tuberculose qui reste un problème majeur de santé publique, pourrait être rayée de la carte », conclut Dr Schurr.
Le Dr Schurr est chercheur au centre d’étude sur la résistance de l’hôte de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé À¦°óSMÉçÇø et au département de génétique humaine et de médecine de l’Université À¦°óSMÉçÇø
Le Dr Alcais est chercheur au laboratoire de génétique humaine des maladies infectieuses, Necker Branch, Institut national de la santé et de la recherche médicale, France, Université René Descartes, Necker Medical School, France, Laboratory of Human Genetics of Infectious Diseases, Rockefeller Branch, The Rockefeller University, USA.
Financement
Cette étude a été financée par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), Sequella/AERAS Global Tuberculosis Vaccine Foundation et Gates Foundation. Certains auteurs ont reçu un soutien financier de la part des Fonds de la recherche en santé du Québec (FRSQ).
Partenaires
Cet article a été co-signé par Caroline Gallant, Leah Simkin et Erwin Schurr de l’IR CUSM, Aurelie Cobat, INSERM U550, Paris, France, Jean-Laurent Casanova, Laurent Abel et Alexandre Alcais INSERM U.550, et Université Paris Descartes, Paris, France et Laboratory of Human Genetics, The Rockefeller University, NYC, U.S.A. Ann Boland-Auge, Centre National de Genotypage, Evry, France, Mark Doherty, Statens Serum Institute,, Copenhagen, Danemark, Gillian Black, Kim Stanley, Paul van Helden et Eileen Hoal, Stellenbosch University, Tygerberg, Afrique du Sud, Jane Hughes, Brian Eley, et Willem Hanekom, University of Cape Town, Cape Town, Afrique du Sud.
Retrouvez ce communiqué accompagné de l’article original et d’une courte interview audio sur le lien :
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