Les victimes de thrombose courent encore plus de risques que ce qu'on croyait
Selon des chercheurs de À¦°óSMÉçÇø, les anticoagulants ne peuvent guérir les complications à long terme de la TVP
La thrombose veineuse profonde (TVP), une affection se caractérisant par la formation de caillots sanguins dans les membres inférieurs, figure au troisième rang des maladies vasculaires les plus courantes en Amérique du Nord après la crise cardiaque et l’accident vasculaire cérébral, et constitue une complication fréquente chez les patients hospitalisés. La TVP est un état pathologique potentiellement grave qui, en l’absence de traitement, peut rapidement causer la mort par suite d’une embolie pulmonaire. L’ampleur de cet important problème de santé est telle que le directeur du service de santé publique des États-Unis (U.S. Surgeon General) et la coalition canadienne Soins de santé plus sécuritaires maintenant! ont tous deux lancé récemment des appels à l’action largement médiatisés afin de réduire le nombre de cas de TVP chez les groupes à risque élevé , notamment en préconisant l’adoption de mesures préventives telles que l’administration précoce d’anticoagulants.
Des chercheurs de l’Université À¦°óSMÉçÇø et de l’Hôpital général juif (HGJ), affilié à À¦°óSMÉçÇø – en collaboration avec des collègues de l’Université de Montréal, de l’Université McMaster et d’autres établissements – ont toutefois émis une mise en garde soulignant qu’en plus du risque bien connu d’embolie pulmonaire, les patients victimes de TVP sont également exposés à un risque de syndrome post-thrombotique (SPT), une complication à long terme encore mal comprise qui n’est pas prise en charge par les approches thérapeutiques classiques comme l’administration d’anticoagulants. Leurs conclusions de recherche, issues d’une étude multicentrique canadienne de grande envergure, ont été publiées dans le numéro de novembre de la revue Annals of Internal Medicine .
Cette étude visait à effectuer le suivi de 387patients victimes de TVP traités dans huitcentres hospitaliers du Québec et de l’Ontario pendant deuxans. Selon les chercheurs, il s’agissait de la toute première étude multicentrique sur le SPT menée en Amérique du Nord.
«Nous avons été fort surpris de constater qu’un syndrome post-thrombotique est survenu chez jusqu’à 43% de ces patients, et qu’il était d’intensité modérée ou grave chez le tiers d’entre eux», a mentionné la Dre SusanR.Kahn, chercheure de À¦°óSMÉçÇø et auteure principale de l’étude. «Ce syndrome se caractérise par une douleur et une enflure persistantes aux jambes et, dans les cas les plus graves, par la formation d’ulcères douloureux très difficiles à traiter.
«Contrairement à la croyance populaire, la TVP ne frappe pas seulement les personnes âgées, mais bien les adultes de tous âges», a expliqué la Dre Kahn, professeure agrégée à la Faculté de médecine de l’Université À¦°óSMÉçÇø, directrice de la Clinique sur la thrombose et directrice adjointe du Centre d’épidémiologie clinique et de recherche en santé publique de l’HGJ. «Les études ont démontré que l’apparition d’un syndrome post-thrombotique et de complications semblables entraîne une perte considérable de la capacité fonctionnelle, des arrêts de travail et une forte baisse de la qualité de vie chez les patients qui en sont victimes.»
En plus de documenter l’incidence du SPT, la Dre Kahn et ses collègues sont parvenus à cerner les facteurs de risque qui augmentent la susceptibilité de certains patients à ce syndrome comparativement à d’autres. Ainsi, l’équipe a découvert que les patients plus âgés, les patients qui avaient déjà subi un épisode de TVP ainsi que les patients qui présentaient de plus gros caillots sanguins au moment du diagnostic étaient exposés à un risque accru de SPT. En outre, elle a établi que ce risque était beaucoup plus élevé chez les patients qui éprouvaient toujours des symptômes aux jambes, un mois après le diagnostic et le traitement de l’épisode initial de TVP.
«Ces recherches permettent de croire que les médecins seraient en mesure de prédire si un patient est susceptible de souffrir d’un SPT chronique, dès le premier mois suivant le diagnostic de TVP», a précisé la Dre Kahn. «Nos résultats montrent que les protocoles de traitement actuels de la TVP en phase aiguë sont inefficaces pour prévenir les complications chroniques de la TVP, et mettent en évidence la nécessité d’approfondir les recherches sur la prévention et le traitement du SPT.»
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