Désamorçage de la « bombe à retardement » du cœur
Des chercheurs de À¦°óSMÉçÇø reconnaissent la protéine associée au syndrome du QT long mortel
Des chercheurs de l’Université À¦°óSMÉçÇø ont trouvé une protéine importante pour la compréhension d’une anomalie à la fois mystérieuse et souvent mortelle du système électrique du cÅ“ur connue sous le nom de syndrome du QT long, soit l’intervalle prolongé entre les sections Q et T de l’électrocardiogramme.
Dans le cadre d’une étude publiée le 15 juin dernier dans le Journal of Biological Chemistry, l’auteur responsable et aspirante au doctorat, Valerie Walker, l’auteur-ressource principal, le docteur Alvin Shrier, et certains de leurs collègues du Laboratoire de recherche en dynamique cardiaque du Département de physiologie ont signalé qu’une protéine appelée FKB38 pourrait jouer un rôle important dans l’apparition du syndrome du QT long héréditaire. Ce syndrome se retrouve sous deux formes élémentaires, soit un type génétique héréditaire et un type acquis en raison des effets secondaires engendrés par différents produits pharmaceutiques.
Connu sous le nom familier de « bombe à retardement dans la poitrine », le syndrome se manifeste généralement chez des enfants et de jeunes adultes par ailleurs en bonne santé, et peut causer une mort subite. Les femmes sont deux à trois fois plus susceptibles d’afficher des symptômes du syndrome du QT long et sont généralement les premiers membres de la famille à être diagnostiqués.
Dans les cellules du cœur chez les personnes en santé, des ions de potassium passent du noyau de la cellule à sa membrane externe par le biais du gène HERG, un « canal de potassium » spécialisé. À cet effet, le docteur Shrier présente l’analogie selon laquelle « les canaux de potassium sont comme des beignes qui flottent autour de la membrane cellulaire et les ions de potassium passent par le trou du beigne. Chez les personnes souffrant du syndrome du QT long, des gènes HERG ou, si vous préférez, ces beignes sont difformes et ne peuvent pas s’acquitter de leurs fonctions. C’est comme si ces « beignes » ne réussissaient jamais à sortir de l’huile de cuisson et étaient coincés dans l’équipement, empêchant la formation de canaux d’ions sur la surface des cellules. »
À ce jour, personne n’avait encore réussi à comprendre à fond comment le syndrome du QT long contribuait à la déformation du gène HERG. Valerie Walker et Alvin Shrier ont maintenant découvert que la protéine FKB38 est en fait un chaperonine, soit un acolyte génétique qui aide les gènes à prendre une forme appropriée. Ils ont aussi découvert que la protéine FKB38 aide les gènes HERG mutants difformes mais non touchés par le syndrome du QT long à prendre une forme convenable. Ceci semblerait indiquer que quelque chose pourrait bloquer l’intervention de la protéine FKB38 dans les cas de syndrome du QT long. Toutefois, le docteur Shrier a exprimé une mise en garde à l’effet qu’il s’agissait là d’étapes préliminaires dans le cadre d’un long processus en vue de mettre sur pied un traitement possible.
Selon la clinique Mayo et les chercheurs du Collège de médecine de l’Université de l’Illinois, le syndrome touche un Américain sur 5 000 à 7 000, et on lui attribue environ 4 000 décès par année aux États-Unis. Il arrive souvent que les personnes souffrant du syndrome n’en soient pas conscientes. Cependant, lorsqu’on en établit un diagnostic précoce, il se caractérise par un intervalle anormalement long entre les sections Q et T de l’électroencéphalogramme (EEG) d’un patient, d’où le nom du syndrome. Les personnes atteintes du syndrome du QT long sont susceptibles d’avoir des pulsations rythmiques cardiaques anormales, des évanouissements et, ce qui est surtout plus grave, des arythmies soudaines qui peuvent s’avérer fatales. Vers la fin de 2006, le joueur d’avant des Avalanche du Colorado, Steve Konowalchuk, s’est vu obligé de mettre fin à sa carrière d’hockey après avoir reçu un diagnostic de syndrome du QT long. L’année précédente, la photojournaliste faunique de renommée mondiale Windland « Wendy » Smith Rice est décédée à la suite d’une arythmie soudaine causée par le syndrome du QT long.
Le docteur Shrier a néanmoins souligné qu’il fallait agir avec prudence car ces découvertes, aussi exaltantes qu’elles soient, sont encore très préliminaires et il faudra encore beaucoup d’étapes avant de pouvoir éventuellement traiter le syndrome du QT long. Il a en effet indiqué que « nous ne connaissons pas encore tous les facteurs ou mécanismes en cause et c’est ce à quoi nous nous consacrons. Nous tentons de déterminer comment ces protéines interagissent, si elles interagissent avec d’autres canaux, quelles en sont les implications fonctionnelles pour les cellules et, éventuellement, quelle incidence cela pourrait avoir sur la fonction cardiaque. »