Bons communicateurs, meilleurs médecins
Les résultats d’un test en communication prédisent le nombre de plaintes de patients
Les médecins qui n’ont pas bien réussi leur examen d’aptitudes en communication font, beaucoup plus souvent que les autres, l’objet d’une plainte de la part d’un patient. C’est ce que révèle une récente étude dirigée par Robyn Tamblyn, de l’Université À¦°óSMÉçÇø, publiée dans le numéro du 5 septembre de la revue JAMA.
L’équipe de Mme Tamblyn a suivi 3 424 médecins autorisés à pratiquer au Québec et en Ontario, qui ont passé entre 1993 et 1996 l’examen en aptitudes cliniques administré par le Conseil médical du Canada. L’étude révèle qu’il existe une forte corrélation entre les résultats d’examen et les plaintes ultérieurement déposées par des patients.
« Les résultats de cet examen sont remarquablement prédictifs », déclare Mme Tamblyn, directrice scientifique de l’unité de recherche du Centre informatique clinique et de santé À¦°óSMÉçÇø. « On se croirait devant une réaction dose-réponse. Plus la note est élevée, moins il y a de plaintes. Et cela reste vrai, peu importe qu’il s’agisse d’une femme, d’un homme ou d’un diplômé étranger, et que l’on soit au Québec ou en Ontario. Le résultat est étonnamment concluant. »
Le Conseil médical du Canada a été le premier organe d’accréditation au monde à inclure, dans les années 1990, un test d’aptitudes en communication médecin-malade dans son processus d’accréditation à la profession médicale. Même si le test n’a pas été très bien accueilli au départ, les résultats de cette étude prouvent sa validité, selon Mme Tamblyn. « D’une certaine façon, c’est une bonne nouvelle pour le Canada, qui se pose comme un pionnier en la matière. » Les États-Unis ont institué un test du même genre en 2005, et Mme Tamblyn s’attend à des résultats comparables.
Parmi les 3 424 médecins étudiés, 1 116 plaintes ont été enregistrées, dont 696 ont été retenues après étude par les autorités compétentes. Les médecins dont les résultats à l’examen les classaient parmi les 25 % plus faibles étaient susceptibles de faire l’objet de ces plaintes d’une façon tout à fait disproportionnée, puisque l’étude leur attribue 170 plaintes de plus que le nombre normalement prévu par les statistiques.
« La bonne nouvelle, c’est qu’il est possible d’effectuer ce genre d’évaluation beaucoup plus tôt et d’améliorer de ce fait le lot des médecins et des malades », déclare Mme Tamblyn. « On pourrait même l’intégrer au processus d’admission des écoles de médecine. Nous avons besoin de médecins qui savent communiquer, et la sélection devrait se faire non pas uniquement sur la base du quotient intellectuel, mais aussi du quotient émotionnel. »
Il est possible de consulter un résumé de l’étude .