À¦°óSMÉçÇø

Votre prochain divan livré dans une boîte

Les désagréments des déménagements poussent un diplômé ayant la fibre entrepreneuriale à fonder son entreprise de divans

Pour de nombreux étudiants mcgillois, déménager dans un nouvel appartement ou aider un ami à déménager est pour ainsi dire un rite de passage. La tâche la plus difficile est presque toujours de manœuvrer un divan lourd dans un passage étroit et des escaliers abrupts.

« Il y a beaucoup de petits escaliers et corridors dans le ghetto À¦°óSMÉçÇø, alors c’était toujours pénible », explique Frédéric Aubé (B.A. 2021). Le chef de la direction et fondateur de , première entreprise de commerce électronique canadienne à proposer des divans livrés dans des boîtes, a vécu plus d’un déménagement, et le transport du divan n’était jamais une partie de plaisir.

« Je me suis dit qu’il devait bien y avoir une solution à ce problème. C’est l’une des raisons qui m’ont poussé à créer Cozey. »

Les divans de Cozey sont abordables et faciles à assembler; aucun outil n’est requis. Ils sont aussi faciles à démonter, ce qui en simplifie grandement le déménagement.

Les clients ont le choix de neuf couleurs et peuvent commander gratuitement des échantillons. La livraison est gratuite et rapide : elle prend habituellement de trois à sept jours.

Les clients peuvent choisir une causeuse, un divan à quatre places ou l’un des sofas modulaires. Plus le divan est gros, plus le client reçoit de boîtes; chacune d’elles contient un des morceaux du divan.

Une entreprise qui a le vent dans les voiles

La jeune entreprise montréalaise connaît un début prometteur : elle a vendu 2 400 divans durant sa première année et, l’été dernier, elle a obtenu deux millions de dollars d’investisseurs privés. Cozey s’occupe de la conception et de la vente, mais externalise la fabrication, principalement en Chine.

Plus tôt cette année, Cozey a lancé une nouvelle marque appelée Nook. Dans ce cas, la fabrication est canadienne, le partenaire de production étant un fabricant québécois établi près de Montréal.

« C’était important pour nous d’offrir aussi à nos clients un produit fabriqué ici, précise le jeune entrepreneur. Notre objectif chez Nook sera toujours d’utiliser des matériaux de la plus haute qualité, comme du bois canadien et du cuir italien, pour offrir un produit haut de gamme à un prix quand même très raisonnable. »

Avant d’être entrepreneur, Frédéric Aubé était joueur de hockey. Défenseur pendant quatre saisons dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec, il a notamment eu comme coéquipiers Alex Barre-Boulet et Nico Hischier, tous deux aujourd’hui dans la LNH.

Frédéric Aubé ne se faisait pas d’illusions quant à ses perspectives de carrière dans le hockey. « Je savais que mes chances de jouer professionnellement étaient minces. » Durant la période où il jouait au hockey, il a commencé à s’intéresser à la finance. « J’ai lu quelques livres sur le sujet et j’ai su que c’était pour moi. J’ai alors voulu en apprendre plus. C’est un domaine très compétitif qui me rappelle le sport d’une certaine façon, ce que j’aime beaucoup. » Il a donc décidé d’entreprendre des études universitaires. « L’Université À¦°óSMÉçÇø était mon premier choix. » Il a fait une majeure conjointe en finance et en économie.

L’apport mcgillois

Frédéric Aubé estime que son passage à À¦°óSMÉçÇø a joué un rôle important en alimentant la réflexion qui l’a mené à créer Cozey.

« Mes études en finance ont élargi mes horizons : j’ai rencontré beaucoup de gens brillants avec qui j’ai discuté de mon idée pour Cozey, qui est née lors de ma quatrième session. J’ai ensuite commencé ma planification pendant la dernière année et demie de mes études. »

« Grâce aux professeurs du Département de sciences économiques – à leur façon de penser, d’aborder les problèmes –, j’ai appris à toujours aller plus loin, à ne tenir aucune réponse pour acquise et à toujours chercher à comprendre le pourquoi des choses. Mes professeurs et mes amis à À¦°óSMÉçÇø m’ont appris à poser les bonnes questions et à anticiper. »

Même s’il savait qu’il tenait une idée solide, Frédéric Aubé avoue avoir vécu quelques moments d’angoisse lors des débuts de Cozey; la perspective de lancer une entreprise en pleine pandémie l’inquiétait particulièrement.

« J’avais mon diplôme universitaire depuis trois mois, je n’avais aucune expérience professionnelle, et j’ai réussi à amasser deux millions de dollars. Les investisseurs estimaient que l’entreprise avait beaucoup de potentiel », raconte le diplômé mcgillois.

« Après le premier tour de financement, j’étais assez nerveux à la perspective de devoir répondre aux attentes. Il y avait tellement d’incertitude entourant la COVID. »

Un lancement en pleine pandémie

D’une certaine manière, la pandémie a donné un coup de pouce à l’entreprise. Les gens passaient beaucoup plus de temps à la maison et, ainsi, regardaient peut-être leurs meubles d’un œil plus critique. Il était beaucoup plus compliqué d’aller en magasin. Les gens se sont habitués à faire des achats en ligne, même pour de gros articles.

« J’ai créé une entreprise de meubles en ligne en pleine pandémie, à un moment où il n’était pas facile de se rendre en magasin et où tout le monde magasinait des meubles », fait remarquer Frédéric Aubé.

Mais ça n’a pas été sans difficulté.

« Parlez à n’importe qui de la chaîne d’approvisionnement mondiale et des problèmes de logistique », dit-il. Les coûts associés aux conteneurs d’expédition, par exemple, ont monté en flèche. Et les restrictions liées à la COVID-19 récemment imposées en Chine, où la collection originale de divans de Cozey est fabriquée, ont nui à la production.

Selon Frédéric Aubé, son équipe et lui ont fait la bonne chose durant les premiers mois d’existence de l’entreprise en résistant à la tentation d’être trop ambitieux.

« Je crois que nos stratégies de marketing, notre logistique et la gestion de notre croissance ont été excellentes. Nous ne nous sommes pas éparpillés. Nous nous sommes concentrés sur nos clients et notre produit. »

Puisque l’entreprise a commencé à exercer ses activités pendant la pandémie, elle n’a pas eu à changer son mode de fonctionnement comme l’ont fait des entreprises bien établies. « Nous sommes nés au beau milieu d’une pandémie, dit Frédéric Aubé. Pour nous, tout est hybride et tout le monde trouve cela normal. Ce sont les employés qui décident s’ils préfèrent venir au bureau ou travailler de la maison. »

Prochaine étape : le marché américain

La plupart des 35 employés de Cozey travaillent au siège social et au centre de distribution de Montréal. L’entreprise a également un centre de distribution à Vancouver.

Cozey offre depuis peu une collection d’accessoires, comme des coussins et des jetés, qui vont avec ses divans. Plus tard cette année, l’entreprise prévoit de commencer à vendre ses produits aux États‑Unis. À plus long terme, elle pourrait élargir sa gamme de produits en y ajoutant des meubles pour d’autres pièces de la maison.

« Nous avons encore tant à faire et je crois que nos investisseurs sont enthousiastes », se réjouit Frédéric Aubé.

« Et nous le sommes tout autant. »

(Mise à jour : La Caisse de dépôt et placement du Québec, société de gestion de fonds institutionnels, a annoncé le 21 juin 2022 un dans Cozey afin de soutenir l’entreprise, notamment en ce qui a trait au déploiement de son plan de développement stratégique aux États-Unis.)

Chris Chipello a contribué au présent article.

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