À¦°óSMÉçÇø

Enquête sur la fontaine des Trois Nus (The Three Bares)

Grâce à ses recherches, une étudiante de premier cycle fait la lumière sur les origines de la sculpture

Tara Allen-Flanagan, étudiante en histoire de l’art et en littérature de langue anglaise, a passé presque tout l’été dernier à éplucher des documents d’archives sur l’art. Son objectif : recueillir le plus de renseignements possible sur l’un des emblèmes du campus centre-ville de À¦°óSMÉçÇø : la fontaine des Trois Nus.

Ces trois hommes nus portant une vasque en terre font partie du paysage de À¦°óSMÉçÇø depuis des générations. Cela dit, les renseignements sur leurs origines sont presque aussi rares que leurs vêtements. Cette sculpture, officiellement intitulée The Friendship Fountain (La Fontaine de l’amitié), est l’œuvre de Gertrude Vanderbilt Whitney, une artiste dont le patronyme et la fortune célèbres ont parfois fait ombrage au talent.

Or, les documents de Mme Vanderbilt Whitney ont récemment été numérisés afin d’alimenter les archives sur l’art américain du Smithsonian Institute, et une exposition sur ses œuvres, la première depuis son décès en 1942, a eu lieu ce printemps à West Palm Beach. On peut dire qu’elle tombait à point.

En consultant des dossiers sans étiquette et en recoupant certaines correspondances, Tara Allen-Flanagan, lauréate d’une bourse de recherche et de stage de premier cycle en arts (ARIA), est parvenue à reconstituer l’histoire de l’œuvre. Partant de l’époque de sa création, la boursière a pu mettre la main sur les premières esquisses de la sculpture, « comme si elles étaient sorties de nulle part »!

Mme Allen-Flanagan a découvert que la sculpture avait d’abord été commandée pour un hôtel, le New Arlington, à Washington, qui ne fut jamais construit. Auguste Rodin lui-même donna à l’artiste son avis sur les esquisses qu’elle avait faites de la silhouette masculine principale, et la sculpture fut réalisée en 1913.

Au fil du temps, ce récit tomba dans l’oubli. Selon l’étudiante, au moment où la sculpture a été offerte à À¦°óSMÉçÇø, en 1931, « on a décrété que les trois hommes représentaient l’Angleterre, le Canada et les États-Unis unissant leurs forces pour porter sur leurs épaules le mortier fertile de la nation. La sculpture, d’abord destinée à un hôtel, a été produite en 1913, au moment où l’auteure étudiait la mythologie grecque ».

Gwendolyn Owens, directrice de la collection d’arts visuels de À¦°óSMÉçÇø, a supervisé les recherches de Mme Allen-Flanagan. « Je me doutais que Tara dénicherait quelques échanges épistolaires, mais pas autant de détails fascinants. C’est un récit compliqué que Tara a réussi à complexifier encore davantage avec ses trouvailles, en déduisant une foule de choses concernant ces esquisses. »

En partie grâce à sa solide expérience en recherche au sein du programme ARIA, Tara Allen-Flanagan suivra ce printemps un stage de conservation au Musée d’art moderne de New York.

Que se passe-t-il lorsqu’un étudiant ne se passionne pas pour son projet de recherche? Selon Gwendolyn Owens, cette prise de conscience peut avoir des effets positifs. Elle se souvient notamment d’une étudiante qui, après avoir passé des semaines à étudier la préservation d’un même objet, a compris qu’elle n’était pas faite pour la conservation d’œuvres d’art. Elle a donc décidé de se lancer en histoire.

ARIA est administré par le programme des stages de la Faculté des arts. « Contrairement aux étudiants en sciences de niveau supérieur, qui ont souvent l’occasion de travailler sur leur projet de recherche dans le laboratoire de leurs professeurs, les étudiants en arts ont rarement la chance de collaborer directement avec leurs professeurs », explique Anne Turner, directrice du programme de stages de la Faculté des arts.

Cet été, quelque 43 étudiants, répartis dans 18 départements et programmes, pourront se consacrer à leur projet de recherche grâce aux bourses ARIA.

Pour Anne Turner, c’est à l’ancien doyen de la Faculté des arts, Christopher Manfredi (aujourd’hui vice-principal exécutif et vice-principal aux études) que l’on doit la création du programme ARIA, en 2010. « Il a su repérer ce manque de possibilités pour les étudiants de premier cycle en arts, surtout pour ceux qui visent une carrière universitaire ». Le programme est financé en grande partie par des dons et par les subventions de recherche des professeurs participants, et reçoit également l’appui financier de l’Association étudiante de la Faculté des arts et du Fonds de développement du doyen de la Faculté des arts de À¦°óSMÉçÇø.

PHOTO : Tara Allen-Flanagan, étudiante en histoire de l’art et en littérature de langue anglaise. (CRÉDIT : Alex Tran)

Back to top