Ne serait-ce pas formidable si, en passant simplement votre téléphone au-dessus de vos mains, vous pouviez changer la couleur de vos ongles?
Ce jour n’est peut-être pas si loin grâce à la jeune pousse d’Alejandra Huerta, . Cette entreprise travaille à la mise au point d’ePolish, ongles artificiels nouveau genre faits de matériaux électroniques souples.
L’idée a germé en 2018 alors qu’Alejandra était doctorante de troisième année au Département de chimie. En quête d’un projet de recherche, elle a envisagé de changer la couleur de cosmétiques au moyen de matériaux organiques. « J’ai toutefois constaté assez rapidement que cette approche n’était sans doute pas la bonne », raconte-t-elle. N’empêche que l’idée a continué de lui trotter dans la tête. Le recours à l’électronique flexible a été évoqué lors d’une séance de remue-méninges avec sa sœur, ingénieure en informatique.
Émergence d’une jeune pousse
Comme le montre le parcours d’Alejandra, la curiosité en recherche peut ouvrir des voies professionnelles insoupçonnées. Cette trajectoire braque les projecteurs sur les programmes – d’ailleurs de plus en plus nombreux – que l’Université À¦°óSMÉçÇø offre à ses étudiants ayant l’esprit novateur et la fibre entrepreneuriale.
Alejandra a passé six ans dans le laboratoire du Pr Chao-Jun Li, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en chimie verte; cette partie de la chimie a pour objectif de réduire l’utilisation des produits et des procédés chimiques dommageables pour l’environnement.
Au cours des trois dernières années, Alejandra a fait son doctorat tout en demeurant en quête d’une solution pour marier cosmétiques et technologie. Le Pr Li l’a épaulée solidement, souligne-t-elle. « Il n’a jamais cessé de m’encourager, surtout pendant la pandémie, quand nous étions tous en télétravail. J’ai vraiment le sentiment qu’il a à cœur de soutenir l’entrepreneuriat. »
Grâce à une , qui permet aux chercheurs de À¦°óSMÉçÇø d’acquérir des compétences en gestion, Alejandra a pu suivre le programme de mini-MBA de la Faculté de gestion Desautels. Puis, dans le , elle a exploré la possibilité de donner vie à son idée en fondant une entreprise.
Coupe Dobson
En 2019, elle a participé au Microprogramme de démarrage d’entreprise du Centre Dobson de À¦°óSMÉçÇø avec sa sÅ“ur, Isabela Dominguez : les entrepreneures en herbe ont alors élaboré leur plan d’affaires. Puis, en 2020, elles sont arrivées en troisième place dans la catégorie « Entreprise innovante » de la Coupe Dobson, concours phare de démarrage d’entreprise de l’Université À¦°óSMÉçÇø.
Les 8 000 $ remportés dans la Coupe Dobson leur ont permis de constituer AIM Colours en société.
Pour obtenir des conseils techniques, elles se sont tournées vers Boris Vaisband, professeur adjoint de génie informatique et électrique à l’Université À¦°óSMÉçÇø, qui avait déjà fait de la conception de matériel pour plusieurs gros joueurs de la Silicon Valley. « Il nous a aidées à mettre en place les pièces du puzzle et à nous assurer que tout cela tenait la route », précise Alejandra. Grâce au Centre Engine de la Faculté de génie et à , organisme à but non lucratif qui donne des ailes à l’innovation canadienne, le Pr Vaisband et AIM Colours ont participé à deux projets de recherche jusqu’à maintenant.Â
AIM Colours était déjà une personne morale en bonne et due forme lorsque Alejandra a obtenu son doctorat, en août dernier. Après un voyage au Mexique en septembre – Alejandra n’avait pas vu sa famille depuis le début de la pandémie – elle est revenue à Montréal et, en octobre dernier, a plongé tête première dans l’entrepreneuriat à temps plein.
Par l’entremise de deux organismes canadiens – et – la jeune pousse a pu compter sur 30 étudiants stagiaires pour mettre au point son image de marque, son site Web et la maquette de son application. Et grâce à un programme de mentorat de l’Association des diplômées de l’Université À¦°óSMÉçÇø, Alejandra a profité des conseils d’un diplômé qui travaille dans l’industrie de la mode.
AIM met actuellement la dernière main à son prototype et espère lancer sa version d’essai au début de l’an prochain.
Les créneaux porteurs
Le produit pourrait trouver ses premiers adeptes chez les artistes et les mannequins. « La manucure est un incontournable pour ces personnes : c’est une question d’image, fait observer Alejandra. Ce serait notre premier créneau. »
Pendant une séance photos, par exemple, le mannequin porte un vernis à ongles assorti à chaque tenue. En pareil cas, l’utilisation d’ePolish pourrait se révéler plus pratique que la pose de faux ongles lors de chaque changement de vêtements.
En outre, le produit pourrait présenter un atout écologique : le vernis à ongles renferme des matières plastiques qui, lorsqu’il s’écaille ou est poncé, se retrouvent souvent dans le sol ou l’eau sous forme de microplastique, fait valoir Alejandra.
Pour commercialiser son produit, l’entreprise aura besoin de financement. C’est pourquoi elle a soumis sa candidature à ´¡³¦³¦Ã©±ôé°ù²¹³Ù±ð³Ü°ù X-1, programme de l’Université destiné aux jeunes pousses mues par une « impulsion de départ », la fameuse early traction. En participant à ce programme, nous pourrions « montrer aux investisseurs que notre technologie est solide et qu’elle tiendra ses promesses », explique Alejandra.
Parcours mcgillois
Alejandra a étudié au premier cycle à À¦°óSMÉçÇø en 2011 dans le cadre d’un échange étudiant avec son université, au Mexique. Quelques années plus tard, elle est revenue à À¦°óSMÉçÇø comme doctorante. Elle a alors suivi des cours à l’École d’éducation permanente pour parfaire son français, appris au secondaire.
Désireuse de partager sa passion de la chimie avec de vastes auditoires, Alejandra s’est jointe au groupe de vulgarisation scientifique du Département de chimie et a pu faire des démonstrations dans des écoles secondaires. Le consulat du Mexique à Montréal a eu vent de ces activités, si bien que de fil en aiguille, Alejandra a mis sur pied un programme permettant aux chercheurs mexicains de Montréal de faire valoir leurs talents au moyen de démonstrations en ligne.
Les aptitudes en communication sont, il va sans dire, indispensables en entrepreneuriat. Alejandra pense que ses années au laboratoire l’ont aidée à parfaire des compétences qui lui seront utiles dans sa vie professionnelle. « En fait, j’ai le sentiment que mes études doctorales m’ont appris à gérer mon temps et à faire de la recherche pour mon produit », ajoute-t-elle.
Le grand saut
Pour plonger à temps plein dans l’entrepreneuriat, Alejandra a dû aller chercher de nouvelles compétences. « J’ai acquis des habiletés complètement différentes simplement en faisant de la recherche de clients et en discutant avec d’éventuels investisseurs », précise-t-elle.
Pour Alexandra, la vie après les études, c’est à la fois une carrière qui a démarré en lion et un saut dans le vide. « C’est une belle expérience, dit-elle, mais c’est quand même stressant dans la mesure où il n’y a pas de garantie ni de sécurité. »
« Je me donne la chance de faire quelque chose qui me procure beaucoup de plaisir et qui me passionne. Et jusqu’à maintenant, ça marche rondement. Alors, je maintiens le cap. »